Elle venait de perdre sa maman. C'est une amie à elle qui m'a téléphoné. Voilà qu'elle me demandait d'animer les funérailles de sa mère .. dans une église! Prise de court devant son désarroi, j'ai accepté. Par sympathie. J'avais moins qu'une semaine pour organiser la cérémonie. Mon horaire a été bousculé, mais surtout mon cœur et mes repères.
Des funérailles en église, c'était le souhait de la défunte, une femme libre et avant-gardiste qui voulait du sacré ... sans les sacrements. Elle tenait aux violons, à l'orgue, aux grandes voix, au côté solennel et spirituel de l'église ... mais à une cérémonie majoritairement laïque.
Mais comment ouvrir les portes de la sainte institution lorsqu'on est une jeune femme, laïque de surcroît?
[...]
En réponse à notre société éclatée, individualiste et multiculturelle, on pige allègrement ici et là pour composer nos propres rituels.
Que vient-on y chercher? Une architecture qui nous élève et nous fait toucher à l'intangible. C'est l'un de nos rares lieux collectifs, qui nous rattachent à notre communauté et nous donnent l'impression d'appartenir à une tradition ancestrale. En ce sens, son pouvoir d'attraction est indéniable.
[...]
Fallait-il que ça se passe à l'église, me direz-vous? Comme le dit Raymond Lemieux, professeur retraité de la Faculté de théologie et de sciences religieuses à l'Université Laval, passer par l'église, «même quand on se pense incroyant, c'est pour beaucoup inscrire un état de fait dans une certaine tradition ... C'est un lieu dans lequel on cesse d'être seul, ne serait-ce que parce qu'il évoque les générations de ceux qui y sont passés, dans des circonstances semblables. »
En 1997, la cérémonie laïque tenue dans une église pour commémorer le décès de la comédienne Marie-Soleil Tougas a causé une petite commotion. Sous la houlette de Gregory Charles, les proches de la comédienne ont organisé des funérailles laiques qui laissaient davantage place à l'évocation de souvenirs. Au lieu du rituel catholique, on y a lu des poèmes, écouté du Ferland, du Brel*, du Ferré, chanté sur des airs de gospel.
Quel autre lieu collectif avons-nous? Le centre commercial? Alors, on se tourne quand même vers l'église au moment de passer les pieds devant. N'est-ce pas contradictoire alors qu'on n'y a pratiquement pas mis les pieds de notre vivant?
Ainsi, les funérailles civiques du peintre Jean- Paul Riopelle et du grand communicateur et indépendantiste Pierre Bourgault, qui ont eu lieu dans des lieux de culte consacrés, ont soulevé une fois de plus notre relation ambiguë avec la religion catholique. Si le signataire du Refus global n'avait pas choisi l'église (une décision prise par une proche, qui a suscité la controverse dans la famille), l'un de nos plus grands tribuns, pour sa part, a lui-même désigné la Basilique Notre-Dame dans ses dernières volontés. On a pu observer ce même paradoxe lors des funérailles de Claude Jutra* ou de Gaston Miron.
Mais comment ouvrir les portes de la sainte institution lorsqu'on est une jeune femme, laïque de surcroît?
[...]
En réponse à notre société éclatée, individualiste et multiculturelle, on pige allègrement ici et là pour composer nos propres rituels.
Que vient-on y chercher? Une architecture qui nous élève et nous fait toucher à l'intangible. C'est l'un de nos rares lieux collectifs, qui nous rattachent à notre communauté et nous donnent l'impression d'appartenir à une tradition ancestrale. En ce sens, son pouvoir d'attraction est indéniable.
[...]
Fallait-il que ça se passe à l'église, me direz-vous? Comme le dit Raymond Lemieux, professeur retraité de la Faculté de théologie et de sciences religieuses à l'Université Laval, passer par l'église, «même quand on se pense incroyant, c'est pour beaucoup inscrire un état de fait dans une certaine tradition ... C'est un lieu dans lequel on cesse d'être seul, ne serait-ce que parce qu'il évoque les générations de ceux qui y sont passés, dans des circonstances semblables. »
En 1997, la cérémonie laïque tenue dans une église pour commémorer le décès de la comédienne Marie-Soleil Tougas a causé une petite commotion. Sous la houlette de Gregory Charles, les proches de la comédienne ont organisé des funérailles laiques qui laissaient davantage place à l'évocation de souvenirs. Au lieu du rituel catholique, on y a lu des poèmes, écouté du Ferland, du Brel*, du Ferré, chanté sur des airs de gospel.
Quel autre lieu collectif avons-nous? Le centre commercial? Alors, on se tourne quand même vers l'église au moment de passer les pieds devant. N'est-ce pas contradictoire alors qu'on n'y a pratiquement pas mis les pieds de notre vivant?
Ainsi, les funérailles civiques du peintre Jean- Paul Riopelle et du grand communicateur et indépendantiste Pierre Bourgault, qui ont eu lieu dans des lieux de culte consacrés, ont soulevé une fois de plus notre relation ambiguë avec la religion catholique. Si le signataire du Refus global n'avait pas choisi l'église (une décision prise par une proche, qui a suscité la controverse dans la famille), l'un de nos plus grands tribuns, pour sa part, a lui-même désigné la Basilique Notre-Dame dans ses dernières volontés. On a pu observer ce même paradoxe lors des funérailles de Claude Jutra* ou de Gaston Miron.