La vie de Dion - 3e partie

Plutarque
XLV. Dion se retire à Léontium. – XLVI. Nypsius , capitaine de Denys, surprend Syracuse. - XLVII. La ville envoie prier Dion de venir à son secours. – XLVIII. Dion se dispose à partir pour Syracuse. - XLIX. Les soldats de Denys commettent d'horribles cruautés dans Syracuse. - L. Dion arrive devant la ville.- LI. Victoire de Dion sur les troupes de Denys. - LII. Réponse de Dion à ses amis qui lui conseillent de faire mourir Héraclide et Théodote. - LIII. Il pardonne à Héraclide, qui est nommé de nouveau amiral. – LIV. Nouvelles intrigues d'Héraclide contre Dion. – LV. Son entreprise pour chasser Dion. Le Lacédémonien Gésylus les réconcilie .- LVI. Le fils de Denys abandonne la citadelle. - LVII. Dion reprend sa femme arêté. – LVIII. Générosité et modestie de Dion. - LIX. Héraclide recommence ses intrigues. Dion consent à sa mort. - LX. Trame perfide de Callippus contre Dion. -LXI. Spectre qui apparaît à Dion. Mort de son fils. - LXII. Callippus rassure, par les plus forts serments, la femme et la sœur de Dion. – LXIII. Dion est tué par des soldats. Emprisonnement de sa femme et de sa sœur. –LXIV. Callippus est bientôt tué. LXV. Icétès fait mourir la femme et la sœur de Dion.M. Dacier place l’expulsion du jeune Denys par Dion à l'an du monde 3593, la 4e année de la 105e olympiade, l'an de Rome 390, 355 ans avant J.-C. . Les éditeurs d'Amyot renferment sa vie depuis la
première année de la 93e olympiade environ jusqu’à la 3e année de la 106e , 354 ans avant J.-C..
XLV. Les Léontins comblèrent Dion d'honneurs, prirent ses troupes à leur solde, et leur donnèrent le droit de bourgeoisie. Ils envoyèrent à Syracuse des ambassadeurs chargés de demander justice pour ces étrangers; et les Syracusains députèrent de leur côté vers les Léontins, pour accuser Dion. Tous les alliés s'assemblèrent dans la ville de Léontium; et, après avoir entendu les deux partis, ils donnèrent le tort aux Syracusains, qui, devenus fiers et insolents, parce qu'ils n'obéissaient plus à personne, et que leurs commandants eux-mêmes étaient leurs esclaves, refusèrent de s'en tenir au jugement des alliés. Cependant des galères envoyées par Denys, sous les ordres de Nypsius de Naples, pour porter du blé et de l'argent aux assiégés, arrivèrent à Syracuse. Dans le combat naval qui eut lieu à cette occasion, la victoire resta aux Syracusains, qui prirent quatre galères ennemies. L'ivresse de ce succès, et l'anarchie dans laquelle ils vivaient, leur inspirèrent tant de joie, qu'ils se livrèrent aux festins les plus licencieux, aux réjouissances les plus folles, et que, négligeant toutes les précautions de sûreté, au moment où ils se croyaient déjà maîtres de la citadelle, ils perdirent la ville.
XLVI. Nypsius, voyant que tous les quartiers de Syracuse étaient atteints de la même folie; que le peuple, depuis le matin jusque fort avant dans la nuit, n'avait fait que boire et danser au son de la flûte; que les magistrats eux-mêmes, partageant les plaisirs de ces assemblées tumultueuses, n'osaient donner aucun ordre à des hommes plongés dans l'ivresse, et ne pouvaient s'en faire obéir; Nypsius, dis-je, saisit habilement l’occasion; et, faisant donner l'assaut à la muraille qui enfermait la citadelle, il s'en rendit maître, en abattit une partie, et lâcha les Barbares dans la ville, avec ordre de traiter à leur gré, et comme ils pourraient, tous ceux qui leur tomberaient sous la main. Les Syracusains ne tardèrent pas à sentir leur danger; mais la frayeur où ils étaient les empêcha de remédier promptement au mal. La ville était véritablement au pillage; on massacrait les habitants; on détruisait les murailles; on emmenait dans la citadelle les femmes et les enfants, sans être touché de leurs gémissements et de leurs cris. Les magistrats ne pouvaient faire agir les Syracusains contre les ennemis, qui partout étaient confondus avec eux; et ils désespéraient de rétablir l'ordre dans la ville. Déjà le quartier de l'Achradine était menacé; et, dans une situation si critique, tout le monde pensait au seul homme en qui la ville pût mettre sa dernière espérance: mais personne n'osait le nommer, tant on avait honte de l'excès d'ingratitude et de démence auquel on s'était porté envers Dion. Enfin l'extrême nécessité où ils se trouvaient leur en faisant une loi, il s'éleva, du côté des alliés et de la cavalerie, une voix qui demanda le rappel de Dion et des troupes du Péloponnèse, qui étaient chez les Léontins.
