Le paysage dans l’art de la Grèce antique
(…) les hommes nus y sont tout pareils à des arbres qui portent des fruits et des guirlandes de fruits, ou à des buissons qui fleurissent et à des printemps où chantent les oiseaux. En ce temps-là, le corps que l'on cultivait ainsi qu'une terre, sur lequel on prenait de la peine comme pour en tirer une récolte, et que l'on possédait ainsi que l’on possède un bon terrain, était la seule beauté qui retînt le regard, l’image que traversaient en rangs rythmiques toutes les significations, dieux et animaux, et tous les sens de la vie. L’homme, quoiqu’il durât depuis des millénaires, était encore trop neuf pour lui-même, trop enchanté de lui pour porter son regard ailleurs et loin de soi-même. Le paysage, c’était le chemin sur lequel il marchait, la piste sur laquelle il courait, c’étaient tous ces stades et ces places de jeux ou de danse où s’accomplissait la journée grecque; c’étaient les vallées où se rassemblait l’armée, les ports d’où l’on partait pour l’aventure et où l’on rentrait, plus vieux et plein de souvenirs inouïs (…) – c’était le paysage où l’on vivait.