Bibliographie musicale de Boèce

Jean-Marc Warszawski
Son traité de musique introduit l'essentiel des sujets «raisonnables» qui voyagent au gré des traités jusqu'au XVIIe siècle: la musique touche à la morale, elle a des effets sur les âmes et les corps (ethos); la nature du son comme impulsion et percussion de l'air; les consonances et dissonances; bien entendu, le calcul des intervalles dont on attribue la découverte à Pythagore; les différentes musiques (cosmique, humaine, instrumentale); les genres (modes).
Boèce Anicius Mantius Severinus
480 - 524, Rome
De Institutione Musica


Manuscrits

IXe siècle

Ms. Lat. 7200, Paris, Bibliothèque Nationale de France, origine de Fleury-sur-Loire, daté du IXe siècle, f° 1-93.

Ms. Lat. 13955, Paris, Bibliothèque Nationale de France, originaire de Corbie, daté du IXe, Xe et XIe, f° 60-105v.

Ms. 14523, München, Bayerische Staatsbibliothek, originaire de Freising, daté de 854-875 (f° 49-117), du Xe siècle (f°1-48), du XIe siècle (f° 118-133), de 1279 (f° 134-159), f° 52v-117.


Xe siècle

Ms. Cpv 55, Wien, Nationalbibliothek, daté du Xe siècle.

Ms. 531, Brugge, Stadsbibliotheek, daté du Xe ou du XIe siècle, f° 1-51 (f° 18, Gloses de Gerbert, Scholium ad Boethii Musicae Institutionis).

Ms. Class. 9, Bamberg, Staatsbibliothek, origine allemande, daté du Xe siècle, f° 49-150.

Ms. Varia 1, Bamberg, Staatsbibliothek, origine allemande, daté du Xe siècle, f° 41v-42v.

Ms. W 331, Köln, Stadtarchiv, origine colognoise, daté des Xe-XIe siècles, f° 1v-89.

Ms. Lat. 7297, Paris, Bibliothèque Nationale de France, originaire de Fleury-sur-Loire, daté du Xe siècle, f° 55-92.

Ms. Lat. 8663, Paris, Bibliothèque Nationale de France, originaire de Fleury-sur-Loire, daté du X-XIe siècle, f° 51v-57.

Ms. Lat 10275, Paris, Bibliothèque Nationale de France, daté du X-XIe siècle, f° 1v-77.

Ms. Nouv. Acq. Lat. 1618, Paris, Bibliothèque Nationale de France, origine française, daté des X-XIe siècles, f° 1-69.

Ms. 260, Cambridge, Corpus Christi College. Provenant de la Christ Church de Canterbury (GB). Seconde moitié du Xe siècle. f° 1-2v.

Ms. Harley 3595, London, British Library, origine allemande, provenant de diverses collections, daté du Xe siècle, f° 50-56v.

Ms. Reg. Lat. 1283, Roma, Biblioteca Vaticana, daté du X-XIe siècle, f° 111r.


XIe siècle

Ms. 10114/6, Bruxelles, Bibliothèque royale, origine liégeoise, daté du XIe siècle, f° 2v-75.

Ms. 1988, Darmstadt Hessische Landes-und Hochschulbibliothek, daté de la fin XIe (extraits) f° 169v-170v.

Ms. 504, Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, origine allemande (Bamberg, Michelsberg), daté des XIe et XIIe siècles, f° 32rv.

Ms. 14272, München, Bayerische Staatsbibliothek, origine allemande, originaire de St-Emmeram de Regensburg et de Chartres, daté du XIe siècle, f° 1v-62 (Glosé par Bernard de Chartres).

Ms. 18478, München, Bayerische Staatsbibliothek, originaire de Tegernsee, daté de 1050-1075, f° 61-115.

Ms. Gud. Lat. 2° (cat 4376), Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek, originaire de St.-Ulrich et Afra d’Augsburg, daté du début XIe siècle, f° 1-50

Ms. Arundel 77, London, British Library, origine allemande, daté de la fin du XIe siècle, f° 6v-62.

Ms. Lat. 7202, Paris, Bibliotèque National de France, origine italienne ou française, daté du XIe siècle, f° 1-50r. Avec tonaire interpolé, f° 24-36.

Ms. Latin 7361, Paris, Bibliothèque Nationale de France, daté du XI-XIIe siècle f° 57-103.

Ms. Pal. Lat. 1342, Roma, Biblioteca Vaticana, daté du XIe siècle, f° 1r.

Ms. Reg. Lat. 1638, Roma, Biblioteca Vaticana, origine française, daté du XI-XIIe siècle, f° 1r.