XLVII. Dès que cette parole qu'on avait eu enfin le courage de prononcer eut été entendue, ce ne fut, de la part des Syracusains, qu'un cri unanime accompagné de larmes de joie; ils suppliaient les dieux de le leur renvoyer; ils témoignaient le plus grand désir de le revoir; ils se rappelaient son courage et son ardeur au milieu des périls, où son intrépidité les rendait eux-mêmes intrépides, et leur faisait affronter l'ennemi sans aucune crainte. Ils lui députèrent donc sur-le-champ deux des alliés, Archonides et Télésidès, et cinq cavaliers, au nombre desquels était Hellanicus. Ces députés, courant à toute bride, arrivent chez les Léontins avant la nuit; ils ont à peine mis pied à terre, que, se jetant aux genoux de Dion et fondant en larmes, ils lui exposent le danger où se trouve Syracuse. Déjà quelques Léontins et plusieurs d'entre les soldats du Péloponnèse, se doutant, à l'empressement de ces députés et à leur humble posture, qu'il était arrivé quelque chose d'extraordinaire, s'étaient rassemblés autour de Dion. Il mène aussitôt les députés à l'assemblée, où tout le peuple se rend avec ardeur; là, Archonides et Hellanicus exposent rapidement la grandeur de leurs maux, et conjurent les soldats étrangers de venir au secours de Syracuse, et d'oublier des injures dont le peuple de cette ville était plus rigoureusement puni que ne l'auraient désiré ceux même qu'il avait le plus maltraités.
XLVIII. Dès qu'ils eurent fini de parler, et qu'un silence profond régna dans tout le théâtre, Dion se leva; mais à peine il eut pris la parole, que les larmes qu'il répandit en abondance lui étouffèrent la voix. Les soldats étrangers, touchés de sa douleur, l'exhortèrent à la confiance. Enfin il se remit, et reprenant son discours: « Péloponnésiens, leur dit-il, et vous, nos alliés, je vous ai rassemblés ici, afin que vous délibériez sur ce qui vous concerne personnellement; car il me serait honteux de penser à moi quand Syracuse est au moment de périr. Si je ne puis la sauver, j'irai du moins me jeter au milieu des feux qui la consumeront, et m'ensevelir sous ses ruines. Pour vous, si vous daignez encore nous secourir, nous les plus imprudents et les plus malheureux des hommes, venez relever une ville qui est votre ouvrage. Que si les sujets de plainte que vous ont donnés les a Syracusains vous portent à les abandonner, je prie les dieux de vous récompenser dignement de la vertu et du zèle que vous m'avez précédemment témoignés. Souvenez-vous de Dion, qui ne vous a pas abandonnés quand ses concitoyens ont été injustes envers vous, et qui n'abandonne pas ses concitoyens quand ils sont dans l'infor-tune. » Il parlait encore, lorsque les troupes étrangères, s'étant levées, poussent de grands cris, et le pressent de les mener à l'instant même au secours des Syracusains. Les députés, pleins de recon-naissance, les serrent dans leurs bras, et leur souhaitent, ainsi qu'à Dion, tous les biens que les dieux peuvent accorder aux hommes. Quand le bruit eut cessé, Dion dit à ses soldats d'aller se préparer pour le départ, et, après qu'ils auraient pris leur repas, de revenir avec leurs armes dans ce même lieu, parce qu'il voulait partir la nuit même pour aller au secours des Syracusains.
