Impressions d'une Transat

Louis Valcke

Le Pawn est un solide bateau en fibre de verre, longueur hors tout neuf mètres. Construit en Hollande pour la course Transat, il avait par après été renforcé intérieurement, son lest ayant augmenté de 300 kilos et (le) 1er mât allongé en conséquence. C'est avec ce bateau que mon neveu Emmanuel avait quitté la Belgique fin septembre '81 pour enfiler la Manche, passer la Bretagne vers l'Espagne et le Portugal et atteindre les Canaries où des vandales, apparemment pour une question d'antagonisme entre Yacht Clubs, avaient lardé son annexe de quelques coups de couteau... C'est donc sans dinghy utilisable que le voyage se poursuivit vers les Îles du Cap Vert, puis (c)e fut la traversée vers le Brésil et l’atterrissage à Récife.

Après un séjour de quelques mois au Brésil (Carnaval, évidemment, mais aussi remontée de l'Amazone) voila Emmanuel qui atteint les Antilles françaises.

J'étais au courant de ce voyage et suivais ce périple très approximativement au fil de quelques cartes postales, et je me disais que si, par chance, mon neveu ne traversait pas à Panama mais se limitait a faire le tour de l'Atlantique, il entreprendrait la traversée de retour vers le mois de mai, à un moment où je pourrais le rejoindre. Et effectivement, début mai je reçus un télégramme de la Guadeloupe, me disant que le Pawn m'attendait pour le retour. Comme il était difficile de partir sur l'heure, ou presque, nous nous mîmes d'accord par téléphone pour nous retrouver la semaine du 23 mai au R.B.Y.C. à Hamilton, Bermudes.

Et je m'envolai donc ce dimanche de Montréal pour atterrir quelques heures plus tard aux Bermudes. Emmanuel arriva le mercredi, un peu crevé tout de même: si jusqu'à la Guadeloupe  il avait toujours eu, de port en port, l'un ou l'autre équipier, c'est en solitaire qu'il avait navigué les 1,100 milles qui séparent les Antilles françaises des Bermudes.

Quelques jours de tourisme relaxe sur cette île très agréable, où les gens, très actifs, semblent heureux de vivre. Le tourisme y a supplanté toute autre industrie, personne ne s'en plaint, tous en vivent, personne n'en a de complexe. Un tourisme assez chérot, sans doute, mais exempt de surprises désagréables -- ce qui est déjà très appréciable!


C'est le dimanche 29 mai que nous quittons Hamilton, situé au centre de la lagune, mais ce n'est pas encore le vrai départ. Nous nous rendons seulement à St. George, à l'extrémité est de l'île. St. George a un port tout petit, avec un quai et un pont tout blanc, donnant de pl(a)n-pied sur King Square, l'ancienne grand'place de la ville: pilori reconstruit pour touristes et reconstitution du Deliverance (1610), mais aussi restaurants en terrasse au bord de l'eau, quelques vieux pubs et, dans les environs immédiats, d'anciennes maisons transformées en musées, d'ailleurs avec beaucoup d'art et de finesse. Signalons plus haut sur la colline qui domine la petite ville, le spectacle tout-à-fait inattendu des ruines d'une cathédrale gothique dont la jungle s'empare progressivement: lianes et palmiers y poussent librement. On se rassure cependant en apprenant qu'il s'agit seulement d'une église qui, commencée vers 1900, n'a pu être achevée faute de fonds. Plus loin, défendant les abords du chenal les Forts bien conservés de Gates et de Ste Catherine, S. George n'offre guère de commodités portuaires: impossible d'y prendre une douche avant le départ, et attention! ne remplissez pas vos réservoirs aux lavabos publics, l'eau qui y coule est fraîche et cristalline, mais c'est de l'eau de mer. Pourtant, avis aux amateurs: allez plutôt à S. George qu’à Hamilton, l'ambiance y est encore plus agréable et les prix plus abordables.