XIIe siècle

Ms. Clm 13021, München, Bayerische Staatsbibliothek, originaire de St.-Georg de Prüfering, daté des XIIe et XIIIe siècles, f° 97-150.

Ms. 2, Alençon, Bibliothèque municipale, daté au plus tard des environs de 1113.

Ms. 237, Avranches, Bibliothèque municipale, daté du XIIe siècle, f° 1-76.

Ms. 172, Cambrai, Bibliothèque minicipale, origine française, daté du XIIe siècle, f° 16vab.

Ms. Lat. 2627, Paris, Bibliothèque Nationale de France, origine française (Normandie), daté du XIIe siècle, f° 84r.

Ms. Lat. 5577, Paris, Bibliothèque Nationale de France, origine espagnole, daté du XIIe siècle (Xe pour le f° 3).

Ms. 7203, Paris, Bibliothèque National de France, originaire de fleury-sur-Loire, daté de la première moitié du XIIe siècle, f° 8-104 (f° 6-7v, Boethius vir eruditissimus...).

Ms. Lat. 16201, Paris, Bibliothèque nationale de Paris, origine française, daté de daté de la fin du XIIe siècle, f° 83-124v.

Ms. R.15.22 (944), Cambridge, Trinity College, origine anglaise, (provenant de Christ Church, Canterbury), daté 1130-1160 ou 1175-1200 (?), f° 5-101v [Livre I, 5r-27r.; livre II, 27v-48v; livre III, 48v-65v ].

Ms. Lat. 19, Oxford, Magdalen College, daté du XIIe siècle.

Ms. VIII. D. 12, Napoli, Biblioteca nazionale, daté de la fin XIIe, f° 1r.

Ms. Ashb. 1051, Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana daté du XII-XIIIe, f° 96r.

Ms. 194, Leiden, Biblioteca Publica Lugdunensis, daté du XIIe. f° 41v-43.

Ms. f. 9 (Admont 491), Chicago, IL., The Newberry Library, origine allemande ou autrichienne, daté du XIIe siècle, f° 1-62v.

Ms. Kane 50, Philadelphia, PA, University of Pennsylvania, Charles Patterson Van Pelt Library, origine anglaise, daté du XIIe-XIIIe siècle, f° 1-50, arithmétique.


XIIIe siècle

Ms. 528, Brugge, Stadsbibliotheek, origine flamande, daté du XIIIe siècle et de la première moitié du XIVe siècle (f° 54v-59), f° 47-51.

Ms. Cpv 51, Wien, Nationalbibliothek, daté du XIIIe siècle.

Ms. Clm 13021, Bayerische Staatsbibl. München. Début XIIIe f° 97-150.

Ms. Cpv 2269, Wien, Nationalbibliothek, daté du XIIIe siècle.

Ms. 66, Erlangen, Universitätsbibliothek, XIIIe (f°1-100v), XIVe (f° 102-109) et XVe siècle (f° 110-119), f° 35-84v.

Ms. Lat. 7185, Paris, Bibliothèque Nationale de France, Plusieurs origines françaises, daté du XIe siècle, f° 125-177 (XIIIe s.).

Ms. 3, Saumur, Bibliothèque municipale, peut-être originaire de Fleury-sur-Loire, daté du XIIIe siècle, f° 1-3 & 60, arithmétique; f° 4-58, musica; f° 59-65, Boetius erudissimus…

Ms. Lat. 10275, Paris, Bibliothèque Nationale de France, daté du XIII-XIVe siècle f° 1v-77v.


XIVe siècle

Ms. Lat. 18514, Paris, Bibliothèque Nationale de France, origine française, daté du début XIVe siècle, f° 1-85.

Ms. Harley 957, London, British Library, origine anglaise, daté du début XIVe siècle, f° 1-2 & 32rv.

Ms. Reg. Lat. 1146, Roma, Biblioteca Vaticana, origine anglaise, daté du XIVe siècle, f° 65v.

Ms. Reg. Lat. 1315, Roma, Biblioteca Vaticana, daté du XIVe siècle, f° 1r.


XVe siècle

Ms. 10162/6, Bruxelles, Bibliothèque royale, daté du XVe siècle.

Ms. S. XXVI, Cesena, Biblioteca Malatestiana, daté du XVe siècle, f° 61v.

Ms. II. I. 406. Firenze, Biblioteca nazionale. XVe f° 6r.

Ms. L. V. 30 Siena, Biblioteca comunale, daté de la fin du XVe siècle, f° 144r.

Ms. G. IV. 31, Turino, Biblioteca nazionale, f° 41r.