XLIX. Cependant, à Syracuse, les généraux de Denys, après avoir fait pendant tout le jour le plus de mal qu'ils avaient pu, se retirèrent dans la citadelle à l'entrée de la nuit, avec perte de quelques uns des leurs. Alors les orateurs des Syracusains, reprenant confiance, dans l'espoir que les ennemis, contents des maux qu'ils leur avaient causés, se tiendraient tranquilles, conseillèrent aux habitants de ne plus penser à Dion, ou, s'il venait à leur secours avec ses troupes, de ne pas le recevoir, et de ne pas céder en courage à ces étrangers, comme s'ils étaient plus braves que les Syracusains; mais de ne devoir qu'à eux-mêmes le salut et la liberté de leur patrie. Les magistrats de Syracuse envoient donc de nouveaux députés à Dion pour le détourner de venir, tandis que le corps de la cavalerie et les principaux habitants en font partir d'autres pour presser sa marche. Ce fut un motif pour lui de la ralentir. La nuit était fort avancée lorsque les ennemis de Dion se saisirent des portes pour lui fermer l'entrée de la ville: mais Nypsius faisant sortir de la ville les soldats en plus grand nombre et plus ardents que la veille , ils achevèrent de détruire la muraille qui les en-fermait; de là, se répandant de tous côtés dans la ville, ils la mettent au pillage; ils égorgent non seulement les hommes, mais les femmes et les enfants; peu s'arrêtent à piller, tous les autres ne s'occupent
qu'à détruire. Denys, qui désespérait de son rétablissement, et qui avait voué aux Syracusains une haine, implacable, voulait en quelque sorte ensevelir la tyrannie sous les ruines de Syracuse. Les soldats, pour prévenir le secours de Dion, eurent recours au moyen de destruction le plus rapide, celui du feu; ils brûlaient avec des torches et des flambeaux tout ce qui était à leur portée, et lançaient des traits enflammés sur les maisons éloignées. Les Syracusains qui fuyaient pour éviter les flammes étaient arrêtés et égorgés dans les rues; ceux qui se réfugiaient dans les maisons en étaient chassés par les flammes; plusieurs édifices embrasés tombaient sur les passants, et les écrasaient.
L. Cet incendie, en ramenant tous les esprits à un même sentiment, ouvrit à Dion les portes de Syracuse. Dès qu' il avait su que les ennemis s'étaient renfermés dans la citadelle, il avait ralenti sa marche; mais le matin des cavaliers allèrent au-devant de lui pour l’informer de la seconde irruption que les troupes de Denys avaient faite dans la ville; et bientôt après, quelques uns même de ceux qui lui étaient opposés vinrent le prier de hâter sa marche. Comme le mal croissait à chaque instant, Héraclide lui dépêcha d’abord son frère, et ensuite son oncle Théodote, pour le supplier d'accourir à leur secours, parce que personne n'était plus en état de tenir contre l’ennemi, qu'il était lui-même blessé, et la ville presque ruinée et réduite en cendres. Dion était à soixante stades des portes de Syracuse lorsqu'il reçut ces nouvelles; il apprit à ses soldats le danger extrême où était Syra-cuse; et, après leur avoir donné ses ordres, il changea de pas, et les mena avec le plus de précipitation qu'il lui fut possible, pressé par les courriers qui venaient coup sur coup le prier d'avancer. Ses soldats montrèrent tant d'ardeur et firent une telle diligence, qu'il arriva très promptement aux portes, dans le quartier appelé Hécatompédon. Là il fit prendre les devants aux troupes légères, pour aller sur-le-champ attaquer l’ennemi, et rendre, par leur présence, le courage aux Syracusains. Il rangea lui-même en bataille son infanterie, et ceux qui venaient par troupes se joindre à lui; il les divisa en petits corps séparés, auxquels il donna de la profondeur, et mit à leur tête différents chefs, afin qu'en attaquant les ennemis de plusieurs côtés à la fois, ils leur inspirassent plus de terreur. Après avoir fait toutes ses dispositions et adressé sa prière aux dieux, il traverse la ville et marche à l'ennemi.
LI. Les Syracusains en le voyant jettent des cris de joie, et mêlent à leurs acclamations des prières et des encouragements pour Dion, qu'ils appellent leur sauveur et leur dieu, en même temps qu’ils donnent aux soldats étrangers les noms de citoyens et de frères. Il n'y eut personne dans cette occasion qui s'aimât assez soi-même , ou qui fût assez attaché à la vie, pour n'être pas moins inquiet du salut de tous les autres que de celui de Dion, qu'on voyait marcher à un si grand péril à travers le sang, le feu et les morts dont les rues étaient cou-vertes. Les ennemis, de leur côté, offraient l'aspect le plus redoutable : animés par la rage, ils étaient rangés en bataille le long du mur qu'ils avaient abattu, et dont les décombres rendaient l'abord pénible et difficile à forcer. Mais rien n'embarrassait et ne troublait plus la marche des troupes de Dion que le danger dont les feux les menaçaient. Environnées de toutes parts des flammes qui dévoraient les maisons, obligées de marcher sur des ruines brûlantes, près à tout moment d'être écrasées par la chute de toits ou de pans de murailles , il fallait que, sans rompre leurs rangs, elles s'ouvrissent un chemin au travers d'un nuage de fumée et de poussière. Lorsqu'elles eurent joint les ennemis, il n'y en eut qu'un petit nombre qui put en venir aux mains dans un terrain si inégal et si étroit: mais enfin les soldats de Dion, animés par les cris et par l'ardeur des Syracusains, forcèrent ceux de Nypsius , dont le plus grand nombre se sauva dans la citadelle, très voisine du lieu où l'on combattait; ceux qui restèrent dehors, s'étant dispersés, furent poursuivis et taillés en pièces par les soldats étrangers. La circonstance ne permit pas de goûter sur-le-champ le fruit de la victoire, ni de se livrer à la joie et aux plaisirs que méritait un si grand exploit; tous les Syracusains ne songèrent qu'à aller au secours de leurs maisons; et ils eurent bien de la peine, en travaillant toute la nuit, à éteindre l'incendie.
