L'Agorales synthèses

L'Encyclopédie de L'Agora : une vision organique du monde


Écologie et économie

 

Coopération et coopératives: les racines

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Texte de la conférence de Jacques Dufresne dans le cadre du Forum coopératif et mutualiste, tenu à Québec, au Palais des Congrès, le 8 octobre 2012.

Les coopératives sont nées sous le signe malthusien de la limite de la nourriture, elle fleuriront sous le signe hubbertien de la limite de l'ensemble des ressources naturelles.

J'aime bien, au début d'une conférence, proposer une image ou une formule dont les auditeurs se souviendront quand ils auront oublié le reste. C'est ainsi que j'ai pensé à des formules d'introduction telles que : «ils ont la tête à droite et le cœur à gauche,» à propos de coopérateurs de la famille d'esprit de Desjardins et de Raiffeisen, ou «il faut passer de la main invisible à la main tangible,» la main invisible étant celle, de plus en plus abstraite, lointaine et voleuse des néo-libéraux, la main tangible, que l'on peut serrer, étant celle des authentiques coopérateurs.

C'est toutefois une image qui s'est imposée à moi avec le plus de force : Elle me semblait contenir plus de choses essentielles sur la coopération que je ne saurais en dire dans un exposé linéaire. Cette image est celle des trois sœurs, chère à ceux qui s'intéressent au compagnonnage des plantes : le maïs, le haricot et la courge. Elles occupaient une place centrale dans l'agriculture amérindienne et elles enferment une richesse symbolique telle qu'elles constitueraient un merveilleux emblème pour la coopération. Un emblème à mes yeux n'est pas un instrument de propagande ou de publicité; c'est un signe sensible porteur d'un message nourricier, inspirant. Les trois sœurs symbolisent la coopération entre les générations et les cultures sur un même territoire. On en a redécouvert l'intérêt dans le cadre du biomimétisme lequel, à la fine pointe de la biologie, repose sur le désir d'imiter la vie en approfondissant la connaissance qu'on en a plutôt que de la manipuler prématurément à partir de http://agora.qc.ca/documents/lecons_du_passe_pressentiments_de_lavenir

l'autre, se combinent pour réduire à la fois le travail de l'homme, la consommation d'énergie et la consommation d'eau. Vous plantez d'abord le maïs, vous semez ensuite le haricot grimpant qui s'enroulera autour de la tige verte, puis la courge dont les larges feuilles conserveront l'humidité du sol et empêcheront les mauvaises herbes de pousser, ce qui rend le recours aux herbicides inutile. Le haricot de son côté ajoute au sol de l'azote dont le maïs est friand.

L'homme est présent dans cette trinité par son intelligence et son désir de protéger une terre qu'il veut partager avec ses contemporains sans en priver ses descendants. L'écologie nous a appris que le contrat social perd son sens s'il n'est pas complété par un contrat avec la nature, que la coopération des hommes entre eux peut être ruineuse pour les hommes eux-mêmes si elle ne s'exerce pas dans le respect du renouvellement des ressources de la nature. L'Équateur vient de donner un bel exemple au monde en reconnaissant les droits de la nature.

 

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Les pionniers de l’écologie

 

Parmi eux : John Muir, Ludwig Klages, Bernard Charbonneau, Arne Naess, René Dubos, Rachel Carson, Barbara Ward, Thomas Berry…

 

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La complexité de l'économie mondiale

 

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la_complexite_de_leconomie_mondiale_par_andree_mathieu

 

par Andrée Mathieu

 

Extrait

 

Il y a deux méthodes possibles pour expliquer l'évolution de l'économie. Le courant dominant utilise des modèles linéaires qui doivent avoir recours à des chocs externes et à des événements inattendus pour expliquer les perturbations des cycles économiques. L'autre approche abandonne la linéarité et l'hypothèse simplificatrice des «causes» extérieures pour affronter l'extrême complexité de l'économie réelle, et tenter de l'expliquer par le caractère fondamentalement non linéaire de sa dynamique. La mentalité de croissance illimitée qui domine l'économie du monde résulte en partie des approches linéaires adoptées par les économistes pour envisager un monde non linéaire.

