De la tristesse
Mardi le 21 novembre 2000
Certains philosophes, parmi eux Montaigne, se sont fait un devoir de ne laisser aucune emprise à la tristesse sur leur âme. À rapprocher de ce mot de Diderot à sa fille: «Il te faut faire de justice vertu, et du bonheur un devoir».
Je suis des plus exempts de cette passion, et ne l'aime ni l'estime, quoique le monde ait pris, comme à prix fait, de l'honorer de faveur particulière. Ils en habillent la sagesse, la vertu, la conscience: sot et monstrueux ornement. Les Italiens ont plus sortablement baptisé de son nom la malignité. Car c'est une qualité toujours nuisible, toujours folle, et, comme toujours, couarde et basse, les Stoiciens en défendent le sentiment à leurs sages.