LII. Dès que le jour eut paru, aucun des orateurs n'osa rester dans la ville; la conscience de leurs crimes leur fit prendre à tous la fuite. Héraclide et Théodote seuls vinrent se livrer eux-mêmes à Dion en
s'avouant coupables, et le priant d'être meilleur pour eux qu'ils ne l'avaient été pour lui. Ils ajoutèrent qu'il était digne de Dion , déjà si supérieur par toutes ses autres vertus au reste des hommes, de surpasser, par son courage à triompher de son ressentiment, des ingrats forcés aujourd'hui de se reconnaître vaincus dans la vertu même qu'ils avaient osé lui disputer. Les amis de Dion, témoins de ces prières, conseillaient à Dion de ne pas épargner des hommes envieux et mé-chants, de livrer Héraclide aux soldats, et d'extirper du gouvernement cette adulation envers le peuple, maladie furieuse et non moins funeste que la tyrannie. Dion ayant pris la parole pour 1es adoucir : « Les autres capitaines, leur dit-il, font leur principal exercice de la guerre et des armes; pour moi, j'ai vécu longtemps dans l'Académie pour apprendre à dompter la colère, l'envie et l'opiniâtreté. La preuve de cette victoire sur ses passions n'est pas la douceur et la modération que l'on montre envers ses amis et les personnes vertueuses: c'est la clémence et l'humanité qu'on exerce envers ceux qui nous ont fait des injustices. Je me propose bien moins de surpasser Héraclide en prudence et en autorité qu'en douceur et en justice; c'est dans ces vertus que consiste la véritable supériorité. Les exploits guerriers, lors même que personne ne prétend nous en disputer la gloire, sont au moins en partie revendiqués par la fortune. Si Héraclide est un homme méchant, perfide et envieux, faut-il pour cela que Dion altère sa vertu en se livrant à la colère? Les lois, il est vrai, autorisent la vengeance, plutôt que l'injustice qui l'a provoquée; mais le sentiment naturel nous apprend qu'elles viennent l'une et l'autre de la même faiblesse. La méchanceté humaine, difficile sans doute à guérir, n'est pourtant pas si sauvage et si brutale qu'elle ne cède à des bienfaits souvent répétés. »
LIII. Dion , réglant sa conduite sur ces sages raisonnements, mit Héraclide en liberté, et s'occupa tout de suite de relever la muraille dont il avait fermé la citadelle; il ordonna à tous les Syracusains d'aller couper chacun un pieu, et de l'apporter. Dès que la nuit fut venue, et pendant que les Syracusains dormaient, il y fit travailler les soldats étrangers, et la citadelle se trouva environnée d'une bonne palissade avant que personne s'en fût aperçu. Lorsque, le lendemain matin, on vit avec quelle promptitude cet ouvrage avait été fait, les citoyens et les ennemis en furent également dans l'admiration; le travail fini, il fit enterrer les morts d'entre les Syracusains, délivra les prisonniers, qui n'étaient pas moins de deux mille, et convoqua l'assemblée du peuple. Héraclide, s'étant avancé, proposa d'élire Dion généralissime des troupes de terre et de mer. Tout ce qu'il y avait de meilleurs citoyens reçut avec empressement cette proposition, et demanda qu'elle fût sanctionnée par les suffrages du peuple; mais la tourbe des mariniers et des artisans ne pouvant souffrir de voir Héraclide dépouillé de la charge d'amiral, et persuadée que, quelque peu estimable qu'il fût dans tout le reste, il était au moins plus populaire que Dion et plus dépendant de la multitude, s'y opposa jusqu'à causer du tumulte. Dion céda sur ce point au désir de cette populace, et remit à Héraclide le commandement des forces maritimes ; mais il lui déplut singulièrement en empêchant le partage qu'elle voulait faire des terres et des maisons, et en annulant tout ce qui avait été décrété sur cet objet.