Systèmes linéaires et non linéaires

Rappelons d'abord, en les simplifiant, quelques notions qui nous permettront de comprendre les différences entre les deux approches.

Avez-vous déjà remarqué à quel point le vocabulaire des économistes s'apparente à celui de la mécanique et de la thermodynamique classiques: équilibre, stabilité, élasticité, expansion, inflation, contraction, flux, force, pression, résistance, leviers, réaction, mouvement, friction, etc.? Les lois qui sous-tendent leurs modèles linéaires s'inspirent des mêmes disciplines.

Les checks and balances que l'on retrouve dans la Constitution des États-Unis, et qui agissent comme des boucles de rétroaction négative, ont aussi été utilisés par Adam Smith dans sa description de la «richesse des nations». Rappelons qu'une boucle de rétroaction négative est un élément qui garantit la stabilité et la direction d'un système, par exemple un thermostat dans un système de chauffage. Les modèles linéaires se caractérisent par une constante recherche de l'équilibre, comme en témoignent les noms que l'on donne, dans le jargon économique, aux «fondamentales»: l'équilibre de l'offre et de la demande, la balance des transactions courantes, etc. Dans l'approche linéaire, pour rompre l'équilibre ou déranger la stabilité d'un système, il faut agir de l'«extérieur». Ainsi, la première loi de Newton stipule qu'on doit exercer une action (force) sur un système pour modifier son mouvement. Il en est de même pour les cycles économiques qui ne peuvent être perturbés que par des pressions exogènes.

À toute action correspond une réaction. Les mêmes causes produisent les mêmes effets et des causes voisines produisent des effets voisins. Ce principe de causalité est au coeur de l'approche linéaire. C'est lui qui rend les systèmes prévisibles. Si on connaît les conditions initiales, le «passé» d'un système, et si on comprend bien sa dynamique (les lois économiques), il est relativement facile de prévoir son état futur. Il est alors possible d'exercer une action (ex: baisse des taux d'intérêt) pour obtenir un effet désiré. Bien sûr, la science économique n'est pas aussi simple et on a développé une pléthore d'équations mathématiques pour tenir compte des multiples facteurs qui influencent l'économie. Mais l'approche linéaire y est dominante et comme l'a dit le prix Nobel Wassily Leontief: «En aucun domaine de la recherche empirique, un arsenal de techniques statistiques aussi important et sophistiqué n'a été utilisé pour obtenir des résultats aussi médiocres.»1

Nous verrons maintenant qu'avec l'approche non linéaire, comme dirait Ilya Prigogine, c'est «la fin des certitudes».
 

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La résilience dans l’économie

http://agora.qc.ca/documents/resilience--la_resilience_dans_leconomie_par_gilles_paquet

Par Gilles Paquet

 

Conclusion

C’est donc sur un constat d’ignorance et de prudence que débouche notre réflexion sur la résilience dans l’économie. Et sur un défi majeur pour les travailleurs dans ce chantier. En effet, peu d’économistes ont pris la peine d’étudier la socio-économie en tant qu’organisme résilient. Cependant, un livre sort du rang, c’est Pathologie économique, publié dans les années 1930 en Italie par un économiste statisticien de renom, Corrado Gini. Il a été traduit en français plus de 20 ans plus tard (Gini 1959).

Corrado Gini était, comme dirait Raymond Queneau, un “savanturier” dont l’audace intellectuelle est bien connue et l’irrévérence vis-à-vis la science économique traditionnelle notoire. Dans son livre, il se proclame ouvertement néo-organiciste, et étudie les phénomènes d’auto-conservation et d’auto-rééquilibration dans les économies modernes. Bien que ce travail ait un ton un peu archaïque, et que Gini ne poursuive pas une exploration des phénomènes de dynamique qu’il débusque, il met les phénomènes de résilience au centre du tapis. Si son optimisme un peu naïf peut faire sourire – pour lui, le jeu des rééquilibrations spontanées fait que l’harmonie finit toujours par se rétablir et les socio-économies par se cicatriser – il a ouvert un important chantier.

