« On prend, de nos jours, un risque considérable à se présenter comme l'adversaire d'une réforme quelle qu'elle soit. Dans le monde affairé et fébrile du mouvement pour le mouvement, réforme est le mot le plus convoité du vocabulaire politique. Le concept d'action est tout entier occupé par la réforme, comme si, pour préserver, il suffisait de laisser faire, comme si sauvegarder une institution, un paysage, un principe ou une relation avec les morts, ce n'était pas agir. On a toujours raison de réformer, dit -- aussi vigilante à l'égard des contrevenants qu'indifférente au contenu du changement proposé -- la sagesse des nations, c'est-à-dire des journaux, droite et gauche confondues. Et tout le reste, ajoutent-ils, n'est qu'immobilisme, corporatisme, conservatisme et ringardise. »
Alain Finkielkraut, « La révolution cuculturelle à l’école », Le Monde, 19 mai 2000, p. 1