Leclerc Félix

2 août 1914-8 août 1988

Félix Leclerc est né à La Tuque, en Mauricie, à l’été 1914. Sixième des onze enfants de Léo Leclerc et Fabiola Parrot-Leclerc, Félix grandit sur les rives de la rivière Saint-Maurice en côtoyant draveurs et bûcherons que la famille héberge sous son toit en hiver. En 1931, il entreprend des études en Belles-Lettres et Rhétorique à l’Université d’Ottawa que la crise économique force cependant à abandonner en 1933.

Félix Leclerc fait ses débuts à la radio en 1934 à la station CHRC de Québec où il est engagé comme animateur. C’est à cette époque qu’il commence à jouer de la guitare en suivant des cours d’un musicien italien, Vic Angelio. Après trois années passées derrière le microphone, Leclerc se lasse du métier d’animateur et retourne travailler sur la terre de ses parents.

En 1938, Félix Leclerc reprend tout de même le micro, à temps partiel, à la station CHLN de Trois-Rivières où il écrira et réalisera ses premiers sketches pour la radio. L’année suivante, il fait une rencontre déterminante, celle de Guy Mauffette alors jeune réalisateur à Radio-Canada. Guy Mauffette réussit à faire engager Félix Leclerc à la société d’État et permet à celui-ci d’interprèter publiquement sa première chanson, Notre sentier, dans l’émission qu’il réalise intitulée Le Restaurant d’en Face. Leclerc tiendra ensuite plusieurs rôles dans des séries radiophoniques, telles Vie en Famille d’Henry Deyglun et Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon.

Au début des années 1940, Félix Leclerc se consacre plus résolument à l’écriture. Pour Radio-Canada, il écrit d’abord la série, Je me souviens (1941), puis L’encan des rêves (1945). On publie de lui une série de contes écrits pour la radio: Adagio en 1943, suivi d’Allegro et d’Andante en 1944. À l’été 1946, durant un séjour à l’île d’Orléans, il écrit le roman Le fou de l’île, qui ne sera publié qu’en 1958, et le roman autobiographique Pieds nus dans l’aube qui paraît en décembre et dans lequel il relate les souvenirs de son enfance.

Il épouse, le 1er juillet 1942, Andrée Viens qui lui donnera un premier enfant, Martin. À la même époque, il fait la rencontre du père Legault, fondateur de la troupe de théâtre Les Compagnons de Saint-Laurent, dont Félix Leclerc joint les rangs pendant quelques temps, malgré son peu d’intérêt pour le jeu et la chanson. Il se considère avant tout comme un écrivain et un poète.

Maluron, pièce de théâtre écrite par Félix Leclerc, sera présenté par Les Compagnons en 1947. L’année suivante, avec Guy Mauffette et Yves Vien, Félix Leclerc fonde l’éphémère compagnie de théâtre VLM qui présente dans la salle paroissiale de Vaudreuil sa nouvelle création, Le p’tit bonheur.

Une deuxième rencontre qui transformera la carrière et la vie de Félix Leclerc survient en 1950. Jacques Canetti, imprésario français de passage au Québec, auditionne Félix Leclerc le jour précédent son retour à Paris. C’est la révélation. Canetti repart le lendemain avec sous le bras 12 chansons enregistrées la veille dans les studios de CKVL et un contrat d’exclusivité de cinq ans avec Polydor signé par Félix Leclerc. Le 22 décembre 1950, Félix Leclerc monte sur les planches de la célébre salle de l’ABC à Paris. «Le Canadien», séduit les Français par son authenticité, son lyrisme et son parler. Consécration ultime, Leclerc remporte en 1951 le prix du disque de l’Académie Charles-Cros, grande distinction de la chanson française. En quelque mois, Félix Leclerc est devenu une célébrité.

Leclerc est accueilli en grande pompe à son retour au Québec en 1953. Il se produit, entre autres, au Café Continental à Montréal où il connaît un succès retentissant. On présente plusieurs de ses pièces de théâtre au Québec et à l’étranger. À Lausanne, on tient 70 représentations de sa pièce Le p’tit bonheur en 1955. L’Office National du Film (ONF) lui consacre un film, Félix Leclerc troubadour, réalisé par Claude Jutra. Le maintenant célèbre chansonnier refuse même une invitation à se produire au Ed Sullivan Show sur les ondes du géant américain CBS et refuse de donner des spectacles à Las Vegas.

