Laënnec René-Théophile-Hyacinthe

1781-1826
Notice tirée d'un célèbre dictionnaire médical français de la fin du XIXe siècle

Le plus grand observateur des temps modernes. Il naquit à Quimper en Bretagne le 17 février 1781, commença ses études médicales à Nantes sous la direction de son oncle, médecin en chef des hôpitaux de cette ville, et vint les continuer à Paris, à partir de 1799, et avec un succès tel qu’en 1801 il remportait, au concours, les deux prix de médecine et de chirurgie. Obéissant dès lors aux tendances de l’époque et à l’impulsion donnée par Bichat, il se livra surtout à l’étude de l’anatomie pathologique, sans négliger pour cela les recherches de pure érudition comme le prouve sa dissertation inaugurale sur la doctrine d’Hippocrate (1804). Vers le même temps, il s’éleva entre Dupuytren et lui une contestation de priorité relativement à la classification des lésions matérielles dont l’étude constitue l’anatomie pathologique, et surtout à la distinction des altérations de texture en analogues aux tissus normaux de l’économie (productions séreuses, muqueuses, osseuses, etc., accidentelles), et sans analogie avec ces mêmes tissus (squirrhe, encéphaloïde, mélanose, tubercule, etc.). Ces deux esprits éminents se rencontrèrent-ils en effet dans l’idée de cette division? L’examen des réclamations échangées semble, cependant, donner gain de cause à Laennec. Du reste, suivant désormais deux carrières différentes, le souvenir de ce débat ne tarda pas à s’effacer complètement. Laennec continua à s’occuper avec ardeur de l’anatomie pathologique et d’enrichir la science par ses découvertes sur les vers vésiculaires et certains produits anormaux dont il fit connaître la structure mieux qu’on ne l’avait fait avant lui, surtout le squirrhe, le tissu cérébriforme ou encéphaloïde, la mélanose, le tubercule, etc. C’est ce que l’on peut voir dans l’excellent article Anatomie pathologique dont il enrichit le deuxième volume du Dictionnaire des sciences médicales (1812). Nommé en 1812 médecin de l’hôpital Beaujon, il passa bientôt à Necker où il faisait des leçons cliniques. C’est là qu’il fit et poursuivit dans tous ses détails, dans toutes ses applications, cette admirable découverte de l’auscultation, qu’il porta du premier jet à un point tel de perfection, qu’aujourd’hui, après cinquante années d’épreuves, l’ouvrage qui la promulgua est encore debout, et qu’à part certaines particularités relatives surtout aux maladies du cœur, il peut être regardé comme représentant l’état de la science. En 1822, Laennec, dont le nom avait si rapidement grandi, remplaça Hallé dans la chaire de médecine au Collège de France; puis, l’année suivante, après le coup d’État qui amena le renversement et la réorganisation de la Faculté, il y entra comme professeur de clinique interne. L’éclat de son enseignement, l’importance de ses travaux et de ses découvertes purent seuls lui faire pardonner d’avoir reçu par la faveur une position dont il était d’ailleurs si digne, et que, dans les tristes circonstances où l’on se trouvait alors, il dut peut-être autant à ses opinions religieuses qu’à son incontestable supériorité. Mais, malheureusement pour la science, il n’avait pas longtemps à jouir de cette position, et le 13 août 1826 il succombait à Kerlouanec, près de Douarnenez, aux progrès d’une phtisie pulmonaire pour laquelle il était allé chercher du soulagement dans l’air natal.

Laennec avait été un des membres les plus actifs de la Société de la faculté de médecine; il était également membre de l’Académie depuis sa fondation.

source : E. Beaugrand, article Laennec, dans : Amédée Dechambre (dir.), Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Deuxième série. Tome premier, Lab-Lar. Paris, P. Asselin, G. Masson, 1872, p. 120-121.

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