Hipparque

Notice biographique rédigée par un éminent savant français du 19e siècle:

«Hipparque, que d’un commun accord le monde savant a salué du titre glorieux de plus grand astronome de l’antiquité, naquit à Nicée, en Bithynie, à une époque dont on ne sait pas exactement la date. On ne pourrait pas non plus fixer avec précision la date de sa mort. Nous savons seulement par Ptolémée que l’illustre astronome était plein de vie pendant les années 127 et 128 avant notre ère.

Dans sa jeunesse, Hipparque observa dans sa ville natale. Plus tard il s’établir à l’île de Rhodes, où ses principaux travaux furent exécutés. Quelques historiens de la science parlent de son séjour à Alexandrie, mais il n’est pas certain qu’il ait jamais visité cette ville et surtout qu’il s’y soit établi.

Hipparque a écrit un grand nombre d’ouvrages, mais un seul, fruit de sa jeunesse, nous est parvenu : c’est le Commentaire sur le poëme d’Aratus. Toutes les autres productions de l’observateur de Rhodes ont été perdues, et ne nous sont connues que par ce qu’en disent Ptolémée et d’autres écrivains plus anciens.

Hipparque procéda d’abord dans ses observations par voie d’ascension droite et de déclinaison. Il avait imaginé des méthodes pour transformer ces deux coordonnées des astres en longitude et latitude; c’est dire qu’on lui doit l’invention de la trigonométrie sphérique. Pour se soustraire aux calculs excessivement laborieux que ces transformations exigeaient, il imagina un instrument, l’astrolabe, à l’aide duquel les longitudes et les latitudes des astres pouvaient être déterminées directement. C’est en comparant les longitudes et les latitudes des étoiles avec celles qui résultaient d’observations beaucoup plus anciennes d’Aristille et de Timocharis, qu’il fit la découverte qui immortalisera son nom. Il reconnut que l’équinoxe n’était pas fixe, qu’il rétrogradait par un mouvement dirigé de l’orient à l’occident; que les étoiles restaient toujours à la même distance de l’écliptique, tandis que leur déclinaison, ou leur distance à l’équateur, était très-variable. Or, comme l’équateur, dans l’hypothèse de l’immobilité de la Terre, devait être invariable aussi, on expliquait la précession des équinoxes en dotant la sphère étoilée d’un mouvement annuel parallèle à l’écliptique, dirigé de l’occident à l’orient.

Ptolémée déclare que ce mouvement de précession, d’après les observations d’Hipparque, est de plus de 36’’; ceci est vrai, mais le chiffre donné se trouve pourtant fort éloigné de la vérité, puisque nous savons aujourd’hui que le déplacement des équinoxes est de 50’’ par an.

Je fais connaître ailleurs les découvertes importantes d’Hipparque sur les mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes.

Je dois seulement, avant de terminer cette notice biographique, consigner ici l’opinion fondée sur un passage de Pline, sur les motifs qui déterminèrent Hipparque à former son catalogue de 1026 étoiles.

L’éloquent écrivain dit qu’Hipparque ayant aperçu une étoile qui s’était formée de son temps, voulut que la postérité pût constater si les étoiles naissent ou meurent, et dans cette vue entreprit le catalogue que Ptolémée nous a conservé et dans lequel figurent 1026 de ces astres. Mais on a conçu des doutes sur la réalité de cette anecdote, s’appuyant particulièrement sur ce que Ptolémée n’en fait nullement mention.

Voici les titres des ouvrages qu’Hipparque a composés, et qui sont irrévocablement perdus : Description du ciel étoilé; Des grandeurs et des distances du Soleil et de la Lune; Des ascensions des douze signes; Du mouvement de la Lune en latitude; Du mois lunaire; De la longueur de l’année; De la rétrogradation des points équinoxiaux et solsticiaux; Critique de la Géographie d’Ératosthène; Représentation de la sphère sur un plan; Table des cordes du cercle en douze livres; Traité des levers et des couchers des étoiles."

source: François Arago, «Hipparque », dans les « Biographies des principaux astronomes », Oeuvres complètes de François Arago. Tome troisième. Notices biographiques. Volume 3. Publiées d'après son ordre sous la direction de M. J.-A. Barral. Paris, Gide et J. Baudry; Leipzig, T. O. Weigel, 1854, p. 157-159

Articles





Lettre de L'Agora - Printemps 2025

  • Billets de Jacques Dufresne

    J'ai peur – Jour de la Terre, le pape François, Pâques, les abeilles – «This is ours»: un Texan à propos de l'eau du Canada – Journée des femmes : Hypatie – Tarifs etc: économistes, éclairez-moi ! – Musk : danger d'être plus riche que le roi – Zelensky ou l'humiliation-spectacle – Le christianisme a-t-il un avenir?

  • Majorité silencieuse

    Daniel Laguitton
    2024 est une année record pour le nombre de personnes appelées à voter, mais c'est malheureusement aussi l’année où l'abstentionnisme aura mis la démocratie sur la liste des espèces menacées.

  • De Pierre Teilhard de Chardin à Thomas Berry : un post-teilhardisme nécessaire

    Daniel Laguitton
    Un post-teilhardisme s'impose devant l'évidence des ravages physiques et spirituels de l'ère industrielle. L'écologie intégrale exposée dans les ouvrages de l'écothéologien Thomas Berry donne un cadre à ce post-teilhardisme.

  • Réflexions critiques sur J.D. Vance du point de vue du néothomisme québécois

    Georges-Rémy Fortin
    Les propos de J.D. Vance sur l'ordo amoris chrétien ne sont somme toute qu'une trop brève référence à une théorie complexe. Ce mince verni intellectuel ne peut cacher un mépris égal pour l'humanité et pour la philosophie classique.

  • François, pape de l’Occident lointain

    Marc Chevrier
    Selon plusieurs, François a été un pape non occidental parce qu'il venait d'Amérique latine. Ah bon ? Cette Amérique se tiendrait hors de l'Occident ?

  • L'athéisme, religion des puissants

    Yan Barcelo
    L’athéisme peut-il être moral? Certainement. Peut-il fonder une morale? Moins certain, car l’athéisme porte en lui-même les semences de la négation de toute moralité.

  • Entre le bien et le mal

    Nicolas Bourdon
    Une journée d’octobre splendide, alors que je revenais de la pêche, Jermyn me fit signe d’arrêter. « Attends ! J&

  • Le racisme imaginaire

    Marc Chevrier
    À propos des ouvrages de Yannick Lacroix, Erreur de diagnostic et de François Charbonneau, L'affaire Cannon

  • Le capitalisme de la finitude selon Arnaud Orain

    Georges-Rémy Fortin
    Nous sommes entrés dans l'ère du capitalisme de la finitude. C'est du moins la thèse que Arnaud Orain dans son récent ouvrage, Le monde confisqué

  • Brèves

    La source augustinienne de la spiritualité de Léon XIV – La source augustinienne de la spiritualité de Léon XIV – Chine: une économie plus fragile qu'on ne le croit – Serge Mongeau (1937-2025) – Trump: 100 jours de ressentiment – La classe moyenne américaine est-elle si mal en point?