Dans le cadre des Rencontres internationales de Genève (2003), durant le débat qui suivit la conférence de Monique Canto--Sperber sur «La vie humaine et la fragilité des raisons», Olivier Mongin évoque l'affaire Imbert en France. Il s'agit d'un garçon tétraplégique «qui a demandé à sa mère de le tuer. [...] Une intervention médicale a eu lieu et l'acharnement thérapeutique a suivi. Le jeune homme a fini par mourir.» Voici la réponse de Monique Canto-Sperber qui, d'une part, déplore le tournant public et spectaculaire qu'a pris cette affaire et qui, d'autre part, sembler s'opposer à la légalisation de l'euthanasie «sans restriction» en préférant la possibilité du recours à une règle d''exception: un acte singulier dans une situation singulière.
«Pour en venir au cas que tu as évoqué, que dire de plus? Je crois que tout a été dit. Il s'agit totalement d'un cas de vie examinée. Il s'agit d'un garçon qui était dans une situation de désarroi physique et personnel extrême, sans aucune possibilité d'avenir, condamné à un état excluant toute espèce d'amélioration. Je crois que c'est le fondement de la liberté* humaine que de pouvoir choisir, dans la mesure du possible, une mort qui soit à l'image de ce qu'on valorise dans la vie. C'est une chose qui me paraît fondamental.
Ce que j'ai déploré dans cette affaire, en revanche, c'est son caractère public et spectaculaire. Je garde un certain sens des tabous*. Pour moi, des décisions aussi graves sont prises dans l'intimité de la personne. Il se trouve que quand la personne ne peut rien faire pour les mettre en oeuvre, quelqu'un doit l'aider. Dans cette affaire, on se trouvait dans une situation extrême, où la mère se sentait dans l'obligation d'agir, par une sorte d'examen de la vie délégué du fils à sa mère, le fils étant arrivé à partager à cette dernière les raisons qui l'avaient conduit à considérer la mort comme la seule solution. J'imagine que si la mère a décidé de donner à l'affaire une grande résonance médiatique*, c'est pour éviter qu'il y ait des poursuites judiciaires, en tout cas pour qu'il n'y ait pas d'incrimination pénale. D'un point de vue personnel, je ne souhaite pas que le droit place ce genre de chose dans la catégorie des actes permissibles sans restriction. On a affaire à des situations tellement dramatiques, humainement, qu'elles doivent être réglées selon la singularité du cas, dans une concertation avec les personnes impliquées, y compris les médecins. Dans un cas aussi terrible que celui que tu as évoqué, il ne fait pas l'ombre d'un doute que ce qui devait être fait a été fait.
Note
Des pays, comme les Pays-Bas*, la Belgique* et le Luxembourg*, la législation sur l'euthanasie s'accompagne de tout un protocole de conditions requises qui évitent précisément un recours à des actes «permissibles sans restriction».
Ce que j'ai déploré dans cette affaire, en revanche, c'est son caractère public et spectaculaire. Je garde un certain sens des tabous*. Pour moi, des décisions aussi graves sont prises dans l'intimité de la personne. Il se trouve que quand la personne ne peut rien faire pour les mettre en oeuvre, quelqu'un doit l'aider. Dans cette affaire, on se trouvait dans une situation extrême, où la mère se sentait dans l'obligation d'agir, par une sorte d'examen de la vie délégué du fils à sa mère, le fils étant arrivé à partager à cette dernière les raisons qui l'avaient conduit à considérer la mort comme la seule solution. J'imagine que si la mère a décidé de donner à l'affaire une grande résonance médiatique*, c'est pour éviter qu'il y ait des poursuites judiciaires, en tout cas pour qu'il n'y ait pas d'incrimination pénale. D'un point de vue personnel, je ne souhaite pas que le droit place ce genre de chose dans la catégorie des actes permissibles sans restriction. On a affaire à des situations tellement dramatiques, humainement, qu'elles doivent être réglées selon la singularité du cas, dans une concertation avec les personnes impliquées, y compris les médecins. Dans un cas aussi terrible que celui que tu as évoqué, il ne fait pas l'ombre d'un doute que ce qui devait être fait a été fait.
Note
Des pays, comme les Pays-Bas*, la Belgique* et le Luxembourg*, la législation sur l'euthanasie s'accompagne de tout un protocole de conditions requises qui évitent précisément un recours à des actes «permissibles sans restriction».