« Il y a une chose que je désire depuis mon enfance, comme tout homme a son désir à lui : l'un veut avoir des chevaux, un autre des chiens, un autre de l'or, un autre encore des honneurs. Pour moi, je suis indifférent à tout cela, mais je ne sais rien de plus désirable au monde que d'avoir des amis ; et j'aimerais mieux posséder un bon ami que la meilleure caille, le meilleur coq (1) ou même encore, par Jupiter, que le plus beau cheval et le plus beau chien du monde ; oui, par le Chien, je préférerais un ami à tout l'or de Darius, et à Darius lui-même, tant l'amitié me semble un bien digne d'envie ! Et une chose me frappe, c'est qu'étant si jeunes tous les deux, Lysis et toi, vous ayez le bonheur de posséder si vite un tel bien, toi, Ménexène, qui as déjà inspiré à Lysis un attachement si vif et si précoce, et Lysis à son tour qui a fait ta conquête. Pour moi, je suis si loin de là, que je ne sais pas même comment un homme devient l'ami d'un autre. »
Note
1. Les combats de cailles et de coqs étaient un spectacle très-aimé des Athéniens.