Alfred Adler, né en 1934, est Directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (section en sciences religieuses). Spécialiste de populations au tchad, ses travaux de terrain et ses essais historiques ont marqué l'anthropologie politique et religieuse de l'Afrique noire. Il a publié : Le Bâton de l'aveugle chez Hermann, La Mort est le masque du roi chez Payot, ainsi que Le Pouvoir et l'Interdit chez Albin Michel.
Alfred Adler met «en abîme» le cycle court scandé par les cérémonies agraires et le cycle long correspondant aux étapes du règne. «Marqueurs du temps» du cycle de vie du roi, les fêtes éclairent aussi les relations que le roi entretient avec le peuple et les différentes instances de l'appareil d'État. Fêtes agraires, elles révèlent encore la nature cosmique du pouvoir royal. Ainsi, la «fête de la pintade», qui clôt le cycle annuel par une chasse collective, marque la«mort symbolique [ou réelle]» du souverain tout autant qu'elle se présente comme une fête pour la pluie.
À Léré comme ailleurs, le pouvoir cosmique du roi a pour corolaire sa mort. Le régicide est la conséquence de l'usure du pouvoir. Les Moundangs nous livrent la méthode: «c'est le crâne du père qui tue le fils». Il suffisait au fossoyeur de passer non loin du gôléré (roi de Léré) avec le crâne du prédécesseur pour que le roi succombe. Cette démarche s'accompagnait ou non de l'administration d'un poison. Être à part de son vivant, le roi mort subit un traitement non moins spécifique. Son cadavre stérilisant la terre, il faut le faire disparaître, mais non sans avoir prélevé la tête, symbole de la dynastie. Le corps est ébouillanté afin d'activer son pourrissement, puis enfermé dans une urne. Les os sont ensuite jetés dans une rivière en crue afin qu'ils soient évacués le plus loin possible Officiellement, le roi est enterré dans le bois sacré des masques; un mannequin de chiendent remplace son véritable cadavre. C'est au moment des funérailles du roi que la société lui confère, par la présence des masques, le statut d'homme qui lui a été refusé, lors de sa circoncision. Les za-tchou-tchou hurlant la devise rappellent au souverain sa condition mortelle: «La mort, la mort est le masque du roi!»
À Léré comme ailleurs, le pouvoir cosmique du roi a pour corolaire sa mort. Le régicide est la conséquence de l'usure du pouvoir. Les Moundangs nous livrent la méthode: «c'est le crâne du père qui tue le fils». Il suffisait au fossoyeur de passer non loin du gôléré (roi de Léré) avec le crâne du prédécesseur pour que le roi succombe. Cette démarche s'accompagnait ou non de l'administration d'un poison. Être à part de son vivant, le roi mort subit un traitement non moins spécifique. Son cadavre stérilisant la terre, il faut le faire disparaître, mais non sans avoir prélevé la tête, symbole de la dynastie. Le corps est ébouillanté afin d'activer son pourrissement, puis enfermé dans une urne. Les os sont ensuite jetés dans une rivière en crue afin qu'ils soient évacués le plus loin possible Officiellement, le roi est enterré dans le bois sacré des masques; un mannequin de chiendent remplace son véritable cadavre. C'est au moment des funérailles du roi que la société lui confère, par la présence des masques, le statut d'homme qui lui a été refusé, lors de sa circoncision. Les za-tchou-tchou hurlant la devise rappellent au souverain sa condition mortelle: «La mort, la mort est le masque du roi!»