Pour une agriculture paysanne
Pour prendre conscience, avec beaucoup de retard, que la
ruralité longtemps installée dans l'imaginaire des citadins
a subi de profonds bouleversements. Et surtout que les
problèmes soulevés lors de cette mutation - productivisme,
inégalités, accaparement des aides publiques par une
minorité, chute vertigineuse de l'emploi, pollution,
destruction des milieux naturels, utilisation des organismes
génétiquement modifiés, mainmise des transnationales sur le
vivant, etc. - ne concernent pas seulement les agriculteurs.
Pour couronner le tout, les militants de la Confédération
paysanne, José Bové en tête, ont réussi un extraordinaire
exercice pédagogique en reliant directement le contenu de
l'assiette et la prétention de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) à vouloir transformer le monde en
marchandise. C'est bien parce que les évolutions en cours -
obéissant à la seule logique du profit - provoqueraient une
véritable régression de la civilisation que les citoyens
sont de plus en plus sensibles à la revendication d'une
«agriculture paysanne» réconciliant qualité des produits,
préservation de l'environnement et solidarité Nord-Sud.