Dans la nouvelle, intitulée L'Étalon, D. H. Lawrence décrit la jument appelée St. Mawr, pour ainsi dire, comme une figure mythique des forces obscures qui gouvernent la nature sauvage. Le combat entre Éros (vie) et Thanatos (mort) personnifié dans un cheval en compagnie de qui des hommes, mais surtout des femmes révèlent le libre pouvoir et l'ardeur tourmentée de leurs désirs et de leurs pulsions et dévoilent en même temps la finitude de leurs promesses de vie et la douleur d'exister. St-Mawr semblait sortir du monde des ténèbres comme un mystère inaccessible à la fois terrifiant et attrayant, souverain et menaçant.
D. H. Lawrence, L'Étalon (St.Mawr), roman traduit de l'anglais en français par Marc Amfreville et Anne Wicke, Phébus, « d'aujourd'hui étranger », 2006
Extraits
- Est-il capable de jouer de mauvais tours ? demanda-t-elle.
- Non pas que je sache, lady Carrington. Pas vraiment de mauvais tours. Mais il a son caractère, comme on dit. Quoique au fond, à mon avis, chaque cheval ait le sien. Mais celui-ci, c'est un peu comme s'il avait une plaie à vif. Touchez cette plaie, et on ne plus répondre de lui.
Où a-t-il une plaie ? demanda Lou qui n'avait pas très bien compris et pensait à une blessure physique.
- Ah, c'est difficile à dire, lady Carrington. Si c'était un être humain, je dirais qu'il lui est arrivé quelque chose. Mais avec un cheval, ce n'est pas tout à fait pareil, pas exactement. Un animal de race commune St. Mawr a besoin de compréhension, et personne, je crois, n'a réussi à le connaître vraiment. Même pas moi, je dois vous l'avouer. Mais je sais que ce n'est pas un animal comme les autres; il a besoin d'être traité différemment, et je voudrais bien qu'il n'ait ce qu'il lui faut, si seulement je savais quoi!
Elle regarda l'éblouissant cheval fauve qui se tenait là, les oreilles rabattues, la tête inclinée, mais réceptif comme un paratonnerre. C'est un étalon. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle eut encore plus peur de lui (o.c., p. 24).
..............
Ce cheval la hantait. Il l'avait regardée comme personne ne l'avait jamais fait: avec des yeux terribles, luisants, dans l'ombre où brûlait le feu de son grand corps fauve. Que signifiait donc tout cela, et quel sort lui avait-il jeté? Elle sentait que son coeur avait été frappé d'interdit : un inquiétant pouvoir s'exerçait sur elle, qu'elle n'osait ni ne pouvait comprendre.
À tout instant, au fond de sa conscience, une gigantesque et terrifiante silhouette se détachait de l'obscurité : St.Mawr la regardait sans vraiment la voir, et pourtant, de ses grands yeux terribles, lui lançait une question, une menace, une malédiction. Il semblait le funeste maître du destin (o.c., 27).
..............
Elle sentait que le feu brûlant qui animait St,Mawr venait d'un autre univers, que celui de Rico ou le nôtre. Peut-être les antiques chevaux grecs avaient-ils vécu dans le monde St.Mawr; peut-être les vieux héros grecs et jusqu'à Hippolyte, l'avaient-ils connu.Document('Artemis--Artemis_et_Hippolyte_par_Jean-Pierre_Vernant')
Leur noble tête étrangement nue dressée comme un serpent, la bouche en avant irritables et dangereux, ils se mouvaient dans un crépuscule préhistorique où tout semblait une fantasmagorie menaçante d'apparitions soudain surgies de la matrice de l'univers. dans ce monde très ancien, à la puissance surnaturelle, le cheval était vif, fier et souverain, indompté et inaccessible. « Il faut aller un peu vers lui », avait dit Lewis. Mais même franchir ne fût ce qu'une petite partie de la distance séparant notre monde humain et ce terrible crépuscule animal ne représentait pas une mince affaire. C'était un chemi, elle le savait, que Rico [son mari] ne ferait jamais. Elle le savait. Mais elle était prête à sacrifier Rico (o.c., p. 32-33).
...............
Seul St. Mawr lui faisait entrevoir une possibilité de fuite. Il était si puissant, si dangereux. Dans ses yeux sombres, aux pupilles brunes et ombrageuses, brûlait un feu obscur dissimulé derrière une nuée, comme un monde au-delà de notre monde; une secrète vitalité y brillait, et au coeur même du brasier étincelant une nouvelle sagesse. Elle en était sûr, même lorsqu'il rabattait les oreilles et montrait les dents et que ses grands yeux dardaient de sa tête nue; alors elle voyait d'innombrables démons s'agiter, fébriles, dans son regard effrayant.
