Les rites funéraires sont conçus en fonction de la continuité de la vie de l'individu et de la communauté. Ils ont pour destinataire principal l'homme vivant.
À qui profite le rite? – Malgré leur disparité dans le temps et dans l’espace, les conduites funéraires obéissent à des constantes universelles. Leur finalité est double. En effet, au plan du discours manifeste, elles sont motivées par ce qu’elles apportent symboliquement au mort : par une série d’actions plus ou moins dramatiques, plus ou moins prolongées et parfois séparées par de longs intervalles, un lieu et des rôles lui sont assignés, en accord avec la continuité de la vie. Mais au plan du discours latent, même si le cadavre reste toujours le point d’appui des pratiques, le rituel ne prend en compte qu’un seul destinataire: l’homme vivant, individu ou communauté. Sa fonction fondamentale, inavouée peut-être, est de guérir et de prévenir, fonction qui revêt d’ailleurs de multiples visages : déculpabiliser, rassurer, réconforter, revitaliser. Socialement réglé, le rituel funéraire répond aux besoins de l’inconscient, prolongeant au plan de l’action, donc à travers les corps, les mécanismes de défense que l’imaginaire met en place pour composer avec la peur de la mort. Ces mécanismes sont si subtils qu’il est souvent difficile de saisir les désirs authentiques par-delà les détours de la symbolisation.