Essentiel
«Dans le
Protagoras, où l'on s'interroge, entre autres, sur l'art de gouverner,
Platon fait dire tour à tour aux deux principaux protagonistes de son dialogue que cet art s'enseigne, qu'il est intransmissible, qu'il faut, en vue de la survie même de la cité, que tous ceux qui participent aux délibérations publiques puissent apprendre à l'exercer, qu'on ne sait pas au juste en quoi il consiste, bien qu'il s'agisse là de la plus nécessaire des sciences qui soient. De cette avalanche de contradictions, il ressort, à tout le moins, que l'exercice éclairé du métier de citoyen est rigoureusement impossible sans une certaine connaissance.»
Thierry Hentsch, «La citoyenneté: exercice impossible, idée nécessaire», dans Yves Boisvert, Jacques Hamel, Marc Molgat (dir.),
Vivre la citoyenneté. Identité, appartenance et participation. Montréal, Éditions Liber, 2000, p. 27.
Enjeux
Même si Grecs ont prouvé que le sentiment d'appartenance à une cité était non seulement compatible avec le sens de l'universel, mais qu'il en était même la condition, les cités, et avec elles l'idée de citoyenneté, sont tombées en discrédit au IV
e siècle, ce qui laissa le champ libre à l'impérialisme d'
Alexandre et à celui des Romains. Le civisme, l'attachement à la
polis, fut alors remplacé par le
cosmopolitisme, mot qui désigne un sentiment d'appartenance consistant à reporter sur le monde (et l'
humanité) un attachement dont la cité est l'objet premier.
Au cours des temps modernes, les
nations se sont imposées comme premier lieu d'appartenance et comme cadres de la citoyenneté. Le discrédit dans lequel elles sont tombées au cours du XX
e siècle semble s'accentuer au début du XXI
e. D'où l'inquiétude que suscite cette nouvelle forme de cosmopolitisme appelée
mondialisation.