Ms. 98 th. 4°, Regensburg, Bischöfliche Zentralbibliothek, Proskesche-Musikbibliothek, origine allemande, daté de 1457-1476, f° 364-368 & 382-385.

Ms. Clm 6006, München, Bayerische Staatsbibliothek, origine allemande, daté daté fin XVe siècle, f° 167-170 (extraits).

Ms. Add. 22315, London, British Library, Manuscrit d’origine italienne copié par Nicola Burzio, daté d’après 1473. (Musica, extraits), f° 65v

Ms. Oxford, Bodleian Library, Canonici Class. Lat. 273 (S.C. 19518), origine italienne, daté des environs de 1400.

Réserves 386, Z 461, Paris Bibliothèque Nationale de Frace, daté du XVe siècle.

Ms. Typ. 10, Cambrige, MA, Harvard Univeristy, The Houghton Library, origine italienne, daté du XVe siècle, f° 1-61.


XVIe siècle

Ms. 4° Cod. Ms. 743, München, Universitätsbibliothek, origine autrichienne supposée, daté de 1500, f° 99-102v & 126.


Premières éditions imprimés

Arithmetica Boetii
Augsburg, Erhard Ratdolt 1488 (44 ex.).

Boetii Opera (De Musica)
Venezia, J. de Forlivo et Gregorium Fratres. Venise 1491-1492 (99 ex.).Vol. I, p. 174-205: De Musica. Rééd. 1497-1499 (31 éd. conservées).

Basel, H. Petrum 1546. Préface de Glaréan (Copie pour l’édition: Bibliothèque Nationale) (18 ex.) p. 1063-1162: De musica. Rééd., Basel, H. Petri 1570 (31 ex.) p. 1371-1481: De musica.


Éditions modernes

De musica
Migne Jean-Pierre. Patrologia cursus completus, series latina. Garnier, Paris, 1844-1904 (63 et 64) De musica, (63). Livre I, p. 1167-1196; livre II, p. 1195-1224; livre III, p. 1225- 1246.

Friedlein Godofredus. Boethii De institutione musica libri quinque. B. G. Teubner, Leipzig, 1867, p. 177 et suivantes.

Traduction anglaise (Fundamentals of music), introduction et notes par Calvin M. Bower. Édité par Claude V. Palisca, Music theory translation series, New Haven, Yale University Press, 1989.

Thesaurus Musicarum Latinarum. School of Music, Indiana. University. Internet: www.music.indiana.edu [mai 1999] (versions Migne, Friedlein, et ms. 15. 22. Trinity College, Cambridge).

Aristotelis «De interpretatione»
C. Meiser, Teubner, Leipzig, 1877-1880.

Boetii de institutione arithmetica
de institutione musica.: Godofredus Friedlein. B. G. Teubner, Leipzig, 1867. Livre I, p. 177-225; livre II, p. 225-267; livre III, p. 268-300.

De differentiis topicis
Stump, Cornell Univ.. Press, Ithaca (N.Y.), 1978.

De hypotheticis syllogismis
L. Obertello, Paideia Editrice, Brescia, 1969.

Opuscula sacra
F. Stewart & E. K. Rand. Loeb Class. Libr., Londres, 1918.

Philosophiae consolatio
Bieler, in Corpus Christianorum, t. XCIV, 1958 (Traduction, Consolation de la philosophie, Rivages, Paris, 1989).

Porphyre, Isagogen
S. Brandt. dans Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum, t. XLVIII, Vienne, 1906.

Note sur les éditions
Dès la fin du XVe., l’édition concernant Boèce est extrêmement abondante. La Bibliothèque Nationale de France conserve: 46 éd. de 1476 à 1499, 59 éd. de 1500 à 1549, 13 éd. de 1550 à 1599, 18 éd. de 1600 à 1649, 9 éd. de 1650 à 1699, 4 éd. de 1700 à 1750.


Bibliographie

Études musicales

Bower Calvin M. Die Wechselwirkung von philosophia mathematica und musica in der karolingischen Rezeption der Institutio musica von Boethius. Dans F.Hentschel (editeur), Musik - und der Geschichte der Philosophie und Naturwissenschaft im Mittelalter. Studien und Texte zur Geistesgeschiche des Mittelatlers (62), Leiden 1998, p. 163-183.

Bragard. L’harmonie des sphères selon Boèce.

Champigneulle Bernard. Histoire de la musique. Collection Que sais-je? (40) PUF, Paris 1964. p. 9.

Gérold Théodore. Histoire de la musique des origines à la fin du XIVe siècle. H. Laurens Paris 1936. p. 45, 129, 166, 205, 222-226, 258.