Pourquoi lui apparaissait-il comme un univers vivant où elle souhaitait se réfugier? Quand il rejetait la tête en arrière et que, telle une harpe éolienne, un hennissement montait des profondeurs de sa poitrine, elle croyait entendre les échos d'un monde plus sombre, plus vaste, plus cruel et plus splendide que le nôtre, loin devant elle. Et c'était là qu'elle voulait aller (o.c., p. 40-41).
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Étalon ambre
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Extraits
- Est-il capable de jouer de mauvais tours ? demanda-t-elle.
- Non pas que je sache, lady Carrington. Pas vraiment de mauvais tours. Mais il a son caractère, comme on dit. Quoique au fond, à mon avis, chaque cheval ait le sien. Mais celui-ci, c'est un peu comme s'il avait une plaie à vif. Touchez cette plaie, et on ne plus répondre de lui.
Où a-t-il une plaie ? demanda Lou qui n'avait pas très bien compris et pensait à une blessure physique.
- Ah, c'est difficile à dire, lady Carrington. Si c'était un être humain, je dirais qu'il lui est arrivé quelque chose. Mais avec un cheval, ce n'est pas tout à fait pareil, pas exactement. Un animal de race commune St. Mawr a besoin de compréhension, et personne, je crois, n'a réussi à le connaître vraiment. Même pas moi, je dois vous l'avouer. Mais je sais que ce n'est pas un animal comme les autres; il a besoin d'être traité différemment, et je voudrais bien qu'il n'ait ce qu'il lui faut, si seulement je savais quoi!
Elle regarda l'éblouissant cheval fauve qui se tenait là, les oreilles rabattues, la tête inclinée, mais réceptif comme un paratonnerre. C'est un étalon. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle eut encore plus peur de lui (o.c., p. 24).
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Ce cheval la hantait. Il l'avait regardée comme personne ne l'avait jamais fait: avec des yeux terribles, luisants, dans l'ombre où brûlait le feu de son grand corps fauve. Que signifiait donc tout cela, et quel sort lui avait-il jeté? Elle sentait que son coeur avait été frappé d'interdit : un inquiétant pouvoir s'exerçait sur elle, qu'elle n'osait ni ne pouvait comprendre.
À tout instant, au fond de sa conscience, une gigantesque et terrifiante silhouette se détachait de l'obscurité : St.Mawr la regardait sans vraiment la voir, et pourtant, de ses grands yeux terribles, lui lançait une question, une menace, une malédiction. Il semblait le funeste maître du destin (o.c., 27).
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Elle sentait que le feu brûlant qui animait St,Mawr venait d'un autre univers, que celui de Rico ou le nôtre. Peut-être les antiques chevaux grecs avaient-ils vécu dans le monde St.Mawr; peut-être les vieux héros grecs et jusqu'à Hippolyte, l'avaient-ils connu.Document('Artemis--Artemis_et_Hippolyte_par_Jean-Pierre_Vernant')
Leur noble tête étrangement nue dressée comme un serpent, la bouche en avant irritables et dangereux, ils se mouvaient dans un crépuscule préhistorique où tout semblait une fantasmagorie menaçante d'apparitions soudain surgies de la matrice de l'univers. dans ce monde très ancien, à la puissance surnaturelle, le cheval était vif, fier et souverain, indompté et inaccessible. « Il faut aller un peu vers lui », avait dit Lewis. Mais même franchir ne fût ce qu'une petite partie de la distance séparant notre monde humain et ce terrible crépuscule animal ne représentait pas une mince affaire. C'était un chemi, elle le savait, que Rico [son mari] ne ferait jamais. Elle le savait. Mais elle était prête à sacrifier Rico (o.c., p. 32-33).
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Seul St. Mawr lui faisait entrevoir une possibilité de fuite. Il était si puissant, si dangereux. Dans ses yeux sombres, aux pupilles brunes et ombrageuses, brûlait un feu obscur dissimulé derrière une nuée, comme un monde au-delà de notre monde; une secrète vitalité y brillait, et au coeur même du brasier étincelant une nouvelle sagesse. Elle en était sûr, même lorsqu'il rabattait les oreilles et montrait les dents et que ses grands yeux dardaient de sa tête nue; alors elle voyait d'innombrables démons s'agiter, fébriles, dans son regard effrayant.
Pourquoi lui apparaissait-il comme un univers vivant où elle souhaitait se réfugier? Quand il rejetait la tête en arrière et que, telle une harpe éolienne, un hennissement montait des profondeurs de sa poitrine, elle croyait entendre les échos d'un monde plus sombre, plus vaste, plus cruel et plus splendide que le nôtre, loin devant elle. Et c'était là qu'elle voulait aller (o.c., p. 40-41).
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Étalon ambre
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