Le récit émouvant du désastre écologique de la mort de 1600 oiseaux en 2008 suivie de la mort de 300 oiseaux en 2010 dans le Nord de l'Alberta est fort significatif du point de vue symbolique et du point de vue éthique.
Récit d'un désastre écologique
Syncrude Canada estime désormais à 350 le nombre d'oiseaux migrateurs qui sont morts après s'être posés sur l'un de ses étangs toxiques dans le nord de l'Alberta.
Le président de ce géant des sables bitumineux en appelle aux scientifiques pour obtenir de l'aide afin que cette situation ne se reproduise plus.
Scott Sullivan a soutenu mercredi que Syncrude avait déployé l'intégralité de son système de canons sonores et d'autres mesures de dissuasion qui empêchent habituellement les canards et les autres oiseaux aquatiques de se poser dans l'eau toxique de ses bassins de décantation de sables bitumineux. Il a ajouté que des employés de la pétrolière avaient également utilisé des lance-fusées additionnels et des sirènes pour repousser les oiseaux, mais en vain.
M. Sullivan a indiqué que Syncrude travaillait avec le gouvernement de l'Alberta pour déterminer ce qui avait mal tourné, lundi, lorsque les volatiles se sont posés sur le bassin de Mildred Lake. La compagnie avait tout d'abord estimé que 125 oiseaux étaient morts.
Le ministre albertain de l'Environnement, Rob Renner, a qualifié les morts d'oiseaux de lundi de «décourageantes à l'extrême».
http://www.journalmetro.com/linfo/article/674817--350-oiseaux-morts-dans-le-nord-de-l-alberta
Or, la pétrolière Syncrude avait déjà été reconnue coupable de négligence pour la mort de 1600 canards dans un bassin de décantation de sables bitumineux près de Fort McMurray, à la fin avril 2008. Elle s'est entendue avec les procureurs de la Couronne pour payer 3 millions de dollars en pénalités. Près de la moitié de l'argent versé par Syncrude doit servir à financer un projet de recherche de l'Université de l'Alberta.
Syncrude avance que des précipitations de verglas seraient en cause. Dans un communiqué, la pétrolière mentionne que le verglas sur les canards rendait leurs déplacements aériens plus difficiles lundi soir et que certains se sont posés épuisés dans des bassins de décantation. D'ailleurs, selon le gouvernement, des oiseaux se seraient aussi posés sur des bassins de Suncor et de Shell. L'entreprise précise que près de 200 canards ont été trouvés sur le site et que plus de la moitié d'entre eux sont morts.
Selon la chercheuse Colleen Cassidy St-Clair, du département des sciences biologiques de l'Université de l'Alberta, les différents systèmes de dissuasion employés pourraient peut-être expliquer cet écart. Syncrude utilise des canons déclenchés à intervalles automatiques alors que Shell utilise des canons déclenchés par le mouvement, les plus efficaces. L'emplacement du bassin de Mildred Lake, situé tout près de la rivière Athabasca et bordé de végétation, pourrait aussi être en cause, selon elle. Mais elle affirme qu'il est certain que le verglas, la basse pression atmosphérique et le froid expliquent en partie l'incident.
http://www.radio-canada.ca/regions/alberta/2010/10/27/003-canards-morts-syncrude.shtml
«Mort d'oiseaux migrateurs. 3 millions de dollars et des excuses»
Mise à jour le vendredi 22 octobre 2010 à 14 h 29
Valeur symbolique du désastre
L'image de ces oiseaux dégoulinant de résidu de pétrole dans des eaux toxiques évoque la vulnérabilité de tout vivant dans l'écoumène, espace de convivialité partagée par les hommes et les bêtes. Ils vivent et révèlent dans leur agonie, qui aurait pu être évitée, la mort annoncée de toute la planète-terre soumise à une exploitation à la fois froidement rationnelle et cruelle, mais dont est absente toute sensibilité éthique.
