L'Encyclopédie sur la mort


Mort et rites funéraires chez les peuples autochtones d'Amérique

Nous avons colligé quelques notes - et indiqué leurs sources - au sujet de la mort et des rites funéraires des peuples autochtones d'Amérique. Il nous reste encore beaucoup de recherches à accomplir afin d'assurer une perception plus juste de la vision de la mort ainsi que du sens des rites funéraires et de leur diversité chez ces peuples.
Canada

Les membres de la nation naskapie sont au nombre de 850 environ. Il y a un seul village naskapi au Québec, Canada, Kawawachikamach, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Schefferville. La population parle naskapi et utilise l’anglais comme langue seconde. Chez les naskapis, l'âme est une ombre, une étincelle ou une petite flamme qui sort par la bouche.

Les rites funéraires mohawks sont assez complexes: selon leurs croyances, le voyage vers l'au-delà se déroule tant dans le monde du soleil que celui des terrains de chasse éternels. C'est pourquoi les objets utilisés pour perpétuer le voyage vers ces milieux spirituels sont fort variés, et représentent tantôt des outils pour la chasse, tantôt des offrandes au dieu du soleil et à la terre-nourricière. On peut voir sur l'illustration ci-dessous une partie du rituel funéraire mohawk: on fait brûler des essences d'animaux dans l'espoir que les liens mystiques qui les unissent aux défunts se perpétuent dans le voyage après la mort. En somme, on désire, par ces rites funéraires, que le membre de la tribu aille rejoindre ses «frères et soeurs» spirituels dans le monde éternel.

Pour les tribus indiennes d'Amérique du Nord, la voie lactée est le chemin des âmes regagnant l'eau-delà. A son extrémité se trouve le pays des morts. Chez les autochtones du nord canadien, l'ombre et l'âme qui sont distinctes l'une de l'autre se séparent du cadavre au moment de la mort. L'âme gagne le royaume du loup à l'ouest, et l'ombre demeure à proximité de la tombe. C'est l'ombre qui maintient les relations avec les vivants et c'est à elle que sont destinées les offrandes déposées sur les tombes. L'âme peut revenir et en s'unissant à l'ombre constituer un nouvel être. Les gens qui sont nés de cette façon une seconde fois rêvent parfois de leur vie antérieure. L'obsidienne (silex), anciennement lame des couteaux de sacrifice, a conservé chez les indiens d'Amérique centrale une valeurs magique bénéfique. Il conjure les maléfices et écarte les mauvais esprits. Mais les cendres des pères sont sacrées. Leurs tombes sont une terre sainte; ainsi, ces collines, ces arbres, ce coin de terre sont sacrés à nos yeux.

États-Unis

Les Navajos (ou Navahos) constituent un peuple amérindien d'Amérique du Nord de la famille linguistique athapascane et de la zone culturelle du sud-ouest. Les Navajos vivent aux États-Unis, dans des réserves du nord-est de l'Arizona et des régions contigües du Nouveau-Mexique et de l'Utah. Ils sont étroitement apparentés aux Apaches.

Lors d’un décès les Navajos pratiquent ce que l’on appelle le rite initiatique, jeûne total qui dure de trois à quatre jours durant lesquels la solitude absolue est de mise. Pendant ces jours, tous ont des visions de leur vie antérieure, présente et future. Pendant ces jours de méditation, les réserves sont fermées à tous les étrangers.

Pour les Navajos, la mort n’est pas ressentie comme une peine, bien au contraire, elle est «un moment de fête ». Dans la famille, lorsqu’un des parents vient à mourir, l’éducation des enfants est assurée non seulement par le parent restant, mais aussi par le reste de la famille, voire par le clan entier. Chez les indiens Montain Stonies, la mort se dit : « Du-wah-otch ».

