Madame est âgée, elle ne veut ni exposition, ni cérémonie et souhaite que son corps soit
inhumé dans un cimetière d’une autre région. Outre son mari, elle laisse dans le deuil un
animal de compagnie. Comme dernière volonté, elle demande que minou puisse la voir
une dernière fois dans son cercueil avant que l’on dispose de son corps.
Peut-on donner suite à cette demande ?
inhumé dans un cimetière d’une autre région. Outre son mari, elle laisse dans le deuil un
animal de compagnie. Comme dernière volonté, elle demande que minou puisse la voir
une dernière fois dans son cercueil avant que l’on dispose de son corps.
Peut-on donner suite à cette demande ?
Ça n’a pas de bons sens ! Jusqu’où ira-t-on ? Cette première réaction, naturelle en soi,
nous porte à réfléchir sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Quelles sont les
limites d’ordre éthique ? Risque-t-on d’ouvrir une porte sur des demandes farfelues?
Plusieurs questions se posent, les réponses ne sont pas toujours évidentes.
En Amérique du Nord, les animaux de compagnie ont une place importante au sein de la
communauté. Ils font « partie de la famille » comme disent plusieurs, et sont parfois
mieux traités que certains d’entre nous. Il suffit de voir la somme de produits que l’on
retrouve dans les animaleries ou dans les supermarchés. On dépense sans compter en frais
de vétérinaire, de nourriture de premier choix, de gâteries de toutes sortes. Or, il n’est pas
étonnant de voir apparaître de telles demandes au moment d’un décès. Est-ce acceptable
d’y donner suite?
Depuis toujours, les entreprises funéraires travaillent avec des humains diront certains.
Pourquoi accepterions-nous d’ouvrir nos portes à des animaux? Ce n’est pas notre
mandat et nous ne sommes pas équipés pour cela. C’est important de prendre le temps
d’explorer les avenues possibles avant de prendre position.
Dans un premier temps, il faut s’assurer que la demande ne soit pas préjudiciable aux
entreprises funéraires. Minette a beau faire partie de la famille, elle n’est pas pour autant
admise dans les restaurants. Pour toutes sortes de raison, sa présence n’est pas permise
dans des locaux publics. L’aspect sanitaire y est pour beaucoup, ainsi que les problèmes
liés aux allergies. Sans compter que culturellement parlant, cette pratique n’entre
généralement pas dans nos us et coutumes.
Cependant, dans un contexte de dernières volontés et d’adieu au défunt, y a-t-il moyen
d’aménager une façon de faire pour que l’événement puisse être envisageable? Pour cela,
il est suggéré d’aborder ce type de demandes de manière à accompagner la famille dans
une recherche de sens, puis de travailler ensemble à trouver des pistes de solutions. On
s’attardera donc au « pourquoi » la famille effectue une telle requête et au « pourquoi »
devrait-on y accéder ou non.
Tout d’abord, est-on obligé de répondre à toutes les demandes? Bien sûr que non.
Néanmoins, quand on se penche sur la raison d’être des funérailles, on s’aperçoit
rapidement que l’élément sens à donner est prioritaire. Et le lien qui unit un animal à son
maître mérite qu’on s’y attarde sérieusement. Il se peut que le besoin vienne du défunt
pour qui la présence de Minette apporte un certain apaisement devant la mort, ou encore
que celui-ci veuille simplement s’assurer que Minette cesse de l’attendre en comprenant
qu’il est mort. Mais, la demande peut aussi venir des proches pour qui Minette était si
près de son maître que sa présence devient incontournable, tout comme elle l’était dans
les moments de tous les jours. Tous unis dans une même souffrance.
Si, en tant qu’organisation, nous acceptons d’accompagner la quête de réconfort et de
sens qui, parfois, peut prendre des chemins inexplorés, il est toutefois primordial de
s’atteler au « comment », car c’est dans la scénarisation que le sens prendra forme.
Ainsi, en quoi l’offre de service proposée :
- Respectera le besoin exprimé par le défunt ou la famille?
- Sera porteuse de sens pour les personnes présentes?
- Sera acceptable culturellement?
- Sera empreinte de la dignité et du respect dû au défunt, à ses proches et à la
communauté?
Voici quelques pistes suggérées :
- Peut-on proposer que Minette assiste à la mise en terre?
- Peut-on s’assurer que Minette soit en laisse, et qu’elle soit accompagnée d’un
membre de la famille (adulte) qui en aura la responsabilité?
- Est-il possible de vérifier que Minette ne soit pas agressive ou effrayée? À la
rigueur, peut-on se réserver le droit de revenir sur son engagement si on le juge
opportun?
- Peut-on déléguer un employé qui est à l’aise avec les animaux pour encadrer
la présence de Minette?
- Y a-t-il moyen de faire entrer discrètement Minette par l’entrée de service,
avant ou après les heures de visites, afin de limiter son contact aux proches et
ainsi préserver l’opinion publique?