LIV. Ce fut pour Héraclide un nouveau prétexte d'intrigues: il était alors à Messine, où il ne cessait de pratiquer les soldats et les matelots qui s'étaient embarqués avec lui; il les aigrissait contre Dion, qu’il accusait d'aspirer à la tyrannie; et pendant ce temps-là il traitait lui-même secrètement avec Denys, par l'entremise du Spartiate Pharax. Les principaux d'entre les Syracusains en ayant eu le soupçon, il s'excita dans le camp une sédition qui réduisit Syracuse à une si grande disette, que Dion, embarrassé sur le parti qu'il devait prendre, se voyait encore blâmé par tous ses amis d'avoir fortifié contre lui-même un homme aussi intraitable, aussi corrompu par l'ambition et par l'envie, que l'était Héraclide. Pharax s'étant campé sous les murs de Néapolis, dans le territoire d'Agrigente, Dion marcha contre lui avec les Syracusains; et comme il attendait, pour le combattre, un moment plus favorable, Héraclide et ses matelots se récrièrent que Dion ne voulait pas terminer la guerre dans un seul combat, mais la traîner en longueur pour faire durer son commandement. Il fut donc forcé de livrer la bataille, et la perdit; la défaite, il est vrai, fut peu considérable, et vint surtout de la mutinerie des soldats. Dion se préparait à un second combat, et déjà il rangeait ses troupes en bataille, en les encourageant à bien faire, lorsqu'à l'entrée de la nuit il reçut l'avis qu'Héraclide faisait voile vers Syracuse avec toute sa flotte, pour s'emparer de la ville et en défendre l’ entrée à ses soldats.
LV. Il choisit à l’instant même les plus braves et les plus dispos de ses cavaliers; et après avoir marché toute la nuit avec une extrême célérité, il arrive aux portes de Syracuse vers la troisième heure du jour, ayant fait sept cents stades. Héraclide voyant son entreprise manquée, malgré la diligence qu'il avait faite, se remit en mer, errant de côté et d'autre sans aucun projet arrêté. Dans cette incertitude, il rencontre le Spartiate Gésyle, qui lui dit qu'il vient de Lacédémone pour commander les Siciliens, comme l'avait fait autrefois Gylippe. Héraclide le reçoit avec joie, et, l'attachant à sa personne comme un préservatif contre Dion, il le montre avec complaisance aux alliés, et envoie un héraut porter l'ordre aux Syracusains de recevoir ce Spartiate pour leur commandant. Dion répondit que Syracuse ne manquait pas de généraux. « Mais, ajouta-t-il, si l'état des affaires exige absolument un Spartiate pour chef, c’est moi-même qui dois commander, puisque j'ai été reçu citoyen de Sparte. » D'après cette réponse, Gésyle renonça au commandement, et, s'étant rendu auprès de Dion, il, ménagea la réconciliation d'Héraclide, qui garantit sa fidélité sous les serments les plus sacrés et les protestations les plus fortes. Gésyle, étant intervenu dans cette promesse, jura qu'il vengerait Dion, et punirait lui-même Héraclide si jamais il devenait parjure.
LVI. Les Syracusains licencièrent aussitôt leurs troupes de mer, qui leur devenaient inutiles, qui d'ailleurs étaient un grand objet de dépense pour ceux qui faisaient ce service, et un prétexte continuel de séditions pour les commandants; ils travaillèrent ensuite à rétablir la muraille dont ils avaient enfermé la citadelle et reprirent le siége. Comme les assiégés ne recevaient aucun secours, que les vivres commençaient à leur manquer et les soldats à secouer le joug de la discipline, le fils du tyran, désespérant de pouvoir s'y soutenir, capitula avec Dion, à qui il remit la citadelle, les armes et les autres provi-sions de guerre; après quoi, prenant sa mère et ses sœurs, il remplit cinq galères de ses effets et des personnes qu'il emmenait avec lui; et, ayant eu de Dion toute sûreté pour son départ, il alla rejoindre son père. Il n'y eut personne dans Syracuse qui ne voulût jouir du spec-tacle de sa retraite; l'on se récriait contre ceux qui ne venaient pas être témoins d'un si beau jour, où le soleil éclairait de ses rayons nais-sants la liberté de Syracuse. Si encore aujourd'hui la fuite de Denys est regardée comme un des plus éclatants et des plus mémorables exemples des vicissitudes de la fortune, quelle ne dut pas être alors la joie des Syracusains, quelle noble fierté ne durent-ils pas concevoir, eux qui, par des moyens si faibles, venaient de renverser la tyrannie la plus puissante qui eût jamais existé!