Henri Potiron. Boèce théoricien de la musique grecque. Bloud et Gay Paris 1961.

Hochadel Matthias. Zur Rezeption der Institutio musica von Boethius an der spätmittelalterlichen Universität. Dans F.Hentschel (éditeur), «Musik - und die Geschichte der Philosophie und Naturwissenschaft im Mittelalter. Studien und Texte zur Geistesgeschichtedes Mitterlalters» (62), Leiden. 1998, p. 187-206.

Machabey Armand. La notation musicale. Collection Que sais-je? (514) PUF, Paris 1971. p. 18, 20, 29, 48, 49, 54.

Nishimagi Shin. L'influence de Boèce sur le «De musica » d’Hucbald de Saint-Amand. Bigaku (47), 1996, p. 48-58.

Wangermée Robert. La musique flamande dans la société des XVe et XVIe siècles. Édition Arcade Bruxelles 1965. p. 19-22, 27, 31, 47, 68, 89.


Études philosophiques et littéraires

Bieler E. Consolatio philosophiae, Turnhout Belgium, 1957

Bonnaud. L’éducation scientifique de Boèce. «Speculum» (4), 1929. p. 198-206.

Bruyn E. de. Études d’esthétique médiévale de Boèce à J. Scot d’Erigène. Brugge 1946.

Chadwick Henry. Boethius: The Consolations of Music, Logic, Theology, and Philosophy. Oxford: Clarendon Press, 1981.

Collectif, sous la direction de L. Obertello. Atti del Congresso Internazionale di studi boeziani (Pavie, 5-8 oct. 1980), Herder, Rome, 1981

Collectif, sous la direction de M. Gibson. Boethius, His Life, Thought and Influence, Blackwell, Oxford, 1981.

Courcelle P. Boèce et l’école d’Alexandrie. «Mélanges d’histoire et d’archéologie». École Française de Rome 52è. année 1935. p. 185.

Courcelle P. Étude critique sur les commentaires du De consolatione de Boèce. «Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Âge», 1939.

Courcelle P. La Consolation de Philosophie dans la tradition littéraire. Antécédents et postérité de Boèce. «Études augustiniennes», Paris, 1967.

Gruber. Kommentar zu Boethius De Consolatione Philosophiae. De Gruyter, Berlin, 197.

Hadot. Forma essendi, dans «Les Études classiques» (XXXVIII), 1970, p. 225-239.

Hadot. Un fragment du commentaire perdu de Boèce sur les Catégories d’Aristote dans le Codex Bernensis 363. Dans «Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge» (XXVI), 1959, p. 11-27.

Obertello. Severino Boezio, Accademia Ligure di Scienze e Lettere, Gênes, 1974 (2 vol., bibliographie).

Russell B. History of Western Philosophy. London, 1961, p. 366-370.

Note Biographique

Homme d’état, philosophe, mathématicien. 485, épouse la fille du consul Symmaque (Préfet de Rome, Prince du sénat, exécuté en 525). 500, sénateur et patrice. 510, nommé consul. Ministre de Théodoric, roi des Ostrogoth à Rome. 522, maître des offices. Ses deux fils, encore adolescents sont nommés consuls. 523, exil. (Jean Ier Pape. Le traité de l’incarnation lui est dédié). 524, Boèce est exécuté sur l’ordre de Théodoric.

