L'agriculture biologique en harmonie avec la nature
Introduction
À peu près tout le monde en a entendu parler et fort probablement, chacun a sa propre position sur le sujet. Cette position est campée en fonction de mille et une perceptions plus ou moins positives ou négatives selon le vécu, la connaissance et, de plus en plus, l’état de santé des individus. Aussi, les cas d’empoisonnement aux pesticides ou l’histoire de la vache folle en font réfléchir plus d’un, plus d’une.
Pour beaucoup, l’agriculture biologique se résume à deux caractéristiques: pas d’engrais chimiques et pas de pesticides. Ce n’est pas faux, mais une telle définition induit totalement en erreur. Tant qu’à définir par la négative, on pourrait reprendre la phrase précédente en mentionnant qu’en agriculture biologique, il n’y a pas d’empoisonnement aux pesticides, pas de maladie de la vache folle, et pas la majorité de tous les maux provoqués par l’agriculture conventionnelle d’aujourd’hui.
Cette façon de définir l’agriculture biologique, vous en conviendrez avec moi, n’est pas convenable. C’est tellement plus agréable de définir les choses par la méthode positive. Prenons donc seulement quelques éléments qui découlent du mode de penser de cette méthode d’agriculture à vision globale.
Deux points majeurs
D’abord, au niveau d’une région, il faut tendre à maintenir un équilibre entre les superficies en culture et le cheptel d’élevage. Par cet équilibre, on évite complètement tous les problèmes occasionnés par les surplus de fumier d’une région et les manques de fumier d’une autre.
Ensuite, vient la nécessité d’assurer un équilibre entre les superficies en culture et les superficies boisées. L’équilibre signifiant ici une juste répartition de forêt et de brise-vent sur l’ensemble d’un territoire donné. Ainsi, il y a moins de tempête de vent qui transportent avec elles la matière organique, donc moins de perte de sol, etc. De plus, la forêt «retient» la nappe phréatique à un niveau plus élevé. Des sols sableux sont plus sensibles à la sécheresse si la forêt est absente ou très éloignée. Une région équilibrée sous cet aspect atteindra beaucoup plus facilement l’équilibre entre les prédateurs des cultures et leurs propres prédateurs et favorisera aussi les microclimats, une meilleure couverture de neige en hiver, etc.
Le sol, un organisme vivant
Un grand concept doit être respecté: le sol est un organisme vivant et non pas un réservoir de minéraux morts qu’on peut simplement remplir chimiquement quand ces derniers manquent à l’appel. Un sol «vivant» fabrique lui-même la nourriture pour les plantes par la décomposition des matières organiques et la dégradation de la roche-mère. Par contre, un sol restera vivant, à long terme, à condition que l’on n’empoisonne pas ses propres organismes comme les champignons, bactéries, vers de terre, etc., par toute sorte de produits agrochimiques.
En favorisant la santé et le bien-être de ses milliards de travailleurs, que ne demandent comme salaire que de l’air et de la matière organique, le sol sera sain, équilibré dans ses éléments et productif. Le plus important pour un sol ce n’est pas tant le réservoir de minéraux qu’il représente, mais bien la vie qui s’y manifeste.
Penser à long terme... plutôt qu’à l’instantané
Permettez-moi de vous faire penser à quelques éléments: la nutrition des plantes via un sol vivant, la prévention des carences, la prévention des maladies, le contrôle des prédateurs, les pertes de sol, etc. Toutes ces activités se gèrent habituellement très bien; il faut cependant accepter qu’en agriculture, on travaille avec du matériel vivant et que tout cela fait partie de cycles qu’on doit comprendre. Il faut accepter aussi de prendre le temps nécessaire pour chacune d’entre elles.
Lorsque nous ne respectons pas ce simple principe de la nature, nous sommes poussés à gérer en catastrophe; par exemple, d’aucuns se disent «vite, il faut arroser». Et ce qui n’est pas un moindre mal, nous sommes à la merci de la pharmacopée chimique, soumis à sa disponibilité, à son prix et à ses conséquences, qui sont toujours négatives pour la ressource sol et eau et bien souvent aussi pour la santé même de ceux qui appliquent les pesticides.
La diversité
L’équilibre de la nature est maintenu par sa diversité. Là aussi, nous devons observer la nature afin d’en retirer les leçons qui sont applicables à l’agriculture. Que dire des rotations de culture? Chaque plante soutire des éléments différents et en quantités différentes du sol. La diversité des plantes et leur rotation sur la ferme permettent de contrôler les prédateurs et/ou maladies. Il serait d’ailleurs plus juste de dire que cela en prévient l’apparition. La diversité, c’est aussi la complémentarité des différences.
Chaque action de non-diversité sur une ferme mène inévitablement à des problèmes. Des exemples de cela? Pensons à la monoculture, à l’application d’une même recette d’engrais, à la consommation des mêmes aliments chez les animaux. Ce dernier exemple s’applique d’ailleurs aussi chez les humains.
Travailler avec la nature
Il faut travailler avec la nature et non lutter contre, car chaque évènement sur la ferme est un message. En agriculture biologique, on cherche à comprendre l’évènement, à le décoder. Une maladie qui se répète, la manifestation d’une carence particulière dans une culture ou l’envahissement d’un type de mauvaises herbes, voilà autant de situations qui nécessitent observation et solution.
En agriculture conventionnelle, on se dépêche de supprimer le problème (on pense l’avoir supprimé), la plupart du temps en tuant l’attaquant; qu’il s’agisse de champignons, de virus, de bactéries, d’insectes ou de mauvaises herbes, on ne réalise pas qu’à chaque fois, on tue un peu plus la vie du sol. Au cas où vous ne le sauriez pas, nous n’avons fait disparaître aucun de ces organismes: nous les avons simplement rendus super-résistants à de multiples produits chimiques. Et ce qui est souvent oublié, c’est que d’autres organismes vivants, qui n’étaient pas visés, ont disparu. Tuer l’attaquant est une action à bien courte vue; cela ne règle pas mais crée un problème à plus long terme et n’est donc pas une action qui permet de travailler avec la nature.
Ses origines
L’agriculture biologique a pris naissance dans les années 30, en Europe, après qu’on y eut constaté les méfaits générés par les produits chimiques dans la pratique de l’agriculture intensive. L’agriculture biologique n’est donc pas une mode mais une orientation différente d’une minorité grandissante d’agriculteurs et d’agricultrices répartis dans tous les pays du monde.
Elle est là, non seulement pour rester, mais elle se développe au fur et à mesure des prises de conscience de la collectivité.
Pour pratiquer cette forme d’agriculture selon les règles d’art, il est primordial de connaître et comprendre réellement le dynamisme d’un sol vivant. L’application de recettes, sans savoir, n’a pas sa place ici. Personnellement, j’ai la conviction que la nature a ses propres lois et qu’on a tout intérêt à travailler avec.
Les aliments biologiques, un choix logique
Voilà le titre du dépliant # 00-0001 conçu par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, (Gouvernement du Québec) et disponible dans tous les centres de service du MAPAQ et les magasins d’aliments naturels. Un encart est inséré dans ce dépliant et contient la mise à jour des principales organisations québécoises du milieu de l’agriculture biologique, ainsi que les coordonnées des organismes de certification biologiques accrédités par le Conseil d’accréditation du Québec, en vertu de la Loi sur les appellations réservées (A-20.02).