Ce sera le lendemain 30 mai, a 1508 G.M.T. que nous quittons S. George pour la première moitié de la traversée: des Bermudes aux Açores, notre loch indiquant précisément 7054,13 mi. Il y a un bon vent portant, f. 4 ou 5, nous tangonnons et la vitesse se maintient aisément entre 5,5 et 6 nds. Si pendant tout le séjour aux Bermudes le temps fut beau à très beau, avec vent faible à modéré, nous nous étonnons du changement graduel: il fera encore beau perdant les deux prochains jours, mais avec de plus en plus de nuages, et le vent ne cesse de forcir. Vers 19h30 du premier soir, premier incident qui aurait pu avoir des conséquences bien fâcheuses : la pale du pilote automatique se détache et coule à pic! Heureusement, Emmanuel avait profité de son séjour au Brésil pour y tailler une pale de réserve, en splendide bois des Tropiques. Mettant à la cape, on répare donc sans trop de peine.

Le lendemain, vers 5 h du matin, le bruit du moteur me réveille : la vitesse du bateau entraînait l’hélice qui normalement aurait dû se bloquer automatiquement. Ce n'est pas grave mais, reniflant, je crois sentir une odeur de roussi. Effectivement je constate que les deux batteries sont très chaudes, alors qu'elles ne débitaient pas; et peu après Emmanuel, que j'ai réveillé, en découvre la cause : les vibrations ont dégarni l'isolant du câble d'alimentation et celui-ci s'est soudé au bâti du moteur! d'où surchauffe et danger d'incendie : que se serait-il passé si Pawn avait eu un moteur a essence plutôt qu'un diesel? Pure spéculation évidemment; toujours est-il que les batteries étaient à plat. Il était encore possible de lancer le moteur la manivelle mais, nous allions le constater bientôt, les batteries perdaient leur charge très rapidement et pour le reste du voyage le peu d'électricité qu’elles conservaient servirait uniquement à actionner le loch : plus de lumière électrique pour la cabine, plus de feux de position pour le bateau. Le faible lumignon d'une lampe-tempête pendue à un étai devra suffire pour signaler notre présence…

Partant des Bermudes pour les Açores au mois de juin, pour n'atteindre la Mer du Nord qu'au début juillet, je pensais bien, au moins inconsciemment, tricher quelque peu : une transat authentique, sans doute, mais effectuée confortablement aux latitudes les plus faciles, et durant la période la plus agréable de l'année. Il n’en fut rien. Dès le second soir, un mauvais coucher de soleil jaunâtre n'annonçait rien de bon pour le lendemain, et à partir de ce moment nous allions, jusqu'en Manche, connaître un temps détestable : ciel bas, horizon bouché, rideaux de pluies un peu partout, vent beaucoup plus fort que prévu, ponctué de rafales. Pendant les seize jours que dura la traversée jusqu'à Florès, il y eut une période de 4 jours consécutifs où nous n'avons pas pu faire le point faute de soleil, et cela en plein mois de juin! Quant au baromètre, s'il se hissait péniblement de quelques millibars c’était pour s'effondrer à nouveau dans les heures qui suivaient. Aller ainsi de dépression en dépression est plutôt déprimant, d'autant plus que nous étions précisément dans cette région du globe où règne en principe le fameux anticyclone des Açores. Les Pilot Charts donnent pour le mois de juin une pression atmosphérique moyenne de 1022,5 millibars; or la veille de notre arrivée à Florès, le baromètre avait enfin arrêté sa chute à 1001! La navigation était dure car le bateau, probablement trop lesté, donnait des coups de bélier dans les vagues, et nous vivions dans l'inconfort total d'une humidité constante : pour sécher caleçons et chemises, il fallait dormir avec dans un sac de couchage également humide…