LVII. Apollocrate ayant mis à la voile, Dion marcha vers la citadelle. Les femmes que le tyran y avait renfermées n'eurent pas la patience de l’attendre et allèrent au-devant lui jusqu'aux portes. Aristomaque conduisit le fils de Dion; Arété marchait derrière elle, fondant en larmes et ne sachant comment elle devait saluer son mari, après en avoir épousé un autre. Dion embrassa sa sœur et son fils. Aristomaque lui présentant Arété : « Dion, lui dit-elle, votre exil nous a rendues bien malheureuses; votre retour et votre victoire nous délivrent tous du poids de nos misères, excepté cette infortunée, que j'ai eu la douleur de voir forcée de prendre un autre mari pendant que vous viviez encore. Puisque la fortune vous rend l'arbitre de notre sort, que prononcez-vous sur cette funeste nécessité qui lui a été imposée? Vous saluera-t-elle comme son oncle? vous embrassera-t-elle comme son mari? » Ce discours d'Aristomaque toucha vivement Dion: le visage baigné de larmes, il embrassa tendrement sa femme, lui remit son fils entre les mains et l'envoya dans la maison où il habitait, parce qu’il avait rendu la citadelle aux Syracusains.
LVIII. Après un succès si complet, Dion ne voulut pas jouir de sa nouvelle fortune qu'il n'eût auparavant témoigné sa reconnaissance à ses amis, fait des présents à ses alliés, et distribué surtout aux citoyens avec qui il avait des liaisons et aux soldats étrangers une partie des récompenses et des honneurs qui leur étaient dus. Généreux envers les autres au-delà de son pouvoir, il était pour lui-même simple et modeste, et se contentait des choses les plus communes. Il était l'objet de l'admiration générale, lorsque fixant par ses prospérités les regards, non seulement de la Sicile et de Carthage, mais de la Grèce entière, et reconnu pour le capitaine de son temps dont la valeur et la fortune avaient été les plus éclatantes, il était aussi simple dans ses habits, ses équipages et sa table que s'il eût vécu dans l'Académie de Platon, et non avec des officiers et des soldats, pour qui les débauches et les plaisirs sont les adoucissements ordinaires de leurs fatigues et de leurs dangers. Aussi Platon lui écrivait-il que la terre entière avait les regards tournés vers lui. Mais Dion n'avait les siens attachés que sur une petite maison d'une seule ville, l'Académie: il ne reconnaissait d'autres spectateurs de sa conduite que les philosophes qui la fréquentaient, et qui, au lieu d'admirer ses exploits, son courage et ses victoires, examinaient seulement s'il userait avec sagesse et avec modération de sa fortune, et s'il se montrerait modeste dans de si grands succès. Pour la gravité qu'il portait dans son commerce et la sévérité qu'il exerçait envers le peuple, il se fit un devoir de n'en rien relâcher, quoique sa situation eût demandé de la douceur et de la grâce, et quoique Platon même lui en fit des reproches et lui écrivît, comme nous l'avons déjà rapporté, que l'opiniâtreté était la compagne de la solitude. Mais son caractère était opposé à ces moyens d'insinuation, et il voulait ramener à des moeurs plus sévères les Syracusains, corrompus par la flatterie.
LIX. Cependant Héraclide recommençait ses intrigues. Appelé au conseil par Dion, il refusa de s'y rendre et dit que, n'étant plus que simple particulier, il se trouverait à l'assemblée avec tous les autres citoyens. En second lieu, il fit un crime à Dion de n'avoir ni rasé la citadelle, ni permis au peuple d'ouvrir le tombeau de l'ancien Denys pour en tirer son cadavre et le jeter à la voirie; d'avoir, par un dédain insultant pour ses concitoyens, fait venir des gens de Corinthe pour l'aider de leurs conseils et gouverner avec lui. Dion, en effet, avait appelé des Corinthiens, dans l'espérance qu'aidé de leur secours, il lui serait plus facile d'établir la forme de gouvernement qu’il se proposait d'introduire; il voulait bannir cette démocratie pure, qu'il regardait moins comme un gouvernement que comme un encan public de toutes les espèces de gouvernements, suivant Platon, et y substituer une forme de république composée de celles de Lacédémone et de Crète, qui étaient un mélange de royauté et de démocratie, en sorte que l’aristocratie y dominât et décidât des plus grandes affaires; il voyait que le gouvernement de Corinthe tenait plus de l'oligarchie, et que la plupart des affaires n'y étaient pas soumises à la discussion du peuple. Mais, s'attendant bien qu'Héraclide traverserait tous ses projets, le connaissant pour un esprit turbulent, léger et séditieux, il l'abandonna à ceux qu'il avait autrefois empêchés de le tuer et qui alors, s'étant transportés dans sa maison, 1’y mirent à mort. Il fut fort regretté des Syracusains; mais les magnifiques obsèques que lui fit Dion, le soin qu'il eut d'accompagner son convoi avec toute l'armée et de haranguer ensuite le peuple, lui firent pardonner aisément ce meurtre; ils sentaient d'ailleurs que tant qu'Héraclide et Dion auraient gouverné ensemble, la ville aurait été sans cesse agitée de séditions et de troubles.