Jugement éthique
En premier lieu, des oiseaux ont souffert, leur douleur aurait pu être prévenue si toutes les précautions avaient été prises pour éviter la mort de 2 000 êtres vivants cherchant un endroit approprié pour s'héberger et séjourner.
Leur mort affecte tout l'écosystème, habitat qui abrite humains, faune et flore. Les effets de l'exploitation des sables bitumineux sont néfastes et créent des dommages à la nature et à la vie sur terre dont l'avenir dira la gravité.
Ce désastre est une leçon pour les industries, les gouvernements et pour nous tous en fonction du bien vivre ou de la vie bonne, de la convivialité de demain. L'industrie pétrolière devra être graduellement éliminée et remplacée par des industries non polluantes et moins dommageables à la santé. La recherche d'alternatives aux modes de transport privé et public devra être poussée plus loin et subventionnée par l'État et les compagnies. On pourra déjà immédiatement dès aujourd'hui promouvoir davantage les politiques du co-voiturage, du transport en commun, de la proximité du lieu de vie avec le lieu du travail, une production proportionnée et ajustée aux besoins légitimes de la population locale et aux échanges commerciales entre les nations en tenant compte des peuples en souffrance ou en émergence.
Mais il faudra inventer non seulement des nouveaux modèles d'économie plus appropriés à la vie de l'écoumène, mais aussi de nouveaux style de vie bonne moins consommatrice et moins individualiste , mais plus généreusement ouverte à autrui. La transformation de l'économie, moins avide du gain mais plus soucieuse du partage équitable des ressources ne se fera pas sans transformation de la culture. Les mentalités doivent changer, un nouvel ethos doit être créé où économie et écologie, nature et humanité, rationalité et sensibilité, industrie et préservation de la vie des espèces, esthétique et éthique soient réconciliées.
Il ne s'agit pas seulement d'un rêve, mais de la quête d'un avenir, de l'advenir d'un autre monde ou d'un monde en devenir qui doit être anticipé dès aujourd'hui par des actions concrètes et des initiatives de la part de l'État, des organismes, des scientifiques, des gens d'affaires, des ouvriers, des artistes, des artisans et des citoyens.
Syncrude Canada estime désormais à 350 le nombre d'oiseaux migrateurs qui sont morts après s'être posés sur l'un de ses étangs toxiques dans le nord de l'Alberta.
Le président de ce géant des sables bitumineux en appelle aux scientifiques pour obtenir de l'aide afin que cette situation ne se reproduise plus.
Scott Sullivan a soutenu mercredi que Syncrude avait déployé l'intégralité de son système de canons sonores et d'autres mesures de dissuasion qui empêchent habituellement les canards et les autres oiseaux aquatiques de se poser dans l'eau toxique de ses bassins de décantation de sables bitumineux. Il a ajouté que des employés de la pétrolière avaient également utilisé des lance-fusées additionnels et des sirènes pour repousser les oiseaux, mais en vain.
M. Sullivan a indiqué que Syncrude travaillait avec le gouvernement de l'Alberta pour déterminer ce qui avait mal tourné, lundi, lorsque les volatiles se sont posés sur le bassin de Mildred Lake. La compagnie avait tout d'abord estimé que 125 oiseaux étaient morts.
Le ministre albertain de l'Environnement, Rob Renner, a qualifié les morts d'oiseaux de lundi de «décourageantes à l'extrême».
http://www.journalmetro.com/linfo/article/674817--350-oiseaux-morts-dans-le-nord-de-l-alberta
Or, la pétrolière Syncrude avait déjà été reconnue coupable de négligence pour la mort de 1600 canards dans un bassin de décantation de sables bitumineux près de Fort McMurray, à la fin avril 2008. Elle s'est entendue avec les procureurs de la Couronne pour payer 3 millions de dollars en pénalités. Près de la moitié de l'argent versé par Syncrude doit servir à financer un projet de recherche de l'Université de l'Alberta.
