Le texte, que Jean Calvin (1509-1564) commente, sonne ainsi: «Nous ne souhaitons pas, frères, que vous demeuriez plus longtemps dans l'ignorance au sujet de ceux qui s'endorment de leur dernier sommeil. Ne vous affligez pas comme le font ceux qui sont dépourvus de l'espérance! Puisque nous croyons que Jésus est mort et, de cette mort, s'est relevé, sachions que, par l'entremise de celui-ci, Dieu emmènera avec lui ceux qui se sont endormis.» (1 Thess., 4, 13-14)
mmentaire du verset
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En lieu de dire: les morts, il [saint Paul] dit ceux qui dorment, et les appellent ainsi, selon le commun usage de l'Écriture: par lequel mot l'aigreur ou l'âpreté de la mort est adoucie. Car il y a grande différence entre Dormir et Être du tout réduit à néant. Au reste, on doit rapporter ce dormir au corps, et non point à l'âme. Car le corps mort est couché dedans le sépulcre, comme dedans un lit, jusqu'à ce que Dieu ressuscite l'homme. Et pourtant ceux-là rêvent, qui delà recueillent que les âmes dorment. Nous entendons maintenant qu'elle est l'intention de saint Paul: à savoir qu'il élève les esprits des fidèles à considérer la résurrection, afin qu'ils ne lâchent point trop la bride à leur tristesse en la mort de leurs parents et amis; d'autant que certes ce serait une chose mal convenable, qu'ils ne fussent point différents des infidèles, qui ne peuvent mettre fin ni mesure à leur douleur, pour ce qu'ils n'aperçoivent et ne reconnaissent rien en la mort, que ruine et destruction. Ceux qui abusent de ce passage pour introduire et établir entre les Chrétiens cette façon tout étrange, que les Stoïciens* requéraient en l'homme, à savoir qu'il ne fût ému de douleur quelconque, mais qu'il fût comme de fer et stupide sans rien sentir, ne trouveront rien de semblable aux paroles de saint Paul. L'objection qu'ils font, à savoir qu'il ne faut point pleurer ni être tristes de la mort de nos parents et des amis, de peur de résister à Dieu, aurait lieu en toutes adversités; mais il y a grande différence entre Réprimer notre douleur, afin qu'elle soit sujette à Dieu, et S'endurcir comme une pierre, en rejetant tout sentiment humain. Il faut donc que la douleur des fidèles soit mêlée de consolation, qui les duise à patience. L'espérance de l'immortalité bienheureuse, laquelle est mère de patience, fera cela.» (Commentaires sur l'Écriture sainte)