«Dès le départ, la photographie s'est heurtée à la mise en place d'une définition univoque qui puisse pertinemment la cerner. Le daguerréotype (Daguerre), objet unique, métallique, pouvait se prêter à un usage documentaire, notamment à cause de sa précision. D'autre part et au même moment, le calotype (Talbot) sur papier, moins précis, semblait destiné à un usage plus expressif. Entre l'art, la science, le document ou le monument, la photographie a toujours peiné à se définir. Récemment, Régis Durand laissait entrevoir son aspect "indécidable", entre "l'ici du signe et le là du référent", selon l'expression de Philippe Dubois. On tend de plus en plus, aujourd'hui, à concilier ces pôles et à proposer des approches théoriques qui prennent en considération "à la fois le monde, le monde des images et les images du monde", selon la formule de François Soulages. D'autre part, la
photographie numérique (pixotypie) ayant envahi le champ des images, les enjeux actuels tournent aussi autour de la pertinence de considérer, ou non, le poids de réel que draine avec elle, du moins en principe, toute image photographique.»
Jean Lauzon, photographe et docteur en sémiotique