Félix-Gabriel Marchand et le double mandat électif
Extrait de la présentation du «Discours de Wilfrid Laurier contre le double mandat électif (1871)», dans La démocratie québécoise par les textes. Textes choisis et présentés par Marc Chevrier. Collection «Études & Documents»
Au Québec, le double mandat eut ses adversaires et ses défenseurs. Le débat s'engagea en 1868 dès la première session du Parlement du Québec, parlement bicaméral, doté d'une assemblée législative et d'un conseil législatif. Félix-Gabriel Marchand, qui s'était distingué comme théoricien de l'autonomie provinciale avant l'union de 1867, n'eut de cesse de relancer le débat jusqu'en 1874 à l'Assemblée législative. Pour lui, l'existence du double mandat est incompatible avec un véritable système fédéral. Le double mandat restreint l'autonomie effective des États provinciaux, puisque certains de leurs députés, au lieu de représenter strictement la population de l'État, subissent l'influence du pouvoir central. Sans une parfaite liberté d'action de ces élus sur les attributions que la Constitution assigne aux États provinciaux, le régime fédéral se confond en fait avec une union législative (1). Les défenseurs du double mandat invoquèrent le prestige conféré par le cumul des mandats, l'efficacité parlementaire et le respect de la volonté des électeurs.
(1) Voir Marcel Hamelin, Les premières années du parlementarisme québécois (1867-1878), Québec, Les Presses de l'Université Laval, Québec, 1974, p. 287-288