Sur le contenu de l’œuvre

La place de Boèce, dans l’histoire du traité de théorie musicale, comme dans celle de la pensée est importante. Elle tient à des conjonctures liées à ses choix conceptuels, à la situation politique de Rome à son époque, et à l’utilisation que les intellectuels firent du personnage plus que de l’oeuvre. En effet, l’autorité du martyr chrétien les aidèrent à avancer dans la connaissance des anciens Grecs, contre l’opposition de Rome. Boèce est un grand dignitaire Romain, ministre du roi Théodoric à Rome où Il y a alors trois pouvoirs. Celui du roi barbare Théodoric, celui de la papauté, protégé par le roi incroyant, et l’empereur de Byzance, Justin. Boèce, aristocrate romain connaît le grec. Il traduit notamment Aristote et des écrits relatifs à la théorie musicale (Ptolémée, Nicomaque). Sur le plan de la pensée politique, il suit Martianus Capella et croit que Rome décadente ne peut être relevée que par les peuples barbares. De culture païenne, il s’attache à la philosophie de la Grèce, sympathisant avec les barbares. Théodoric suivra les conseils de Boèce, en se tournant vers la Gaule barbare, et en traitant avec les fils de Clovis lors du partage du royaume Burgonde en 523. Malheureusement, ce partage se fit à son désavantage. Sans doute Boèce se fit-il quelques ennemis alors qu’il était un Maître des Offices intègre. La légende selon laquelle Boèce aurait comploté contre Théodoric avec l’empereur de Byzance, est tardive et tend à effacer la responsabilité de l’Église. Les trois pouvoirs qui se disputaient alors l’héritage de l’empire romain n’avaient rien à attendre de Boèce, ni sur le plan religieux, ni sur ceux de la philosophie et de la politique. Son Traité de la réincarnation est dédié à Jean, diacre de l’église Romaine (Pape en 523, au moment de la condamnation de Boèce et de sa réconciliation avec l’empereur de Byzance (Justin). Glaréan, dans la préface à l’éditions des oeuvres de Boèce (Bâle, 1546), met en doute l’authenticité d’une partie de ces écrits, qui sont selon lui, peu chrétiens: Boèce ne parle que de la malice du siècle, l’instabilité de la fortune, le pouvoir des méchants en ce monde. Un auteur chrétien, et sur tout celui qui a écrit les traités de l’Incarnation et de la Trinité ne pouvait manquer de nommer le Christ au moins une fois, et de chercher dans la foi la consolation. Pourtant, Boèce sera très vite considéré comme un martyr chrétien, et comme une autorité par les intellectuels. Il en est autrement de la hiérarchie religieuse. Ce n’est qu’au XIIIe. siècle que les Jésuites en feront officiellement un martyr. L’Église reste prudente. Un culte local dédié à Boèce, en Italie, ne sera reconnu (par le pape Léon XIII) qu’en 1883. Dans le fond, la pensée de Boèce était plus embarrassante pour l’église romaine que pour Théodoric. On peut penser que son destin tragique est lié aux tractations de la réconciliation de l’empereur et du pape, alors que la vitalité des peuples barbares des gaules s’affirmait. Pour le traité de théorie musicale, l’oeuvre de Boèce est en quelque sorte un modèle scolaire qui se fait sentir jusqu’au XIIIe siècle, notamment pour ce qui concerne le calcul des intervalles et du monocorde, et l’harmonie des sphères. On associe souvent Boèce et Cassiodore, comme les deux premiers grands théoriciens de la musique du Moyen Âge. Contemporains, tous deux consuls, tous deux ministres de Théodoric. Mais il convient en fait de les opposer. Cassiodore s’inscrit en plein dans la tradition romaine, et ce sont les auteurs romains, notamment Saint-Augustin, qui fondent son oeuvre. Enfin, si l’on se réfère statistiquement aux manuscrits et éditions imprimées, Cassiodore n’atteint pas la renommée de Boèce.


