Pauvreté
Définition officielle
«État d'une personne, d'une famille ou d'un groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois elle n'est pas réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne également d'autres aspects du quotidien comme le logement, la santé, la formation, le travail, la vie familiale.
Note: La notion de pauvreté est relative et le seuil de pauvreté est apprécié de façon variable selon l'histoire, les cultures, le niveau de vie moyen du groupe.
Les seuils de pauvreté et de grande pauvreté sont déterminés par l'INSEE. Il est fait également référence à une pauvreté absolue fondée sur des besoins minimaux et consommations incompressibles (consommation alimentaire, habillement ...). Cette conception incite à concevoir un seuil de pauvreté universel, indépendant des conditions sociales, économiques, culturelles et politiques des personnes.»
Les mots du social. Définition des mots les plus courants du domaine social selon la Commission générale de terminologie et de néologie, Min. de l'Emploi et de la Solidarité, France
Définition de Majid Rahnema
«Non seulement ce mot n'a jamais eu le même sens pour tout le monde, mais le concept reste une construction sociale impossible à définir sur un plan universel. Il en résulte que ce qui est fait pour les pauvres n'a souvent rien à faire avec ceux qui le sont.
Car, aucun pauvre ne ressemble à un autre. Et d'abord, pauvre de quoi? En argent, en relations, en intelligence, en vaches, en enfants, en temps, en amour, en santé?
Pendant des millénaires, un substantif répondant à ce que nous qualifions aujourd'hui de pauvre ou de pauvreté avait été absent de tous les vocabulaires du monde. Il avait toujours existé un adjectif pauvre qui s'appliquait à des noms – comme un sol, une santé, une relation qualifiée de pauvre-, un adjectif qui servait souvent à indiquer les aspects relativement peu flatteurs du nom auquel il était attribué. De ce fait, tout individu était pauvre - ou riche- en quelque chose, sans être en entier un pauvre. L'invention des substantives pauvre et pauvreté est ainsi de date relativement récente. Elle serait apparue à la faveur d'une évolution économique qui s'est dessinée entre le Xème et le VIIIème siècle av. J.-C., ce qui a permis à un petit nombre de propriétaires fonciers cupides de contraindre des exploitants agricoles à leur céder leurs terres et de s'enrichir à leurs dépens.
Mais même alors, les personnes ainsi désignées avaient, entre elles, beaucoup plus de différence que de points communs. À cela s'ajoute le fait que les innombrables langages du monde semblent avoir été en concurrence pour produire une incroyable variété de mots et de locutions pour désigner ce qu'ils considèrent comme leurs "pauvres" et toutes les conditions et statuts associées aux multiples perceptions de la pauvreté. En persan, près de 80 mots ont été repérés qui peuvent être - grossièrement- traduits par pauvres ou misérables. Dans les langues africaines, la moyenne de ces mots dépasse une dizaine. La Tora utilise au moins huit mots à cet effet. Au Moyen Âge, les termes latins couvrant la gamme des conditions relatives à ce concept dépassait une quarantaine. À la variété impressionnante de mots figurant dans les dictionnaires écrits, s'ajoute enfin une autre, encore plus riche, de mots d'argot, de dictons et de proverbes ou d'expressions populaires dont le nombre s'étale à perte de vue.
Mais alors que cette pluralité de mots servait jadis à mieux comprendre ce dont souffrait chacun des sujets ainsi désignés, l utilisation d`un terme unique pour nommer tous les pauvres du monde ne laisse plus aucune place à cet exercice. Elle ouvre seulement la voie à des modes d`intervention arbitraires pour décider de leur sort.
Sur un autre registre, il est intéressant de noter que l'antinomie pauvre-riche est également de date récente. En Europe, jusqu'au Moyen Âge, et presque partout jusqu'à des dates bien plus proches, le pauper était plutôt le contraire de potens (puissant). Au IXème siècle, le pauper était considéré comme un homme libre dont la liberté était seulement menacée par ces puissants. Dans bien des pays, on entrait dans l'univers de la pauvreté ou de l'indigence, soit lorsqu'on tombait de la strate sociale à laquelle on avait appartenu, soit lorsqu'on perdait les instruments nécessaires à son travail ou à sa reconnaissance sociale (pour un clerc, la perte de ses livres, pour un noble, la perte de ses chevaux ou de ses armes), soit aussi lorsqu'on était exclu de sa communauté. Pour les populations Tswana de l'Afrique du Sud. les pauvres se distinguaient des puissants par leurs réactions à l'apparition des sauterelles. Les premiers étaient ceux qui se réjouissaient de leur arrivée, dans l'espoir de goûter à la nourriture généreuse qui leur tombait des cieux. Les seconds étaient ceux qui les détestaient par ce que les sauterelles mangeaient l'herbe qui faisait vivre leur cheptel . »
Majid Rahnema, source dans cette encyclopédie.
Les pauvretés conviviales
Les pauvretés volontaires