Dans
Du lisible au visible, Ivan Illich a traité de façon originale de l'évolution de l'idée d'information. Il constate, après
George Steiner, que la grande culture livresque s'est dégradée au point de n'être plus qu'une caricature de ce qu'elle était et, pour illustrer son propos, il présente cette évocation de la lecture dans un monastère du XIIe siècle.
« Les pages étaient encore faites de parchemin plutôt que de papier. La peau translucide du mouton ou de la chèvre était couverte d'une écriture manuscrite et animée de miniatures exécutées au pinceau fin. La forme de la Sagesse Parfaite pouvait illuminer ces peaux, mettant en lumière lettres et symboles, et illuminant l'oeil du lecteur. Regarder un livre était comparable à l'expérience que l'on peut vivre, de bon matin, dans les églises gothiques qui ont conservé leurs vitraux originaux. Quand le soleil se lève, il fait vivre les couleurs de ces vitraux qui, avant l'aube, ne semblaient qu'un obscur remplissage des arcs de pierre. »