Plan de l’Institutione musicale

Livre I (ms. 15. 22), I. De tribus generibus musicae–II. De uocibus ac musicae elementis – III. De speciebus inaequalitatis – IIII. Quae inaequalitatis species consonantiis aptentur – V. Cur multiplicitas et superparticularitas consonantiis deputentur. – VI. Quae proportiones quibus consonantiis musicis aptentur. – VII. Quid sit sonus. quid interuallum. quid concinentia. – VIII. Non omne iudicium dandum esse sensibus. sed amplius rationi esse credendum – IX. Quemadmodum Pytagoras proportiones consonantiarum inuestigauerit – X. Quibus modis uariae a Pythagora proportiones consonantiarum perpensae sint – XI. De diuisione uocum earumque explanatione – XII. Quod infinitatem uocum humana natura finierit – XIII. Quis modus sit audiendi – XIIII. De ordine theorematum idest speculationum – XV. De consonantiis et tono et semotonio – XVI. In quibus primis numeris semitonium constet – XVII. Diatessaron a diapente tono distare – XVIII. Diapason quinque tonis et duobus semitoniis iungi – XIX. De additione cordarum earumque nominibus – XX. De additione octauae corde – XXI. De generibus cantilenae – XXII. De ordine cordarum. nominibusque earum in tribus generibus – XXIII. Quid sint inter uoces in singulis generibus proportiones – XXIIII. Quid sit sinaphe – XXV. Quid sit diezeuxis – XXVI. De differentia toni inter mesen et paramesen – XXVII. Quibus nominibus neruos appellauerit Albinus – XXVIII. Qui nerui quibus sideribus comparentur – XXIX. Quae sit natura consonantiarum – XXX. Vbi consonantiae reperiuntur – XXXI. Quemadmodum Plato dicat fieri consonantias – XXXII. Quid contra Platonem Nicomachus sentia – XXXIII. Quae consonantia quam merito praecedat – XXXIIII. Quo sint modo accipienda quae dicta sunt – XXXV. Quid sit musicus. — Livre II (ms. 15. 22), I. Quid Phytagoras philosophiam esse constituerit – II. De differentiis quantitatis. et quae cui sit disciplinae deputata – III. De relatiuae quantitatis diffentiis – IIII. Cur multiplicitas caeteris antecellat – V. Quid sint quadrati numeri. deque his speculatio – VI. Omnem aequalitatem ex aequalitate procedere. eiusque demonstratio – VII. Regula quotlibet continuas proportiones. et supparticulares inueniniendi – VIII. De proportione numerorum qui ab aliis metiuntur – IX. Quae ex multiplicibus et superparticularibus multiplicitates fiant – X. Qui superparticulares quos multiplices effician – X. De arithmetica. geometrica. armonica medietate – XII. De continuis medietatibus et disiunctis – XIII. Cur ita appellatae sunt superius digestae medietates – XIIII. Quemadmodum ab aequalitate supradictae processerint medietates – XV. De armonica medietate. deque ea uberior speculatio – XVI. Quemadmodum inter duos terminos supradictae medietates uicissim locentur – XVII. De consonantiarum merito uel modo secundum Nicomachum – XVIII. De ordine consonantiarum sententia Eubolis et Hispasi – XIX. Sententia Nicomachi de quibus consonantiis apponantur – XX. Quid oporteat praemitti. ut diapason in multiplici genere demonstretur – XXI. Demonstratio per impossibile diapason in multiplici genere esse – XXII. Demonstratio diapente. diatessaron et tonum in superparticulari esse – XXIII. Demonstratio diapente. diatessaron in maximis superparticularibus esse – XXIIII. Diapente in sesqualtera. diatessaron in sesquitertia esse. tonum in sesquioctaua – XXV. Diapason ac diapente in tripla proportione esse. in quadrupla bis diapason – XXVI. Diatessaron ac diapason. non esse secundum Pitagoricos consonantias – XXVII. De semitonio. in quibus numeris minimis constet – XXVIII. Demonstrationes non esse CCXLIII ad CCLVI toni medietatem – XXIX. De maiore parte toni in numeris constet – XXX. Quibus proportionibus diapente ac diapason constent. et quoniam diapason VI tonis non constent. – Expliciunt capitula. Incipit liber secundus. – LIVRE III (ms.15. 22) – [I. addition marginale] ADVERSVS Aristoxenum demonstratio superparticularem proportionem diuidi in aequa non posse. atque ideo nec tonum. – [II. Manquant] – III. Aduersus Aristoxenem demonstrationes diatessaron consonantiam ex duobus tonis semitonioque non constare. nec diapason sex tonis – IIII. Diapason consonantiam sex tonis comate excedi. et quit sit minor numerus comatis – V. Quomodo Philolaus tonum diuidat – [VI. Addition marginale.] Sonum ex duobus semitoniis et comate distare – VII. Demonstratio tonum duobus semitoniis comate distare – VIII. De minoribus semitonii interuallis – IX. De toni partibus per consonantias sumendis – X. Regula semitonii sumendi – XI. Demonstratio Architae superparticularem proportionem in aequa diuidi non posse. eiusque repraehensio – XII. In qua proportione numerorum sit coma. et quoniam in ea quae maior est quam LXXV ad LXXIIII. minor quam LXXIIII ad LXXIII – XIII. Quod semitonium minus maius quidem sit. quam XX ad XIX. minus uero quam XIX minus quam decem et nouem semis. ad decem et octo semis – XIIII. Semitonium minus maius quidem esse tribus comatibus. minus uero quattuor. XV – Apotomen maiorem esse quam quattuor comata. minorem quam quinque tonum esse maiorem quam octo, minorem quam nouem – XVI. Superius dictorum per numeros demonstratio. – Livre IV (ms. 15. 22) – I. VOCVM differentias in quantitate consistere – II. Diuersae de interuallis speculationes – III. Musicarum per grecas ac latinas litteras notarum nuncupatio – IIII. Musicarum notarum per uoces conueniens dispositio in tribus generibus – V. Monochordi regularis partitio in genere diatonico – VI. Monochordi netarum hyperboleon per tria <spatium 7 litt.> genera partitio – VII. Ratio superius digestae descriptionis – VIII. Monochordi netarum diezeugmenon per tria genera partitio – IX. Monochordi meson per tria genera partitio – X. Monochordi hypaton per tria genera partitio et totius dispositio descriptionis – XI. Ratio superius dispositae descriptionis – XII De stantibus uocibus ac mobilibus – XIII De consonantiarum speciebus – XIIII. Dispositio notarum per singulos modos ac uoces in descriptione – XV. Descriptio continens modos. ordinem ac differentia – XVI. Ratio superius dispositae modorum descriptionis – XVII Quemadmodum indubitanter musicae consonantiae aure diiudicari possint. – Livre V (Migne) – Caput I, De vi harmonicae et quae sint ejus instrumenta judicii et quoniam usque sensibus oporteat credi. – Chapitre II, Quid sid harmonica regula, vel quam intentionem harmonici Pythagorici vel Aristoxenus, vel Ptolemaeus – Chapitre III, In quo Aristoxenus vel Pythagorici vel Ptolemaeus gravitatem atque acumem constare posuerunt. – Chapitre IV, De sonorum differentiis Ptolemaei sententia. – Chapitre V, Quae voces enharmoniae sunt aptae. – Chapitre VI, Quem numerum proportionum Pythagorici statuunt. – Chapitre VII, Quod reprehendat Ptolemaeus Pythagoricos in numero propositionum. – Chapitre VIII, Demonstratio secundum Ptolemaeum diapason et diatessaron consonantiae. – Chapitre IX, Quae sit proprietas diapason consonantiae. – Chapitre X, Quibus modis Ptolemaeus consonantias statuat. – Chapitre XI, Quae sint aequisonae, vel quae consonae, vel quae hemmelis. – Chapitre XII, Quemadmodum Aristoxenus intervallum consideret. – Chapitre XIII, Descriptio octochordi, qua ostenditur diapason consonantiam minorem esse sex tonis. – Chapitre XIV, Diatessaron consonantiam tetrachordo contineri. – Chapitre XV, Quomodo Aristoxenus vel tonum dividat, vel genera ejusque divisionis dispositio. – Chapitre XVI, Quomodo Archytas tetrachorda dividat eorumque descriptio. – Chapitre XVIII, Quemadmodum tetrachordum divisionem fieri dicat oportere.


