Ptolémée

Notice biographique rédigée par un éminent savant français du 19e siècle :

"On ne peut assigner avec certitude le lieu et la date de la naissance de Ptolémée, quoique pendant une longue suite de siècles il ait été considéré comme le plus grand astronome de l’antiquité, quoique ses nombreux admirateurs eussent même attaché à son nom l’épithète de divin. Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il vivait sous les règnes d’Adrien et d’Antonin, qu’il florissait vers l’an 130 de notre ère, et que sa mort arriva à une époque inconnue, mais postérieure au 22 mars de l’an 141 de notre ère.

Nous ne connaissons, du reste , aucune particularité de sa vie. Quelques écrivains, se fondant sur la similitude des noms, ont prétendu qu’il était de la race royale des Ptolémées, qu’il ne voulut se faire un nom que par ses recherches scientifiques, et que, suivant cette pensée, il vécut uniquement occupé de la contemplation du ciel dans les ptères ou ailes d’un temple égyptien à Canope; mais tout cela est dénué de preuves. Ptolémée avait modestement intitulé son principal ouvrage, Composition ou syntaxe mathématique. Entre les mains des traducteurs arabes cet ouvrage est devenu le très-grand (Almagesti), et le d’Almageste lui est resté.

On donnera une juste idée de l’admiration des savants de l’Orient pour l’Almageste, en rapportant qu’une des conditions du traité de paix conclu par les califes vainqueurs avec les empereurs de Constantinople, fut le don d’une édition manuscrite de l’ouvrage de Ptolémée.

L’Almageste renferme une exposition claire du système astronomique qui porte le nom de son auteur, et des questions variées qui s’y rattachent; on y trouve aussi une description de tous les instruments qui, suivant Ptolémée, étaient nécessaires à l’observateur qui voulait perfectionner la science.

Lorsque des astronomes se livrèrent à une étude minutieuse de l’Almageste, non pour apprendre simplement quelle était l’étendue des connaissances des Grecs sur l’astronomie, mais pour y puiser des éléments de nouvelles discussions, la réputation de Ptolémée reçut les plus grandes atteintes. Kepler, qui le premier vit combien il était difficile de concilier plusieurs des résultats de Ptolémée avec les observations modernes, ne voulut pas s’attaquer à la renommée jusque-là intacte de l’astronome d’Alexandrie. Il supposa qu’en quinze siècles il était arrivé dans le ciel de grandes perturbations. Mais Halley, Lemonnier, Lalande, Delambre, n’usèrent pas d’un tel ménagement; ils accusèrent Ptolémée d’avoir falsifié les observations anciennes d’Hipparque et quelquefois de se les être appropriées; d’avoir dissimulé avec soin celles des observations qui ne s’accordaient pas avec ses théories. Quoi qu’il en soit de ce débat, durant lequel des opinions contradictoires ont été soutenues par des hommes de premier mérite, il est certain qu’une de ses conséquences a été de faire descendre Ptolémée du rang que l’antiquité lui avait assigné et de donner la première place au vieux Hipparque.

Les nombreux écrits de Ptolémée dont il nous resterait à parler, ne sont arrivés à la connaissance des modernes que par des traductions arabes. Nous ne mentionnerons ici que son Optique, dont il existe des traductions latines dans la grande bibliothèque de Paris, et à ce qu’il paraît dans une bibliothèque d’Italie. On trouve dans ce traité une table exacte des réfractions que la lumière éprouve en passant de l’air dans l’eau et dans le verre. Nous ne pouvions nous dispenser de citer le seul ouvrage de physique expérimentale que les anciens Grecs nous aient légué. Disons qu’on trouve dans ce traité, longtemps perdu, des notions justes, sinon des valeurs, de la réfraction atmosphérique, et cet énoncé parfaitement exact que cette réfraction va en augmentant depuis le zénith, où elle est nulle, jusqu’à l’horizon."

François Arago (1786-1853), «Ptolémée », texte tiré des «Biographies des principaux astronomes», dans Oeuvres complètes de François Arago. Tome troisième. Notices biographiques. Volume 3. Publiées d'après son ordre sous la direction de M. J.-A. Barral. Paris, Gide et J. Baudry; Leipzig, T. O. Weigel, 1854, p. 160-162

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