Causerie

Charles-Pierre Baudelaire
« Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.

- Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ;
Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé
Par la griffe et la dent féroce de la femme.
Ne cherchez plus mon coeur ; les bêtes l'ont mangé.

Mon coeur est un palais flétri par la cohue ;
On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux !
- Un parfum nage autour de votre gorge nue !...

Ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux !
Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,
Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes ! »

Autres articles associés à ce dossier

L'acedia

Jacques Dufresne


L'acedia

Jacques Dufresne

Un mal d'hier qui aide l'homme d'aujourd'hui à mieux se connaître. Voir la Prière de Saint Ephrem.

Lettre à M. de Lamartine (extraits)

Alfred Musset

Humilité du poète qui dépose son spleen aux pieds du maître romantique.

De la tristesse

Michel Montaigne

Certains philosophes, parmi eux Montaigne, se sont fait un devoir de ne laisser aucune emprise à la tristesse sur leur âme. À rapprocher de ce mot

À lire également du même auteur

«Madame Bovary» par Gustave Flaubert
IEn matière de critique, la situation de l'écrivain qui vient après tout le monde, de l'écrivain retardataire, comporte des avantages que n'avait pas l'écrivain prophète, celui qui annonce le succès, qui le commande, pour ainsi dire, avec l'autorité de l'audace et du dévou

Vers pour le portrait de M. Honoré Daumier
XIIIVers pour le portrait de M. Honoré DaumierCelui dont nous t’offrons l’image,Et dont l’art, subtil entre tous,Nous enseigne à rire de nous,Celui-là, lecteur, est un sage.C’est un satirique, un moqueur; Mais l’énergie avec laquelleIl peint le Mal et sa sÃ

Tout journal n'est qu'un tissu d'horreurs
« Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté

Sur George Sand
XXVI« Sur George Sand.La femme Sand est le Prudhomme de l'immoralité.Elle a toujours été moraliste.Seulement elle faisait autrefois de la contre-morale.Aussi elle n'a jamais été artiste. Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois.Elle est bête, elle est lourde, elle est

Spleen
LVSpleenJ'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,De vers, de billets doux, de procès, de romances,Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,Cache moins de secrets que mon triste cerveau.C'est une pyramide, un immense caveau,Qui c

Qu'est-ce que le romantisme?
Peu de gens aujourd'hui voudront donner à ce mot un sens réel et positif; oseront-ils cependant affirmer qu'une génération consent à livrer une bataille de plusieurs années pour un drapeau qui n'est pas un symbole? Qu'on se rappelle les troubles de ces derniers temps, et l'on verra

Mon coeur mis à nu
I« De la vaporisation et de la centralisation du Moi. Tout est là. D'une certaine jouissance sensuelle dans la société des extravagants.(Je peux commencer Mon coeur mis à nu n'importe où, n'importe comment, et le continuer au jour le jour, suivant l'inspiration du jour et de la cir




L'Agora - Textes récents