Extraits (traduction Potiron)

Sur la musique: Avant tout, la musique est une science qui touche à la morale. Nous percevons les qualités du son et leurs différences, mais nous éprouvons du plaisir lorsqu’ils sont bien ordonnés, une sorte d’angoisse lorsqu’ils sont incohérents. L’âme du monde est intimement liée à la musique qui purifie ou corrompt les moeurs. Elle peut avoir une mauvaise influence sur les enfants. (Platon, la République). Elle a une influence sur les états violents, elle peut guérir les maladies graves. Les sens peuvent nous tromper. Il faut se fier à la raison. La perception doit être contrôlée par la raison. (Platon, la République VII, 530).

Le musicien: Il y a la raison qui conçoit et la main qui exécute. Il est plus important de savoir que de faire. Supériorité de l’esprit sur le corps. L’exécutant n’est qu’un serviteur. Combien plus belle est la science de la musique fondée sur la connaissance raisonnable que sur la réalisation matérielle. (Ch. 35).

Le son: C’est la consonance qui régit la conduite de la mélodie. La consonance suppose le son. Il n’y a pas de son sans impulsion ni percussion de l’air, sans mouvement qui la provoque. Le son est la percussion indivise de l’air qui parvient à nos oreilles. Les mouvements sont plus ou moins rapides, plus ou moins lents, plus ou moins fréquents, plus ou moins rares. La rapidité engendre l’aigu. La lenteur engendre le grave. Une corde tendue engendre l’aigu. Une corde détendue engendre le grave. Tendue, elle revient vite à son point de départ. Détendue, elle revient lentement à son point de départ. Mais il n’y a pas de continuité de grave à aigu. Le son est continu ou discontinu. Continu dans la conversation, la lecture, les discours, parce qu’il ne s’arrête pas à l’aigu ou au grave, parce qu’il glisse de l’un à l’autre sans qu’on puisse fixer de rapport précis. Il est discontinu dans le chant ou chaque degré est suffisamment distingué.

Consonances: Quand deux sons, l’un plus aigu, l’autre plus grave sont entendus ensemble de façon agréable à l’oreille. (I, 8) La douzième (quinte redoublée) rapport triple, 3/1 - l’octave est la plus parfaite, 2/1 - la quinzième (double octave) bis diapason, 4/1 - la quinte (diapente) sesquialtere, 3/2 - la quarte (diatessaron) sesquitierce, 4/3 - Au dessus de 4, il n’y a pas de consonance. La quarte redoublée de rapport superpartiel (8/3) n’est pas une consonance (avis contraire chez Ptolémée).

Dissonances: Son dur et désagréable, comme si chacun voulait se séparer de l’autre. Mais il faut prendre garde à sa perception et se fier à la raison et aux chiffres.

