La guérison chez les Navajos
Voici la description de l'une de ces cérémonies.
«Le malade, un homme de cinquante ans environ, avait rêvé que son enfant était mort. Il en fut à ce point bouleversé qu'il tomba dans un état de dépression sévère. Au bout de quelques semaines on consulta un devin. Celui-ci entra en transe, regarda les étoiles et vit un ours. Il dit au malade: «Cherche un chanteur capable de chanter le Chant de la Montagne car tu mourras sûrement si tu ne le trouves pas». On trouva le chanteur, et il dit au malade: «Quand tu étais petit, tu as vu un ours malade ou mort; ou bien c'est ta mère qui l'a vu avant ta naissance. Cet ours était un animal sacré. Il faut maintenant te réconcilier avec lui». A cet effet, il fallait exécuter un des Chants de Neuf Jours, la forme masculine du Chant de la Montagne.
On construisit deux huttes: l'une, la «maison des chants» ou «maison de la médecine» pour le malade, l'autre pour sa femme et ses enfants. Tous ses «frères de clan» vinrent prêter leur concours pendant les neuf jours que dura la cérémonie, tandis que les femmes de sa famille faisaient la cuisine et assuraient le service. Le malade, le guérisseur et les autres hommes commencèrent par prendre des bains de vapeur et par se soumettre à des rites de purification.
[...] Douze hommes se retrouvèrent devant la maison de la médecine les sixième, septième, huitième et neuvième jours et, sous la direction du guérisseur, ils exécutèrent de belle peintures sur le sol avec du sable coloré. Ces dessins sont aussi remarquables pour leur valeur artistique que pour leur signification mythologique et symbolique. Le guérisseur accompagnait ces rites de gestes et de chants magiques. Chaque jour, quand tous les rites étaient accomplis, on défaisait les peintures de sable et on répandait le sable coloré sur le malade. A la fin du neuvième jour, environ deux mille Navajos - hommes, femmes et enfants - se joignirent à la famille pour chanter la dernière partie du Chant de la Montagne et la cérémonie se termina par une danse religieuse débordante de joie. Le malade se sentit alors guéri. Une enquête entreprise deux ans après établit que le traitement avait parfaitement réussi et qu'il n'y avait pas eu de rechute.