La situation du mourant en milieu hospitalier fait problème. Elle a provoqué trois types de réactions. La première est celle de la réhabilitation du mourant comme «authentique maître à penser, un initiateur"»(Expérience de mort imminente - EMI). La seconde est celle de la revendication pour la mort dans la dignité grâce à la libre disposition de sa vie et de sa mort ((Association pour le droit de mourir dans la dignité - ADMD*). La troisième est celle des institutions du bien mourir dont la plus célèbre demeure le St-Christopher's Hospice créé en 1965 dans la banlieue de Londres (les soins palliatifs).
Les unités de soins palliatifs «se spécifient par trois traits essentiels: 1. La maîtrise de la douleur et aussi de la souffrance. 2, La prise en charge du moribond au triple plan biologique, social et psychologique. 3. La naturalisation du mourir à fin de dédramatisation. L'idéal ou plutôt le moindre mal consiste à vivre les derniers instants de son existence dans les conditions les plus acceptables qui soient de confort, de lucidité, de dignité. Il importe avant tout d'empêcher le patient de souffrir tant il est vrai que si la douleur parfois grandit le sujet, le plus souvent elle le dégrade, le déprime et lui renvoie une mauvaise image de lui-même; de plus, elle est aussi intolérable et insupportable pour l'entourage. [...] Et ceci sans provoquer la somnolence, sans altérer, ce qui essentiel, la capacité de communication du malade et même sans introduire un quelconque sentiment de manque lié à l'intoxication. Tout est mis en oeuvre également pour assurer le confort du moribond: lutte contre l'angoisse, l'encombrement pharyngo-trachéal, la déshydration, la nausée, la toux, les prurits, la pollakiurie. [...] Or, plus encore que la douleur, le moribond redoute cette solitude et cet abandon si fréquents dans les institutions où il meurt aujourd'hui. La sensation d'une présence attentive et compréhensive, en revanche, offre une vertu consolatrice telle qu'elle permet de diminuer la dose de médicaments anti-anxiogènes. [...] Il est absolument nécessaire de faire en sorte que le patient vive normalement ses derniers moments; d'où le maternage et la sécurisation, la pratique des soins esthétiques, l'accès aux activités artisanales et ludiques, la rencontre permanente avec les êtres chers. Mais sans tomber dans le piège du vivantomorphisme. Car il y a un vécu propre à celui qui va mourir que la psychologie ne fait encore qu'entrevoir.»