LX. Dion avait pour ami un Athénien nommé Callippus, qu'il avait connu, suivant Platon, non dans le cours de ses études, mais dans le commerce du monde et dans les initiations aux mystères. Ils avaient fait la guerre ensemble, et Callippus s'y était distingué; il fut même de tous les amis de Dion le premier qui entra dans Syracuse une couronne sur la tête; et, dans tous les combats où il s’était trouvé, il avait donné des preuves éclatantes de valeur. Mais lorsque la guerre eut privé Dion de ses meilleurs amis et qu'Héraclide eut été mis à mort, Callippus, qui vit que le peuple de Syracuse n'avait plus de chef et que les soldats mêmes de Dion jetaient les yeux sur lui, se montra alors le plus scélérat des hommes: ne doutant pas que la Sicile ne devînt le prix du meurtre de son hôte et de son ami; ayant même reçu, à ce qu'on assure, des ennemis de Dion, vingt talents pour salaire de crime, il corrompit quelques soldats étrangers et les aposta pour ourdir la trame la plus perfide et la plus criminelle. Il rapportait tous les jours à Dion les discours vrais ou faux qu'on tenait contre lui, et par-là il sut si bien s'insinuer dans sa confiance et s'assurer une grande liberté, qu'il pouvait parler en secret à qui il voulait et dire contre Dion tout ce qu'il jugeait à propos. Dion même le lui avait ordonné, afin de connaître tous ceux qui nourrissaient des germes de haine et de sédition. Il en résulta que Callippus connut bientôt ceux qui avaient l'esprit corrompu, et qu'il lui fut facile de les soulever contre Dion. Si quelqu'un des soldats rejetait ses propositions et allait dénoncer à Dion ses intrigues, celui-ci n'en était ni inquiet ni troublé, puisque Callippus, à ce qu'il croyait, n'avait fait qu'exécuter ses ordres.
LXI. Le complot était déjà formé, lorsqu'il apparut à Dion un fantôme effrayant et monstrueux. Un jour qu’il était assis dans un portique de sa maison, seul et livré à ses réflexions, il entend tout à coup du bruit à l’autre bout du portique; il y porte ses regards, et, à la faveur du jour qui restait encore, il aperçoit une grande femme qui, par les traits de son visage et par son habillement, ressemblait à une furie de théâtre, et balayait la maison. Surpris et effrayé de cette apparition, il fait appeler ses amis, leur raconte la vision qu'il a eue, et les prie de passer la nuit auprès de lui, en leur avouant qu'il est hors de lui-même, et qu'il craint que ce fantôme ne vienne s'offrir encore à lui quand il sera seul;. mais il ne reparut pas. Peu de jours après, son fils, qui touchait à l'adolescence, ayant eu quelque sujet assez léger de colère, se précipita du toit de la maison, la tête la première, et se tua. Ce malheur fut pour Callippus un motif de presser l'exécution de son dessein; il fit courir le bruit parmi les Syracusains que Dion, n'ayant plus d'enfant, avait résolu d'appeler Apollocrate, le fils de Denys, pour le faire son héritier, comme cousin de sa femme et fils de la fille de sa sœur.
LXII. Déjà Dion, sa femme et sa sœur soupçonnaient les intrigues de Callippus, et ils en recevaient de toutes parts des avis; mais Dion, que le meurtre d'Héraclide affligeait toujours, et qui, le regardant comme une tache sur sa vie et sur ses actions, en était sans doute toujours tourmenté, dit qu'il aimait mieux mourir mille fois, et présenter sa gorge au premier qui voudrait le frapper, que de vivre ainsi dans la défiance et dans les précautions, non seulement contre ses ennemis, mais contre ses amis mêmes. Cependant Callippus, voyant que la femme et la sœur de Dion faisaient des recherches exactes du complot qu'on leur avait dénoncé, et craignant qu’elles ne parvinssent à en acquérir la certitude, alla les trouver, et là, fondant en larmes, il traita de calomnie tout ce qu'on lui imputait, et leur offrit telle garantie qu'elles voudraient exiger de sa fidélité à Dion. Elles lui demandèrent de faire le grand serment, dont voici la forme. Celui qui doit le prêter descend au temple des Thesmophores, et, après les sacrifices d'usage, se couvre du manteau de pourpre d'une des déesses; ensuite, une torche allumée à la main, il prononce la formule du serment. Callippus, après avoir satisfait à toutes ces cérémonies et prêté le serment, témoigna tant de mépris pour ces déesses, qu'il renvoya l'exécution du meurtre de Dion au jour même où l'on célébrait la fête de Proserpine, par laquelle il avait juré; insultant ainsi à la déesse, qu'il aurait sans doute toujours offensée dans quelque autre temps qu'il eût fait périr un homme qu’il avait initié lui-même aux saints mystères, mais dont la majesté était bien plus violée par le choix qu'il faisait, pour ce meurtre, du jour même de sa fête.