Par contre, la navigation proprement dite était facile : le vent, fort ou trop fort, conservait heureusement une direction presque constante et nous équilibrions la toile de façon à maintenir une vitesse dépassant juste les six noeuds, ce qui pour ce bateau était proche de la vitesse de coque. L’Océan etait étonnament vide : hors du traffic (sic) côtier et avant les approches de la Manche, nous n'avons aperçu en tout et pour tout que deux navires, ce qui nous libérait de la nécessité des veilles ou des quarts : nous dormions la nuit et nous nous réfugions à l'abri de la cabine par gros temps, c.à d., hélas, les trois-quarts du temps! Non seulement n'y avait-il pas de bateau -- mais nous n'avons vu aucun poisson, sauf peut-être un thon entre deux vagues, aucun détritus, sauf une poutre de trois pieds, aucun cétacé, sauf un unique groupe de marsouins. Seule était présente au rendez-vous une sorte de pétrels, oiseaux des tempêtes que nous pouvions voir chaque jour. Ce vide de l’océan avait quelque chose d'hypnotisant : une fois la routine quotidienne bien établie, j'avais l'impression que ce voyage pouvait durer indéfiniment, rien ne venant modifier l'ordonnance des jours tandis que l'horizon toujours semblable ne nous donnait aucune référence où mesurer notre progrès…

Le 14 juin, veille de notre arrivée à Florès, le temps était bizarre. Très haut, dans le bleu du ciel, flottaient, immobiles ou presque, des nuages qu'on aurait pris pour des nuages de beau temps n’eut été, à ras de l'eau, une mince couche nuageuse, ou plutôt des paquets de brume qui s'effilochaient en se roulant au vent, le tout étant baigné d'une lumière jaunâtre. C'était d'autant plus inquiétant que le vent était resté assez stable, autour de f. 5, tandis que le baromètre ne cessait de descendre pour se stabiliser vers 5h. du matin. Comme il fallait s'y attendre le vent se mit à augmenter et le matin nous ne naviguions plus que sous le seul tourmentin, dépassant encore, même sous cette voilure réduite, les six noeuds. Nous nous rapprochions rapidement de l'île et vers 10h30 un point gonio nous situait tout contre elle, sinon même dessus! Pourtant d’incessantes rafales de pluie réduisaient la visibilité à moins d'un mille, et nous ne voyions toujours rien. Cela en devenait inquiétant lorsque tout-à-coup vers 11h. Emmanuel aperçoit entre deux ondées et exactement là où nous l’attendions, le phare qui marque le cap N.O. de l'île. Nous étions cependant loin d'être au bout de nos peines -- qui en fait ne faisaient que commencer. En effet, la force du vent ne cessait de croître, il était donc impossible d'augmenter la voilure, et avec le seul tourmentin, même aidé du moteur, nous ne pouvions maintenir un cap qui nous aurait permis de contourner la pointe nord de l'île. Or, la seule côte abordable est la côte est, tandis que la côte ouest, longue falaise rectiligne défendue par une série continue de récifs, ne donnait aucun abri et recevait vent et vagues de plein fouet. De relèvement en relèvement, il devenait clair que la dérive nous portait vers la côte, nous empêchant de remonter suffisament (sic) au nord, et nous décidions donc, un peu tard, de contourner l’île par le sud en longeant la côte ouest. Le vent avait une orientation telle que pendant deux longues heures nous ne pouvions que longer la côte, sans réussir à nous en écarter. Nous étions probablement à un mille des falaises volcaniques que nous pouvions de temps en temps entrevoir entre les rafales de pluie. Nous avons enfin vu la côte s'écarter : nous contournions la pointe sud. C'est à ce moment que nous avons eu les vagues et les vents les plus forts de toute la traversée. On entendait siffler le gréement et les bourrasques devaient dépasser f. 9 tandis que nous dévalions les vagues que c’en était un plaisir -- sauf que, en une heure de temps, trois belles déferlantes ont croulé sur nous, remplissant le cockpit è ras-bord!

Finalement, à l'abri de l'île, nous avons pu nous rapprocher de Lajès, simple quai rectiligne, où nous ne pouvions accoster à cause de la houle. Le seul port donnant un minimum de protection est celui de la capitale, Santa Cruz, situé plus au nord, mais dont les dimensions réduites n'autorisent l'ancrage que de cinq voiliers au maximum -- or, nous étions le sixième. Ce qui fait que pendant deux jours nous avons dû nous morfondre à l'ancre dans une baie voisine, car l'annexe, tailladée aux Canaries, ne nous permettait pas d'aller à terre, sinon occasionnellement, grâce à l'amabilité des pêcheurs qui nous avaient repérés. Deux jours plus tard nous avons pu prendre la place d'un Hollandais qui bourlinguait à bord d'un très beau booier, bateau à fond plat et à dérives latérales plutôt destiné aux hauts-fonds de de l'estuaire de l'Escaut qu'aux houles océanes.

