L'Encyclopédie sur la mort


Euthanasie et intégrité

Marie-Luce Delfosse

 

 

Tous droits réservés - Nathalie Turgeon (2012)

 

« Marie-Luce Delfosse, Ph.D.,  Euthanasie et intégrité. Enjeux de la loi belge et relation médecin-patient : une réflexion éthique » dans L'aide médicale à mourir, Frontières, Vol 24, n°1-2, automne 2011-printemps 2012, p. 105-112.

Résumé

En 2002, la Belgique a adopté trois lois relatives respectivement à l'euthanasie, aux soins palliatifs et aux droits du patient. Ces lois étendent le champ de l'autonomie décisionnelle du patient. Cependant, s'agissant de l'euthanasie, ne convient-il pas de discerner, au-delà de l'autonomie, un enjeu éthique plus fondamental : l'intégrité morale non seulement du patient mais aussi du médecin? Tel est le fil conducteur de la réflexion menée ici. Celle-ci s'appuie principalement sur les analyses de l'identité et de l'éthique de Paul Ricoeur dans Soi-même comme un autre, et sur l'approche de la relation médecin-patient d'Henri Ey dans Naissance de la médecine. Ces références conjuguées permettent de proposer des repères éthiques en lien avec l'intégrité morale aux médecins confrontés à une demande d'euthanasie.

Mots-clés

autonomie, intégrité, identité, autrui.

Exergues

« La prise au sérieux de l'autonomie des patients de même que la volonté de mettre fin à l'insécurité juridique à laquelle étaient confrontés les médecins ont été des motifs déterminants en faveur de l'adoption d'une législation qui respecte les parties en présence et définisse leurs responsabilités naturelles ».

« Nœud de la problématque de l'intégrité morale, le soi suscite deux questions, se constitue-t-il par exclusion de l'autre ou par sa relation avec lui? »

« À ce niveau de relation, le médecin cesse d'être seulement médecin, il est aussi l'humain, à la fois semblable à son malade qui vit l'expérience de la maladie sur le regisre du désir et de l'angoisse, et en même temps différent de lui et devant le rester, interpellé par la plainte du malade, il doit y répondre non seulement techniquement mais aussi moralement, la fonction médicale est donc ambiguë : scientifique et technique à l'égard de la maladie, morale à l'égard du malade ».

« Au nom d'une conviction ferme et bien réfléchie, le patient peut dire : 'mon temps est accompli'. De son côté le médecin devrait pouvoir dire : 'Je suis en accord avec moi-même en satisfaisant à cette demande du patient parce que celle-ci exprime non seulement sa cohérence existentielle. mais aussi la mienne dans cette situation précise, avec lui en particulier ».

« Pour bon nombre de ceux - patients. médecins ou autres - qui sont confrontés, par la pratique ou la réflexion, aux questions que soulève la fin de vie, la possibilité de pratiquer l'euthanasie a transformé le rapport à la mort : celle-ci est devenue non seulement une étape de la vie qu'il importe de bien traverser, mais aussi une étape dont on peut parler plus sereinement, avec laquelle on peut apprendre à vivre .

 

 

Date de création:2012-10-19 | Date de modification:2012-10-29

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