LXIII. Callippus s'était associé plusieurs complices; et un jour que Dion était avec ses amis dans une salle où il y avait plusieurs lits, les conjurés entourèrent sa maison: les uns gardèrent les portes et les fenêtres; les autres, qui devaient porter les mains sur lui (c'étaient des soldats de Zacynthe), entrèrent dans la salle en simple tunique et sans épée. Ceux qui étaient restés en dehors fermèrent la porte sur eux. Les meurtriers, s'étant jetés sur Dion, s'efforcèrent de l'étouffer; mais n'ayant pu en venir à bout, ils demandèrent une épée. Personne de ceux qui étaient en dedans n'eut le courage d'ouvrir la porte, quoique Dion eût auprès de lui plusieurs de ses amis, qui, espérant chacun qu’en le laissant périr, il sauverait sa vie, n’osèrent pas le secourir. Après quelque délai, un Syracusain , nommé Lycon , tendit par la fenêtre, à un des soldats, un poignard, avec lequel ils égorgèrent Dion, comme une victime qui, tremblante de frayeur, se voyait depuis longtemps menacée du coup fatal. Ils enfermèrent aussitôt sa sœur et sa femme qui était grosse, et qui accoucha misérablement d'un fils dans la prison: elles résolurent de le nourrir, et les gardes, qui savaient que Callippus se trouvait dans une situation assez embarrassante, le leur accordèrent facilement.
LXIV. Après le meurtre de Dion, Callippus jouit d'abord d'une fortune brillante, et se vit le maître dans Syracuse; il informa même de cet événement la ville d'Athènes, celle qu'un si grand forfait aurait dû, après les dieux immortels, lui faire le plus respecter et crainte. Mais on a dit avec vérité de cette ville, que les hommes de bien y étaient parfaitement bons, et que les méchants y étaient d'une malice profonde: semblable en cela à son terroir, qui produit le meilleur miel et la ciguë la plus mortelle. Au reste, Callippus ne justifia pas longtemps le reproche qu'on pouvait faire à la Fortune et aux dieux de souffrir qu'un homme eût acquis par un crime si impie une si grande puissance; il ne tarda pas à en recevoir le juste châtiment. En voulant s'emparer de Catane, il perdit bientôt Syracuse, et dit lui-même, à cette occasion, qu'il avait perdu une grande ville pour ne prendre qu'une râpe à fromage. Étant allé ensuite attaquer Messine, il y perdit un grand nombre des siens, et en particulier les soldats de Zacynthe qui avaient tué Dion. Rejeté de toutes les villes de Sicile, qui le chassaient comme un monstre digne de toute leur haine, il se retira à Rhège, où, réduit à la plus grande détresse, et nourrissant fort mal les soldats mercenaires qu'il commandait, il fut assassiné par Leptines et Polyperchon, et, à ce qu'on assure, avec le même poignard dont on s'était servi pour tuer Dion: on le reconnut à sa forme et à la beauté de l'ouvrage; il était court comme ceux de Sparte, et d'un travail parfait. Ce fut ainsi que Callippus porta la punition de son crime.
LXV. Aristomaque et Arété, en sortant de prison, furent reçues par Icétès de Syracuse, un ami de Dion. Il en eut d'abord le plus grand soin, et leur garda la fidélité qu'il devait à la mémoire de son ami; mais enfin, gagné par les ennemis de Dion, il fit préparer un vaisseau, et y embarqua ces femmes, comme pour les envoyer dans le Péloponnèse, avec ordre à ceux qui les conduisaient de les égorger en chemin et de jeter dans la mer. On prétend qu'ils les y jetèrent en vie, et l'enfant avec elles. Icétès fut aussi bientôt puni de sa perfidie : il tomba dans les mains de Timoléon, qui le mit à mort; et, pour achever la vengeance du meurtre de Dion, les Syracusains firent mourir les deux filles d'Icétès, comme nous l'avons rapporté dans la Vie de Timoléon.

Plutarque, Les vies des hommes illustres, traduction Ricard, Furne et Cie Librairies-éditeurs, Paris, 1840

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