L'archipel des Açores est le seul endroit au monde où se pratique encore la chasse à la baleine à la façon traditionnelle. Lorsqu'une baleine proche est signalée, les hommes abandonnent leurs champs et embarquent dans de légères baleinières aux formes merveilleusement effilées, pour aller à la rencontre du cétacé et l'attaquer au harpon lancé à la main, comme au temps de Moby Dick. La baleine morte est ensuite remorquée au port où elle est halée le long d'un plan incliné puis dépecée sur place pour en faire fondre le lard et récupérer l'huile.

Les gens, très simples, y sont encore très accueillants, pour -- que de gaffes imbéciles des voyous de passage peuvent commettre ! L'an dernier, un équipage profita de la confiance des gens pour faire des provisions à crédit -- et pour s'enfuir sans payer, la nuit venue. Voilà qui laisse une impression durable ... comme aussi ces attitudes un peu tape-à-l'oeil, alors que face à cette population accueillante et fruste, le "low profile" serait tellement plus approprié.

Nous sommes restés cinq jours sur l'île, malheureusement le temps toujours instable a empêché toute excursion au-delà du périmètre immédiat de Santa-Cruz, gros village de quelques 3000 habitants -- dont les plus jeunes n'ont qu'une idée en tête : émigrer dès que possible, au Canada, si possible…

Nous avons quitté Santa-Cruz le lundi 21 juin, vers 8h50 du soir. Ce jour-là, pour la première fois depuis les Bermudes il avait fait merveilleusement beau et c'est par un splendide coucher de soleil que nous avons quitté Florès pour longer l’île de Corvo pendant la plus grande partie de la nuit. Derrière nous, nous voyions les éclats du phare de Florès qui s’abaissait sur l’horizon jusqu’à atteindre sa limite de visibilité qui est de 23 milles : à ce moment très exactement, il y eut quelques éclats hésitants et interrompus, puis le feu disparu(t) sous l’horizon : de nouveau, pendant douze jours, nous ne verrions autour de nous qu'un océan uniformément vide, à l’exception, le second jour, d'un grand pétrolier qui se dérouta pour nous contourner : sans doute, nous avions droit de passage, mais merci quand même!

Le temps devint aussi exécrable qu’avant mais nous étions maintenant parfaitement aguerris, et cela ne nous gênait plus guère. Le 26 cependant il y eut encore un bon coup de vent à f. 8, qui contrecarrait la houle établie, rendant la mer extrêmement dure, et faisant surgir des geysers là où deux crêtes se rencontraient. En soirée, l'inévitable se produisit : notre Pawn fut brutalement soulevé et jeté latéralement dans le creux de la lame suivante. Bien sûr, on sait que le bateau doit se redresser -- mais on est heureux d'en avoir la confirmation expérimentale…

Selon nos calculs nous devions approcher de la pointe de la Bretagne dans la nuit du 2 juillet, et effectivement vers 3h30, nous avons observé les éclats d'un phare qui, a la limite de visibilité ne pouvait être que celui de l'île d'Ouessant. Il disparut presque immédiatement dans les lueurs de l'aube naissante, mais nous avions un bon cap. De nouveau, vent, pluie et brume se mêlèrent pour réduire la visibilité à un ou deux milles, mais nous savions que nous devions atteindre Ouessant vers 10h, et de fait l'île se profila devant nous à peu près à l'heure dite…