Certains écomistes renommés des deux côtés de l’Atlantique ont récemment commencé à être tentés par l’étude de ce genre de problèmes (Lesourne 1991; Arthur 1994; Krugman 1996). En fait tout un groupe à l’Institut de Santa Fe a non seulement ouvert grande la boîte de Pandore, mais encore y a installé son chantier.

Cependant, ces études restent cependant largement dans le maquis. Car dans les ouvroirs des économistes conventionnels, on n’a pas progressé beaucoup au delà des études de la résilience dans les univers de type II et III, et on n’ose pas encore dire son nom. Quand on aborde la notion de résilience, c’est soit avec crainte et tremblement comme si on était en occasion prochaine de péché organiciste, soit avec la foi aveugle du catéchumène dans la main invisible. Ni l’une ni l’autre de ces attitudes ne semble promettre de grands dépassements.

 

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La culture de l'urgence

http://agora.qc.ca/documents/Travail--La_culture_de_lurgence_par_Bernard_Lebleu

 

Par Bernard Lebleu

 

Il y a quelques années, la direction d'une nouvelle usine construite par le fabricant d'automobiles Mazda proclamait avoir mis au point la chaîne de montage la plus efficace de toute l'industrie: en effet, les ingénieurs étaient parvenus à maintenir un taux record d'occupation du temps des ouvriers: 57 secondes par minute, 15 secondes de plus que la moyenne de l'industrie. Ils étaient parvenus à éliminer quelques secondes de plus de ce «temps poreux» à travers lequel, disait Marx, l'âme du travailleur, contraint sans cesse par la machine, parvient à respirer. Quelques mois plus tard, on apprenait que l'entreprise avait dû revoir complètement son organisation car il s'y produisait 2 fois plus d'accidents que dans les autres usines, les employés étant incapables de faire face au stress généré par une cadence trop intense et trop soutenue.

Ce ne sont là que quelques exemples des effets de ce que l'on nomme l'«intensification du travail», ou ce que Zaki Laïdi a surnommé la «tyrannie de l'urgence»2 à laquelle est soumise de plus en plus notre culture du travail. «Dans la société en réseaux, explique-t-il, le temps séquentiel, chronologique, irréversible a cédé la place à un temps immatériel fondé sur la technologie, un temps "intemporel", arrimé au seul présent, affranchi de la durée…».3 Incapable de réconcilier le temps du travail avec les cycles temporels profonds qui forment la trame de la vie familiale, de la vie amoureuse ou de la vie sociale, l'«homme-présent» est incapable de s'extraire de l'«ici-et-maintenant». L'urgence et l'instantanéité constituent désormais les deux modalités essentielles de son action et de son rapport au temps. Par l'instantanéité, il s'efforce d'abolir le temps. En acceptant de se soumettre à l'urgence, il pense triompher du temps.

 

 

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Le travail contre l'œuvre

 

http://agora.qc.ca/documents/le_travail_contre_luvre

 

par Pierre-Jean Dessertine

 

Extraits

Les révolutions américaine et française ne sont que les manifestations les plus aigües d’une révolution culturelle fondamentale qui se réalise dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : l'ordre naturel n'est plus le domaine intouchable de manifestation de la puissance divine, il est désormais pleinement ouvert aux entreprises humaines.
Cela signifie que le marchand a fait triompher sa vision du monde. Il peut enfin s’atteler à restructurer la société selon la primauté de valeur accordée à l’économie marchande

 

Le rêve de la terre

Un livre de Thomas Berry

https://agora.qc.ca/chroniques/le-reve-de-la-terre

par Daniel Laguitton

Thomas Berry le « géologien »