Les années 1960 s'avèrent difficiles pour Félix Leclerc. Sa carrière connaît quelques ratés, il rompt avec première femme. Il prend ses distances d'avec l’Église, puis, est endeuillé par la mort de son père et congédie son imprésario Jacques Canetti. Ses relations s’enveniment avec la presse québécoise et Félix Leclerc décide de quitter le Québec pour s’installer quelque temps en France et en Suisse avec son nouvel amour, Gaëtane Morin, union qui donnera naissance à deux enfants, Nathalie et Francis.

Il revient au Québec en 1970 et s’installe dans une maison qu’il construit lui-même sur l’île d’Orléans. La crise d’octobre et la loi sur les mesures de guerres qu’impose le gouvernement marquent profondément Félix Leclerc et suscitent en lui une ferveur politique nouvelle. «J’ai marché pendant trop longtemps dans les sentiers fleuris et embaumés. Il est plus que temps que j’emprunte des sentiers plus fréquentés, les chemins trop souvent piégés sur lesquels marchent six millions de mes frères». Il écrit à cette époque plusieurs textes où il exprime ses convictions politiques, notamment L’alouette en colère et Les 100 000 façons de tuer un homme.

Pour la troisième fois, il reçoit en 1973 le grand prix du disque de l’Académie Charles-Cros. L’été suivant, la Superfrancofête réunit pour le spectacle J’ai vu le loup, le renard et le lion Gilles Vigneault, Robert Charlebois et Félix Leclerc, devant 120 000 personnes massées sur les Plaines d’Abraham à Québec. Un album double de ce spectacle paraît en 1974. Cet événement musical, réunissant les grands ténors de la chanson d'expression française au Québec, allait donner un élan formidable à une nouvelle génération de créateurs et contribuer au dynamisme du mouvement nationaliste émergeant.

En 1975, pour marquer ses 25 années de carrière en France, Félix Leclerc présente dans plusieurs villes du vieux continent un spectacle intitulé Merci la France où il interprète une sélection des 142 chansons qui ont marqué sa carrière. Un autre album double est tiré de ce spectacle et paraît cette année-là, tout comme le disque Le tour de l’île pour lequel Félix Leclerc s’est adjoint les services du compositeur François Dompierre. Le prix Calixa-Lavallée de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal vient également marquer cette année de commémoration.

En 1976, il salue l’arrivée du Parti Québécois au pouvoir en écrivant un texte paru dans Le Monde dans lequel il déclare cette année l’an 1 du Québec. Quelques années plus tard, lors de la campagne référendaire de 1980 portant sur l’indépendance du Québec, Félix Leclerc écrira un autre texte marquant, dont il fera la lecture publique, qui appelle ses concitoyens à voter en faveur de l’indépendance du Québec.

Un troisième album double tiré d’un spectacle de Félix Leclerc paraît en 1977. Dans celui-ci, enregistré l’année précédente au Théâtre de l’Île d’Orléans, Leclerc partage la scène avec Claude Léveillé. C’est également en 1977 que «le Canadien» effectue sa dernière tournée en France. L’année suivante paraît, son dernier disque, Mon fils et le recueil de maximes Le petit livre bleu ou le nouveau Calepin d’un même flâneur qui fait suite au premier Calepin d’un flâneur paru en 1961 et qui sera complété par un troisième, Rêves à vendre, paru en 1984 et un Dernier calepin en 1988.

Dans les années qui suivent, Félix Leclerc reçoit nombre de distinctions dont le prix Denise-Pelletier, la plus haute distinction dans le domaine des arts, décerné par le Gouvernement du Québec (1977), le Grand prix Spécial de l’Association du Disque et de l’Industrie du Spectacle du Québec (ADISQ) qui, en son honneur, nommera ses prix annuels «Félix» (1978), un doctorat honoris causa de l’Université Laval (1982), l’insigne de l’Ordre National des Québécois (1985) et les Insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur (1986).

Félix Leclerc meurt au matin du 8 août 1988 sur son Île d’Orléans. Il laisse derrière lui un pays en deuil, mais lui lègue une œuvre considérable. Il aura influencé toute une génération de chanteurs et de poètes aussi bien au Québec qu’à l’étranger où Brel et Brassens ont reconnu l'influence du «Canadien» sur leur oeuvre.

En 2005, la télésérie intitulée Félix Leclerc: le fou de l’île portera la vie du célèbre chanteur à l’écran. Le chanteur québécois Daniel Lavoie personnifiera Félix dans cette série qui sera présentée sur les ondes de Radio-Canada et de France 3.

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