Nous étions en fin de voyage, depuis trois jours, aux approches de la Manche, la prudence nous avait imposé de longues heures de veille, le temps était toujours exécrable et nous avions devant nous le dense traffic des "narrow seas" : bref, nous pensions que nous avions tout avantage à aller prendre un peu de repos à l'abri du port le plus proche, celui de Brest. La navigation entre l'île d'Ouessant et l'entrée de la rade de Brest est dangereuse, la passe est parsemée d'îlots et de récifs et les courants y sont extrêmement puissants. De plus, Emmanuel ayant quitté l'Europe en ‘81, nous n'avions pas les tables des marées pour '82. Par mesure de sécurité, il nous fallait aller chercher une bouée au sud-est, que nous devions laisser sur babord pour remonter ensuite vers le nord-est. Déportés par le courant, par une visibilité très limitée, nous n'avons jamais vu cette bouée, et pendant quelques heures nous étions vraiment perdus; même les relèvements gonio n'étaient d'aucune utilité, car les seuls deux postes que nous captions étaient situés sur une même droite par rapport à nous. Tout cela était d'autant plus impressio(n)nant que par la V.H.F. nous entendions le poste de la Pointe St-Mathieu qui dirigeait une vedette vers un bateau désemparé dont un équipier était tombé en mer. L'échange radio a duré longtemps, mais peu à peu nous nous éloignions hors de portée ce qui fait que nous ne savons pas comment s'est terminée cette mésaventure…

Ce n'est que plusieurs heures plus tard que nous avons aperçu une côte : baie d'Audierne, au sud de la Pte du Raz? baie des trépassés, à la pointe même? ou baie de Douarnenez? D'après la durée de la navigation depuis que nous avions aperçu le phare d'Ouessant, tout était possible. En fait, il s’agissait bien de la baie de Douarnenez, et nous avons enfin pu accoster à Morgat, vers 21h30. Nous ne savons toujours pas quelle route exacte nous avons suivie, car en plus de 18 heure de navigation nous n'avions pas couvert plus de 30 milles en ligne droite!

Après deux jours d'un repos bien mérité à Morgat, le temps s'étant enfin merveilleusement rétabli, nous partons le soir du 4 juillet pour la dernière étape. A peine avons-nous quitté la baie que le vent tombe tout-à-fait : nous sommes forcés de continuer au moteur. De nuit nous nous faufilons dans le difficile chenal du Fromveur, entre Ouessant et la Pte St-Mathieu. Le chenal est marqué par un feu à secteur, mais allez donc trouver le bon parmi la trentaine de phares et de bouées qui clignotent dans les parrages! Mais voilà que le poste d'Ouessant nous appelle par radio pour nous signaler que nous sommes en plein milieu du chenal avec une orientation parfaite! Dieu! ce que cela fait plaisir à entendre!!

C'est sur une mer d'huile que se poursuit le voyage, par temps suffocant et sous un soleil digne des Tropiques. Une brève escale dans l'île de Guernesey pour faire du mazout, puis nous longeons en soirée l'île d'Alderney où le courant, paraît-il, peut atteindre les sept noeuds, et d'où nous admirons pleins d'un respectueux effroi, se dessinant dans les brumes du couchant, les célèbres "Noires Putes", récifs de triste réputation. Une dernière émotion forte nous attendait devant Calais : deux Hovercraft, surgissant hors de nulle part, foncent droit vers nous de tous les vrombissements de leurs six moteurs d'avion. Mais ils nous contournent bien sagement. Puis ce sera, pour la dernière nuit, la passe de Dunkerque, étroite mais très bien balisée, et qui, sur plusieurs milles, longe de très près l'énorme port pétrolier qui, à portée de la main ou presque, brillait de tous ses feux. Et enfin, le 9 juillet arrivée triomphale à Ostende, ma ville natale, accueillis du haut de l'estacade par un extraordinaire comité de réception familial et amical. Les plus ahuris étaient les touristes de passage, nombreux en ce beau jour d’été. Une bonne dame demande à une cousine: "Mais qu'a-t-il de spécial ce bateau-là?". -- "Ce bateau-là, répondit-elle, ce bateau-là, madame, il vient d'Amérique!".

Nous avions parcouru 3587 milles et c'était notre 32ième jour de navigation, escales non comprises...

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