Parmi les écrits de Platon dont l'authenticité n'est pas unanimement admise, il en est un, la Septième lettre, qui mérite une attention particulière. Elle était destinée aux parents et aux amis de Dion de Syracuse, ce disciple sicilien dont Platon espérait qu'il pourrait un jour mettre fin à la tyrannie de Denys et instaurer une véritable république. Dion mourut sans avoir pu réaliser son rêve. Cet échec devait être pour Platon une cause de tristesse comparable à la mort de Socrate. Sa lettre aux parents et amis de Dion est pour lui une occasion d'évoquer les limites de l'écrit pour ce qui est de la transmission du savoir essentiel.
«La-dessus, en tout cas, il n'existe pas d'écrit qui soit de moi, et il n'en existera jamais non plus: effectivement ce n'est pas un savoir qui, à l'exemple des autres puisse aucunement se formuler en propositions; mais, résultat de l'établissement d'un commerce répété avec ce qui est la matière même de ce savoir, résultat d'une existence qu'on partage avec elle, soudainement, comme s'allume la lumière lorsque bondit la flamme, ce savoir se produit dans l'âme et, désormais, il s'y nourrit tout seul lui-même. [...] L'entreprise dont je parle relativement à ces questions n'est point toutefois, à mon jugement, un bien pour l'humanité, à moins que ce ne soit pour quelques-uns, en petit nombre: je veux dire pour tous ceux qui sont capables, à l'aide d'une petite indication, de trouver par eux-mêmes; tandis qu'avec le reste des hommes, assurément on remplirait les uns, sans convenance aucune, d'un dédain injustifié à l'égard de leurs semblables, les autres d'une hautaine et inconsistante espérance.»