Citoyenneté

«La citoyenneté désigne au moins trois dimensions du lien social et politique :

1) Un statut juridique: par opposition au simple résident, le citoyen est porteur de certains droits et responsabilités.
2) Un certain nombre de pratiques: est citoyen celui qui participe à la vie des institutions politiques et au façonnement du bien commun.
3) Un pôle identitaire: cette dimension est pleinement réalisée lorsque le statut de citoyen a une importance subjective pour l'individu.»

Daniel Weinstock, «Vivre la citoyenneté», dans Yves Boisvert, Jacques Hamel, Marc Molgat (dir.), Vivre la citoyenneté. Identité, appartenance et participation. Montréal, Éditions Liber, 2000, p. 16-17.

Essentiel

«Dans le Protagoras, où l'on s'interroge, entre autres, sur l'art de gouverner, Platon fait dire tour à tour aux deux principaux protagonistes de son dialogue que cet art s'enseigne, qu'il est intransmissible, qu'il faut, en vue de la survie même de la cité, que tous ceux qui participent aux délibérations publiques puissent apprendre à l'exercer, qu'on ne sait pas au juste en quoi il consiste, bien qu'il s'agisse là de la plus nécessaire des sciences qui soient. De cette avalanche de contradictions, il ressort, à tout le moins, que l'exercice éclairé du métier de citoyen est rigoureusement impossible sans une certaine connaissance.»

Thierry Hentsch, «La citoyenneté: exercice impossible, idée nécessaire», dans Yves Boisvert, Jacques Hamel, Marc Molgat (dir.), Vivre la citoyenneté. Identité, appartenance et participation. Montréal, Éditions Liber, 2000, p. 27.

Enjeux

Même si Grecs ont prouvé que le sentiment d'appartenance à une cité était non seulement compatible avec le sens de l'universel, mais qu'il en était même la condition, les cités, et avec elles l'idée de citoyenneté, sont tombées en discrédit au IVe siècle, ce qui laissa le champ libre à l'impérialisme d'Alexandre et à celui des Romains. Le civisme, l'attachement à la polis, fut alors remplacé par le cosmopolitisme, mot qui désigne un sentiment d'appartenance consistant à reporter sur le monde (et l'humanité) un attachement dont la cité est l'objet premier.
Au cours des temps modernes, les nations se sont imposées comme premier lieu d'appartenance et comme cadres de la citoyenneté. Le discrédit dans lequel elles sont tombées au cours du XXe siècle semble s'accentuer au début du XXIe. D'où l'inquiétude que suscite cette nouvelle forme de cosmopolitisme appelée mondialisation.

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