Texte et photos nous ont été gracieusement offerts par Guénane Cade. Nous lui exprimons notre reconnaissance. Guénane Cade est une poète française vivant à côté de Lorient. Elle est née le 26 juillet 1943 en Bretagne, à Pontivy. Elle entreprend des études de Lettres à Rennes et y enseigne. Par la suite, elle part vivre en Amérique du Sud .
Cette poétesse Bretonne est membre d'"Hélices poésie ", un mouvement de poètes contemporains fondé en 1993 .
Le texte est un extrait de Ma boussole chilienne.
« cyprès taillés en rond par des ciseaux... » Chili sud 623, jpg)
(Chili sud, 625 gpj)
« Et puis, tout au fond, à gauche, l'Indiecito, debout, nu, jeune et doux; dans le bronze on devine juste un cache-sexe; une main fraternelle lui ajouta une écharpe, d'autres des chapelets, des colliers et un petit cœur jaune est apparu sur sa main gauche. Il fut élevé là où se tenaient les dernières tombes des Onas et, devenu porte-bonheur, il est entouré d'une nuée d'ex-voto, de mercis naïfs, émouvants. Sous les caresses, le métal brille sur la main et le pied gauches. Une plaque en forme de parchemin déroulé témoigne: « L'Indien inconnu venu des brumes du doute historique et géographique repose ici protégé par l'amour de la patrie chilienne. » Je ne sais comment traduire élégamment et fortement les mots « el patrio amor de la chilenidad » mais cette reconnaissance chaleureuse de la mémoire rattrape un peu l'ignominie de l'Histoire. Un descendant métissé de ce peuple, aux yeux sombres et liquides, nous souhaite «buen viaje en la vida », bon voyage dans la vie. L'utopie d'une société plus juste gît là aussi.»
(Chili sud, 856, jpg)
« Sur l'île Navarino, la piste suit le canal de Beagle pour vous saturer de couleurs; ciel et mer sont toujours entre deux tourments ou deux échappées lumineuses.À la Baie aux Moules (Bahía Mejillones), un cimetière indigène, humble « monument national », un enclos où dans les herbes fleurissent des marguerites. Vers 1920, de nombreux Yaghans vivaient encore là, ayant survécu à toutes les agressions des colons et aventuriers. Sur les stèles de bois les noms s'effacent. Des petites clôtures blanches séparent les familles, des croix blanches font face aux dents blanches des Andes qui veillent sur les piroguiers du vent. »
IMAGES
© tous droits réservés 2013, Guénane Cade