Étudiant en droit et philosophie à l'université de Saint-Pétersbourg, Érchov(1815-1869) écrit un conte en vers, «Le petit cheval bossu», qui le rendra populaire lorsqu'il sera imprimé en 1834. Cet homme d'une seule oeuvre a su insuffler à ce long poème un ton et un humour authentiques. Les animaux sont des figures littéraires qui symbolisent admirablement bien les sentiments moraux des humains.
[...]
En approchant de l'océan
Petit Cheval dit à Yvan:
«Ivanouchka, tu vois
La clairière, dans trois
Minutes nous y parviendrons
Et mer-océan nous verrons;
Au travers d'elle couche
Un grand nombre farouche
Que l'on nomme poison-baleine;
Depuis dix ans subit sa peine
Sans savoir jusqu'à quand
Devra rester souffrant,
Ni comment obtenir pardon.
Il va te prier, mon garçon,
De demander sa grâce
Quand tu auras pris place
Dans la demeure du soleil.
Yvan, retiens ce bon conseil:
Promets-le lui à l'instant
Et surtout souviens-t'en.»
[...]
D'un bond petit cheval se porte
Sur sa queue, de toute sa force
Il crie: «O phénomène
Nommé poisson-baleine
Si tu souffres c'est parce que
Contre la volonté de Dieu,
Parmi les mers lointaines
Tu gobas trois dizaines
De beaux navires affrêtés.
Si tu leur rends la liberté
Dieu mettra fin sur l'heure
À toutes tes douleurs,
Toutes tes plaies seront guéries
Et d'une longue, longue vie
Sera récompensé.»
Ce discours prononcé
Il mord sa bride de métal,
S'élance vers le littoral
Qu'il atteint d'un seul saut.
Et voici qu'aussitôt
Le monstre s'agite et bascule
Sur le dos comme un monticule,
Remue toute la mer,
Puis sa gueule libère
L'un après l'autre les bateaux
Avec voiles et matelots.
[...]
Adapté par Charles Dobzynski
En approchant de l'océan
Petit Cheval dit à Yvan:
«Ivanouchka, tu vois
La clairière, dans trois
Minutes nous y parviendrons
Et mer-océan nous verrons;
Au travers d'elle couche
Un grand nombre farouche
Que l'on nomme poison-baleine;
Depuis dix ans subit sa peine
Sans savoir jusqu'à quand
Devra rester souffrant,
Ni comment obtenir pardon.
Il va te prier, mon garçon,
De demander sa grâce
Quand tu auras pris place
Dans la demeure du soleil.
Yvan, retiens ce bon conseil:
Promets-le lui à l'instant
Et surtout souviens-t'en.»
[...]
D'un bond petit cheval se porte
Sur sa queue, de toute sa force
Il crie: «O phénomène
Nommé poisson-baleine
Si tu souffres c'est parce que
Contre la volonté de Dieu,
Parmi les mers lointaines
Tu gobas trois dizaines
De beaux navires affrêtés.
Si tu leur rends la liberté
Dieu mettra fin sur l'heure
À toutes tes douleurs,
Toutes tes plaies seront guéries
Et d'une longue, longue vie
Sera récompensé.»
Ce discours prononcé
Il mord sa bride de métal,
S'élance vers le littoral
Qu'il atteint d'un seul saut.
Et voici qu'aussitôt
Le monstre s'agite et bascule
Sur le dos comme un monticule,
Remue toute la mer,
Puis sa gueule libère
L'un après l'autre les bateaux
Avec voiles et matelots.
[...]
Adapté par Charles Dobzynski