Syncrude avance que des précipitations de verglas seraient en cause. Dans un communiqué, la pétrolière mentionne que le verglas sur les canards rendait leurs déplacements aériens plus difficiles lundi soir et que certains se sont posés épuisés dans des bassins de décantation. D'ailleurs, selon le gouvernement, des oiseaux se seraient aussi posés sur des bassins de Suncor et de Shell. L'entreprise précise que près de 200 canards ont été trouvés sur le site et que plus de la moitié d'entre eux sont morts.
Selon la chercheuse Colleen Cassidy St-Clair, du département des sciences biologiques de l'Université de l'Alberta, les différents systèmes de dissuasion employés pourraient peut-être expliquer cet écart. Syncrude utilise des canons déclenchés à intervalles automatiques alors que Shell utilise des canons déclenchés par le mouvement, les plus efficaces. L'emplacement du bassin de Mildred Lake, situé tout près de la rivière Athabasca et bordé de végétation, pourrait aussi être en cause, selon elle. Mais elle affirme qu'il est certain que le verglas, la basse pression atmosphérique et le froid expliquent en partie l'incident.
http://www.radio-canada.ca/regions/alberta/2010/10/27/003-canards-morts-syncrude.shtml
«Mort d'oiseaux migrateurs. 3 millions de dollars et des excuses»
Mise à jour le vendredi 22 octobre 2010 à 14 h 29
Valeur symbolique du désastre
L'image de ces oiseaux dégoulinant de résidu de pétrole dans des eaux toxiques évoque la vulnérabilité de tout vivant dans l'écoumène, espace de convivialité partagée par les hommes et les bêtes. Ils vivent et révèlent dans leur agonie, qui aurait pu être évitée, la mort annoncée de toute la planète-terre soumise à une exploitation à la fois froidement rationnelle et cruelle, mais dont est absente toute sensibilité éthique.
Jugement éthique
En premier lieu, des oiseaux ont souffert, leur douleur aurait pu être prévenue si toutes les précautions avaient été prises pour éviter la mort de 2 000 êtres vivants cherchant un endroit approprié pour s'héberger et séjourner.
Leur mort affecte tout l'écosystème, habitat qui abrite humains, faune et flore. Les effets de l'exploitation des sables bitumineux sont néfastes et créent des dommages à la nature et à la vie sur terre dont l'avenir dira la gravité.
Ce désastre est une leçon pour les industries, les gouvernements et pour nous tous en fonction du bien vivre ou de la vie bonne, de la convivialité de demain. L'industrie pétrolière devra être graduellement éliminée et remplacée par des industries non polluantes et moins dommageables à la santé. La recherche d'alternatives aux modes de transport privé et public devra être poussée plus loin et subventionnée par l'État et les compagnies. On pourra déjà immédiatement dès aujourd'hui promouvoir davantage les politiques du co-voiturage, du transport en commun, de la proximité du lieu de vie avec le lieu du travail, une production proportionnée et ajustée aux besoins légitimes de la population locale et aux échanges commerciales entre les nations en tenant compte des peuples en souffrance ou en émergence.
Mais il faudra inventer non seulement des nouveaux modèles d'économie plus appropriés à la vie de l'écoumène, mais aussi de nouveaux style de vie bonne moins consommatrice et moins individualiste , mais plus généreusement ouverte à autrui. La transformation de l'économie, moins avide du gain mais plus soucieuse du partage équitable des ressources ne se fera pas sans transformation de la culture. Les mentalités doivent changer, un nouvel ethos doit être créé où économie et écologie, nature et humanité, rationalité et sensibilité, industrie et préservation de la vie des espèces, esthétique et éthique soient réconciliées.
Il ne s'agit pas seulement d'un rêve, mais de la quête d'un avenir, de l'advenir d'un autre monde ou d'un monde en devenir qui doit être anticipé dès aujourd'hui par des actions concrètes et des initiatives de la part de l'État, des organismes, des scientifiques, des gens d'affaires, des ouvriers, des artistes, des artisans et des citoyens.