Robert Herz, né à Saint-Cloud le 22 juin 1881 et décédé le 13 avril 1915 à Marchéville (Meuse), est un anthropologue français, disiciple et ami de Marcel Mauss. Parmi ses publications figure Sociologie religieuse et folkore, avant-propos de Marcel Mauss (1928). Paris, PUF, 1970, regroupant entre autres: Contribution à une étude sur la représentation collective de la mort; et La Prééminence de la main droite. Étude sur la polarité religieuse. Dans Les anthropologues et la religion, André Mary consacre un chapitre à «La mécanique du mal et le mystère du pardon»(Paris, PUF, Quadrige, 2010, p. 25-54). À l'intérieur de ce chapitre, André Mary démontre comment chez Robert Herz la notion d'impureté est au coeur même des rites funéraires*. Une des fonctions du rituel funèbre c'est d'établir une séparation du cadavre impur de la personne décédée avec les proches et les autres vivants de la communauté.
D'un côté en effet l'impureté du cadavre, sa putréfaction et sa contagiosité, nuisent au sort de l'esprit ou de l'âme du mort: «le mort lui-même, à mesure que progresse la dessication de ses os, doit être délivré de l'infection mortuaire» (Hertz, 1970, p. 7; bien plus, «il faut exorciser le cadavre et le prémunir contre les démons» (ibid., p. 9), et surtout l'âme du défunt, si elle devait rester dans l'errance, serait dangereuse et doit donc être délivrée pour permettre aux vivants de retrouver la paix (ibid., p. 12-13). Mais de l'autre côté, si l'on peut dire, les vivants doivent être protégés des parents ou proches affectés par l'impureté d'un des leurs, «la souillure funèbre», et ceux-ci doivent aussi être libérés de leur «culpabilité*» par des rituels de deuil* appropriés. L'enjeu est donc, comme pour le pécheur, de «délier le mal», de défaire le lien entre les parents et le mort, et de refaire la vie. La conclusion est claire:
«Cette délivrance, cette réintégration [du mort dans la communauté des morts, des parents dans la communauté des vivants], constituent, nous l'avons vu, l'un des actes les plus solennels de la vie collective dans les sociétés les moins avancées que nous puissions atteindre» (1970, p. 72).
Comme le développe le philosophe Paul Ricoeur* dans son essai sur Le Mal (1996), la mort ou la maladie physique, la souffrance et la peine, et la faute ou le péché, sont des notions très proches qui appellent la délivrance. Le mal qu'est la mort est donc identifié ici à une impureté, à une souillure qui appelle une purification et une procédure de «délivrance». [...] La «délivrance» qu'appelle la mort vise en quelque sorte, selon l'expression de Jean Jamin, à «tuer le mort», et reste quand même fondée sur la disjonction et l'exclusion (Hertz, 1970, p. 72-73) pour rétablir une séparation ou une bonne distance entre les morts et les vivants.
«Cette délivrance, cette réintégration [du mort dans la communauté des morts, des parents dans la communauté des vivants], constituent, nous l'avons vu, l'un des actes les plus solennels de la vie collective dans les sociétés les moins avancées que nous puissions atteindre» (1970, p. 72).
Comme le développe le philosophe Paul Ricoeur* dans son essai sur Le Mal (1996), la mort ou la maladie physique, la souffrance et la peine, et la faute ou le péché, sont des notions très proches qui appellent la délivrance. Le mal qu'est la mort est donc identifié ici à une impureté, à une souillure qui appelle une purification et une procédure de «délivrance». [...] La «délivrance» qu'appelle la mort vise en quelque sorte, selon l'expression de Jean Jamin, à «tuer le mort», et reste quand même fondée sur la disjonction et l'exclusion (Hertz, 1970, p. 72-73) pour rétablir une séparation ou une bonne distance entre les morts et les vivants.