Les marteaux de Pythagore: Comme Gaudence et Nicomaque, Boèce reprend la légende relative à la découverte des consonances par Pythagore: C’est en écoutant un forgeron travailler que Pythagore s’interroge sur l’harmonie rendue par les marteaux frappant les enclumes: 2 sonnent l’octave 2 sonnent la quinte ou la quarte 1 est dissonant. Il fait peser les marteaux: Le plus lourd pèse 12 - Le plus léger pèse 6 - Le quatrième pèse 8 - Le cinquième pèse 9 - 12 et 6 sonnent l’octave - 12 et 8 ou 9 et 6 sonnent la quinte - 12 et 9 ou 8 et 6 sonnent la quarte - 9 et 8 sonnent le ton (Différence entre quinte et quarte). Ainsi se définit la proportion harmonique ou proportion dorée: 6, 8, 9, 12 ou 12, 9, 8, 6. Entré chez lui, Pythagore fixe deux cordes semblables à un clou et y attache des poids différents. Il obtient les mêmes résultats numériques que dans la forge.

Les rapports intervalliques: Il y a cinq espèces d’inégalités: 1- Par multiplicité, l’un des termes du rapport étant double triple, quadruple, 2/1, 3/1, 4/1 - 4/2, 6/2, 8/2. 2- Par superbiparticularité. Le chiffre le plus élevé de la proportion dépasse l’autre d’une unité, 3/2, 4/3, 9/8 - sesquialtere 3/2 (altere = 2) - sesquitierce 4/3 - sesquioctave 9/8 - 3- Superpartiens. un des deux termes est plus élevé que l’autre de 2 unités, 5/3, 6/4 - superbipartien: 3 unités: 7/4 - 4- Multiplicité et superparticularité. Le nombre le plus grand contient 2 fois, 3 fois le plus petit et une certaine partie de ce dernier. Double sesquialtere 5/2 = (2 + 2 + [2(1/2)] - Double sesquitierce 7/3 = (3 + 3+ [3(1/3)] - 5- multiplex superpartiens. Double superpartien 8/3 (2 x 2 + 2) - Triple superpartien 11/3 (3 x 3 + 2).

La division de la musique: Boèce divise la musique en trois espèces: 1- La musique du monde (cosmique) - 2- La voix humaine - 3- La musique instrumentale. La musique ou harmonie cosmique se manifeste dans le ciel lui même, dans l’union des quatre éléments et dans la variété des saisons. Comme Aristote et Euclide, il postule que tout ce qui est en mouvement produit un son. Comment, en effet, pourrait-il se faire que la machine si rapide du ciel puisse se mouvoir dans une course muette et silencieuse. Bien que le son ne parvienne pas à nos oreilles, il serait impossible que des corps si grands, lorsqu’ils se meuvent si rapidement ne produisent d’aucune façon des sons. (De institutione musica, I, 2) Mais, comme Nicomaque, Boèce n’explique pas pourquoi on n’entend pas ces sons. Il ne connaissait pas celle d’Aristote (De Coelo II, 9) donnant l’explication des Pythagoriciens: On discerne un son que par son opposé, le silence. Un son continu n’est pas discernable, comme le forgeron qui finit de ne plus entendre les bruits auxquels il est habitué. Pour les anciens Grecs, les astres ont chacun leur son particulier en rapport avec les cordes de la lyre: Entre les cordes, à partir de l’hypate des moyennes jusqu’à la nète, et les astres, il existe une certaine analogie d’ordre et de distinction. En effet, l’hypate des moyennes est attribuée à Saturne; la parhypate est semblable au cercle de Jupiter. On rapproche de Mars la lichanos des moyennes. Le soleil obtient la mèse. Venus parée de la trite des conjointes. Mercure régit la paranète. La nète prend exemple sur le cercle de la lune. (Institutione musica, I, 27) (Différences avec Nicomaque de Gérase).

La musique vocale, celle de la nature humaine: Chacun descendant en lui-même comprend ce qu’elle est. Qu’est-ce donc que cette union entre notre corps et la vivacité spirituelle de notre raison, sinon une parfaite adaptation de l’un à l’autre, et pour ainsi dire, un ordre entre sons graves et sons aigus ramenés à la consonance. (de institutione II).

Les genres: Il y a trois genres. Diatonique, chromatique, enharmonique. Entre les sons fixes (quarte et octave), toutes les parhypates ou trites, lichanos ou paranètes sont mobiles. Cette mobilité détermine les genres: Diatonique: ton, ton, demi ton - Chromatique: demi ton majeur, demi ton mineur, deux ton – Enharmonique: Tierce majeure, deux pycnum, demi ton.

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