Ce poème, où le « nous » abonde, exalte la solidarité des vivants et des morts dans la défaite comme dans la victoire, dans la guerre comme dans la paix, dans la douleur comme dans la douceur de vivre. « En plein mois d'août » renvoie discrètement - consciemment ou non - au poème de Louis Aragon : « Les yeux d'Elsa » (1942) : « Je suis pris au filet des étoiles filantes / Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août ».
En Plein Mois d’Août
du recueil « Au Rendez-vous Allemand » (1944)
En plein mois d’août un lundi soir de couleur tendre
Un lundi soir pendu aux nues
Dans Paris clair comme un oeuf frais
En plein mois d’août notre pays aux barricades
Paris osant montrer ses yeux
Paris osant crier victoire
En plein mois d’août un lundi soir
Puisqu’on a compris la lumière
Pourra-t-il faire nuit ce soir
Puisque l’espoir sort des pavés
Sort des fronts et des poings levés
Nous allons imposer l’espoir
Nous allons imposer la vie
Aux esclaves qui désespèrent
En plein mois d’août nous oublions l’hiver
Comme on oublie la politesse des vainqueurs
Leurs grands saluts à la misère et à la mort
Nous oublions l’hiver comme on oublie la honte
En plein mois d’août nous ménageons nos munitions
Avec raison et la raison c’est notre haine
Ô rupture de rien rupture indispensable
La douceur d’être en vie la douleur de savoir
Que nos frères sont morts pour que nous vivions libres
Car vivre et faire vivre est au fond de nous tous
Voici la nuit voici le miroir de nos rêves
Voici minuit minuit point d’honneur de la nuit
La douceur et le deuil de savoir qu’aujourd’hui
Nous avons tous compromis la nuit.
du recueil « Au Rendez-vous Allemand » (1944)
En plein mois d’août un lundi soir de couleur tendre
Un lundi soir pendu aux nues
Dans Paris clair comme un oeuf frais
En plein mois d’août notre pays aux barricades
Paris osant montrer ses yeux
Paris osant crier victoire
En plein mois d’août un lundi soir
Puisqu’on a compris la lumière
Pourra-t-il faire nuit ce soir
Puisque l’espoir sort des pavés
Sort des fronts et des poings levés
Nous allons imposer l’espoir
Nous allons imposer la vie
Aux esclaves qui désespèrent
En plein mois d’août nous oublions l’hiver
Comme on oublie la politesse des vainqueurs
Leurs grands saluts à la misère et à la mort
Nous oublions l’hiver comme on oublie la honte
En plein mois d’août nous ménageons nos munitions
Avec raison et la raison c’est notre haine
Ô rupture de rien rupture indispensable
La douceur d’être en vie la douleur de savoir
Que nos frères sont morts pour que nous vivions libres
Car vivre et faire vivre est au fond de nous tous
Voici la nuit voici le miroir de nos rêves
Voici minuit minuit point d’honneur de la nuit
La douceur et le deuil de savoir qu’aujourd’hui
Nous avons tous compromis la nuit.