- Est-il raisonnable de croire qu’une brève visite de quelques minutes dans un
salon n’est pas suffisant pour encombrer l’environnement de particules
allergènes?
Peu importe les solutions mises de l’avant ou les limites imposées, il serait bien de
prendre le temps d’élaborer un protocole couvrant les différents aspects liés à la présence
d’un animal dans le déroulement des funérailles.
© Maryse Dubé
janvier 2012
nous porte à réfléchir sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Quelles sont les
limites d’ordre éthique ? Risque-t-on d’ouvrir une porte sur des demandes farfelues?
Plusieurs questions se posent, les réponses ne sont pas toujours évidentes.
En Amérique du Nord, les animaux de compagnie ont une place importante au sein de la
communauté. Ils font « partie de la famille » comme disent plusieurs, et sont parfois
mieux traités que certains d’entre nous. Il suffit de voir la somme de produits que l’on
retrouve dans les animaleries ou dans les supermarchés. On dépense sans compter en frais
de vétérinaire, de nourriture de premier choix, de gâteries de toutes sortes. Or, il n’est pas
étonnant de voir apparaître de telles demandes au moment d’un décès. Est-ce acceptable
d’y donner suite?
Depuis toujours, les entreprises funéraires travaillent avec des humains diront certains.
Pourquoi accepterions-nous d’ouvrir nos portes à des animaux? Ce n’est pas notre
mandat et nous ne sommes pas équipés pour cela. C’est important de prendre le temps
d’explorer les avenues possibles avant de prendre position.
Dans un premier temps, il faut s’assurer que la demande ne soit pas préjudiciable aux
entreprises funéraires. Minette a beau faire partie de la famille, elle n’est pas pour autant
admise dans les restaurants. Pour toutes sortes de raison, sa présence n’est pas permise
dans des locaux publics. L’aspect sanitaire y est pour beaucoup, ainsi que les problèmes
liés aux allergies. Sans compter que culturellement parlant, cette pratique n’entre
généralement pas dans nos us et coutumes.
Cependant, dans un contexte de dernières volontés et d’adieu au défunt, y a-t-il moyen
d’aménager une façon de faire pour que l’événement puisse être envisageable? Pour cela,
il est suggéré d’aborder ce type de demandes de manière à accompagner la famille dans
une recherche de sens, puis de travailler ensemble à trouver des pistes de solutions. On
s’attardera donc au « pourquoi » la famille effectue une telle requête et au « pourquoi »
devrait-on y accéder ou non.
Tout d’abord, est-on obligé de répondre à toutes les demandes? Bien sûr que non.
Néanmoins, quand on se penche sur la raison d’être des funérailles, on s’aperçoit
rapidement que l’élément sens à donner est prioritaire. Et le lien qui unit un animal à son
maître mérite qu’on s’y attarde sérieusement. Il se peut que le besoin vienne du défunt
pour qui la présence de Minette apporte un certain apaisement devant la mort, ou encore
que celui-ci veuille simplement s’assurer que Minette cesse de l’attendre en comprenant
qu’il est mort. Mais, la demande peut aussi venir des proches pour qui Minette était si
près de son maître que sa présence devient incontournable, tout comme elle l’était dans
les moments de tous les jours. Tous unis dans une même souffrance.
Si, en tant qu’organisation, nous acceptons d’accompagner la quête de réconfort et de
sens qui, parfois, peut prendre des chemins inexplorés, il est toutefois primordial de
s’atteler au « comment », car c’est dans la scénarisation que le sens prendra forme.
Ainsi, en quoi l’offre de service proposée :
- Respectera le besoin exprimé par le défunt ou la famille?
- Sera porteuse de sens pour les personnes présentes?
- Sera acceptable culturellement?
- Sera empreinte de la dignité et du respect dû au défunt, à ses proches et à la
communauté?
Voici quelques pistes suggérées :
- Peut-on proposer que Minette assiste à la mise en terre?
- Peut-on s’assurer que Minette soit en laisse, et qu’elle soit accompagnée d’un
membre de la famille (adulte) qui en aura la responsabilité?
- Est-il possible de vérifier que Minette ne soit pas agressive ou effrayée? À la
rigueur, peut-on se réserver le droit de revenir sur son engagement si on le juge
opportun?
- Peut-on déléguer un employé qui est à l’aise avec les animaux pour encadrer
la présence de Minette?
- Y a-t-il moyen de faire entrer discrètement Minette par l’entrée de service,
avant ou après les heures de visites, afin de limiter son contact aux proches et
ainsi préserver l’opinion publique?
- Est-il raisonnable de croire qu’une brève visite de quelques minutes dans un
salon n’est pas suffisant pour encombrer l’environnement de particules
allergènes?
Peu importe les solutions mises de l’avant ou les limites imposées, il serait bien de
prendre le temps d’élaborer un protocole couvrant les différents aspects liés à la présence
d’un animal dans le déroulement des funérailles.
© Maryse Dubé
janvier 2012