Maupassant
Maupassant. M. de Maupassant fut un écrivain fécond; amusant, quoique monocorde; agréable, malgré de l’amertume et une ironie très froide. Son style simple, clair, sage, fluide, ne surprit jamais ni ne découragea personne. On a lu ses romans; peut-être relira-t-on quelques-uns de ses contes : il y en a de parfaits, dans leur forme soigneusement traditionnelle, perpétuellement voltairienne. Boule-de-suif a longtemps passé pour un chef-d’œuvre; c’est une pièce fort adroitement montée et qui fait encore l’admiration des connaisseurs; le vrai Maupassant était tout spontané : dès qu’il n’eut plus peur de Flaubert, il se laissa aller selon son génie, qui lui déconseillait les labeurs trop médités, les écritures trop volontaires. Il fit bien. Il faut toujours suivre son génie. Doué d’une faculté unique : conter, il conta, sans jamais s’arrêter pour réfléchir. Nul talent ne fut plus mécanique, plus fatal, ne se renouvela si peu. Il y a quelques chose d’attristant dans ce toujours la même chose, et on se demande si l’intelligence assume vraiment en de pareils hommes un rôle différent de celui qu’elle joue, pour nous confondre, en diverses manifestations zoologiques d’un illogisme indéchiffrable. M. de Maupassant fut un Jeu de la Nature, un des phénomènes de l’Inconscient les plus curieux de ce temps. Une femme rêve…