L'Encyclopédie sur la mort


Obsèques civiles de Piergiorgi Welby

Marcel Conche

Marcel Conche* introduit ainsi sa réflexion sur une question d'actualité: «Aujourd'hui sont célébrées les obsèques civiles de Piergiorgio Welby, mort le 20 décembre après qu'un médecin ait débranché le respirateur artificiel qui le retenait à la vie. Atteint de dystrophie musculaire et entièrement paralysé, il réclamait depuis des mois le "droit de mourir"». Ne s'agit-il pas dans ce cas de l'interruption légitime d'un traitement devenu inutile, insensé et insupportable et non pas d'une euthanasie au sens légal du terme? Des raisons politiques ont pesé plus lourd dans la balance que les raisons d'ordre religieux ou éthique. Cependant, l'argument de la primauté de la charité - concept très vaste et trop universelle - n'est crédible que si on l'entend dans le sens de la compassion*.
Ce droit [de mourir] ne lui avait pas été accordé par la justice et lui était refusé par l'Église. Pour l'Église, supprimer la vie, parce que insupportable à vivre par excès de douleur, constitue un meurtre attentatoire au respect dû au Créateur de la vie. Les obsèques religieuses sont donc refusées à Welby, tandis que les partis de droite et de centre-droit réclament une acion judiciaire contre le médecin coupable d'«homicide». Mais l'Église condamne l'acharnement thérapeutique, et la Constitution italienne reconnaît le «droit à refuser des soins». Aussi mon ami Santo Arcoleo me dit-il que l'on eût pu être moins intransigeant si on l'eut voulu, mais que les raisons politiques s'y opposaient. Welby s'étant signalé par ses positions radicales et étant soutenu par le parti radical de Marco Panella et Emma Bonino.

Mais que vient faire ici la politique? Welby, enfermé dans son corps comme dans une prison, ne pouvant ni respirer par lui-même ni parler, demande qu'on le délivre de son sarcophage. Mais Dieu seul est le maître de la vie, dit l'Église. Oublie-t-elle que, pour elle, mourir n'est pas comme pour Épicure*, cesser de vivre:c'est passer à une autre vie. Oublie-t-elle que dogme, profession de foi, sacrements, loi morale ou loi évangélique, respect formel des commandements, prière, que tout cela n'est rien si l'on n'a pas la charité? Car, dit saint Paul, «quand je connaîtrais tous les mystères et toutes les sciences, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, et je n'ai pas la charité (agapé), je ne suis rien» (1 Cor. 13, 2).
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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