« Géologien » est probablement l’attribut le plus concis qu’on puisse imaginer pour exprimer le rôle qu’a joué Thomas Berry de son vivant et qu’il continue de jouer à titre posthume par ses écrits et par les élèves qu’il a formés. Néologisme calqué sur « théologien », ce mot exprime non seulement l’importance capitale que Thomas Berry attribue à la relation entre les humains et la Terre, mais également le fait qu’il nous invite à reconnaître la Terre comme une véritable théophanie. Au lieu de spéculer au sujet d’un « théos » abstrait, il nous parle concrètement de « Gaïa », la Terre mère, avec la révérence due à la révélation qu’elle constitue du numineux sous ses innombrables manifestations.

Publié en 1988, The Dream of the Earth s’est imposé comme référence pour la pensée écologiste à composante spirituelle. En puisant aussi bien dans la sagesse philosophique occidentale, la pensée asiatique et les traditions des autochtones d’Amérique, que dans la physique contemporaine et la biologie évolutive, Thomas Berry nous montre pourquoi il est important que nous réinventions notre rapport à la Terre en nous libérant de l’envoûtement collectif qui nous piège dans une conception totalement absurde du progrès. Ce n’est qu’en remplaçant cet envoûtement anthropocentrique par une véritable passion envers la Terre, suggère-t-il, que nous pourrons entrer dans l’ère écologique dont il entrevoit des signes prometteurs, mais qui ne se réalisera pas sans un effort gigantesque et généralisé de notre part pour passer d’une relation d’agression à une relation mutuellement bénéfique entre les humains et la Terre, et contribuer ainsi à la guérison d’une biosphère traumatisée par des siècles d’assaut brutal et d’indifférence.

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Le capitalisme naturel

https://agora.qc.ca/dossiers/capitalisme-naturel

par Andrée Mathieu

Extrait

Notre modèle économique néglige de comptabiliser les plus grands stocks que nous utilisons: les ressources naturelles et les écosystèmes, aussi bien que les systèmes sociaux et culturels qui constituent la base du capital humain. Nous liquidons notre capital naturel en l’inscrivant dans la colonne des «revenus». Mais cette «erreur comptable» ne peut être corrigée simplement en assignant une valeur pécuniaire au capital naturel, car plusieurs des services que nous recevons des systèmes vivants n’ont pas de substituts connus. L’évaluation des services rendus par la biosphère est, au mieux, un exercice difficile et imprécis, car tout ce qui nous est essentiel pour vivre et que nous ne pouvons remplacer à aucun prix devrait avoir une valeur infinie. Soulignons, en outre, que le mot «services» doit être utilisé avec prudence puisque les écosystèmes effectuent leur travail naturellement et non pour servir l’humanité. Si nous voulons déterminer les coûts réels de la production industrielle, il nous faudra donc trouver un moyen de tenir compte du capital naturel et des services écosystémiques, notamment en appliquant progressivement une fiscalité verte.

Dans Natural Capitalism, Paul Hawken, Amory Lovins et son épouse L. Hunter proposent une stratégie en quatre volets pour fonder le capitalisme naturel:

Synthèses

L'Encyclopédie de l’Agora n’est pas une somme des connaissances établie par une myriade de spécialistes sans grandes affinités entre eux. Elle est une œuvre, celle d’un auteur principal entouré d’amis ayant des affinités intellectuelles avec lui et ébauchant séparément leur propre synthèse. [En savoir davantage]


Appartenance

Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité. 

Éducation

La perspective historique la plus longue possible est la voie royale pour préciser le diagnostic et trouver les meilleurs remèdes au mal qui frappe l’éducation.

Caractère et personne

La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison.

Désengagement

Proche du scepticisme sur le plan intellectuel, la neutralité est aussi proche de l'indifférence sur le plan affectif et de l'indifférentiation sur le plan physiologique.