L'inhumation Navajo et les rituels funéraires suivent une certaine procédure. Le Navajo croit que la personne décédée suit la route des enfers. Les dispositions funéraires sont observées fidèlement afin de s'assurer que les morts ne reviennent pas au monde des vivants.

Ainsi, quand une personne est sur le point de mourir, celle-ci est immédiatement conduite à un endroit séparé jusqu'à ce qu'elle décède. Pendant ce temps, les membres de la famille et le chaman ne sont pas autorisés à se tenir à proximité de cette personne. Tous quittent les lieux sauf deux membres de la famille les plus proches et les plus disposés à affronter les mauvais esprits.

Une fois que la personne est décédée, deux personnes, généralement des hommes, sont chargés de préparer le corps pour l'enterrement. Ces hommes ne portent pas de vêtements, mais frottent leur corps tout entier avec de la cendre car, selon la croyance chez les Navajos, les cendres protègent la population contre les mauvais esprits.

Le corps du défunt est lavé puis habillé correctement. La tombe est creusée et les funérailles ont lieu le plus tôt possible. À l'inhumation seuls quatre hommes sont présents. Tous les objets appartenant à la personne décédée sont portés à l'emplacement de la tombe par un homme, deux autres aident à transporter les objets de la tombe et le quatrième veille à ce que les autres demeurent à l'écart. Une fois que le corps est enterré, les quatre hommes essuient toutes traces et détruisent les outils utilisés pour creuser la tombe.

Pendant les rites funéraires, le peuple Navajo retient ses larmes parce que la manifestation de trop d'émotions empêche l'esprit du défunt de rejoindre les enfers.

Amérique latine

Les Tarahumara («ceux qui ont les pieds légers» vivent dans la région de la Barranca del Cobre (Ravins du Cuivre en espagnol), au nord du Mexique, dans l'État de Chihuahua. Les Huichol ou Wixáritari vivent dans la Sierra Madre occidentale au centre-ouest du Mexique, principalement dans les états de Jalisco, Nayarit, Zacatecas et Durango. Chez ces deux peuples, les rites funéraires ont gardé un aspect pré-chrétien. Les Tarahumara et les Huichol offrent au défunt trois fêtes successives, ces cérémonies formant un ensemble de mesures destinées à l’éloigner définitivement du monde des vivants. Les Tepehua (langues) s’efforcent également d’empêcher le retour du mort et les parents du défunt pratiquent des rites de purification.

Il est très fréquent, même chez les Indiens christianisés, que l’on donne au mort des objets qui doivent l’aider à voyager dans l’au-delà (Nahua de Zongolica) : une galette de maïs, un tube de roseau contenant de l’eau, du cacao, du sel. Le mort pourra manger la galette et boire l’eau ; il doit traverser une grande plaine et y rencontrer des moutons ; il leur donnera le sel ; il paiera le passage d’une rivière avec les grains de cacao.

Dans de nombreuses régions, les survivances de rites funéraires anciens sont à peu près inexistantes. Presque partout, une fête chrétienne a pris une grande importance : la fête des Morts* du 2 novembre, célébrée aussi bien par les Indiens que par les métis. Ce jour-là, les morts viennent voir les vivants ; on dépose de la nourriture au cimetière à leur intention et aussi sur les autels domestiques.

En leur honneur, et pour leur donner une impression favorable de la situation de la famille à laquelle ils ont appartenu, on porte des vêtements neufs, on nettoie les maisons. Ce moment de l’année est donc une période d’activité économique très intense, favorisée par le fait qu’elle coïncide avec la récolte du maïs.

Source: «Chroniques du 2 novembre»
http://jroch.chez.com/camilist/1102.html

Sur les rites funéraires chez les Indiens de l'Améri­que du Sud.
L. Seguin Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, 1880, vol. 3, n° 3, p. 707-710.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1880_num_3_1_3364

Contribution à l'étude des rites funéraires indiens
Guy Moréchand Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 1975, vol. 62, ° 62, p. 55-124.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1975_num_62_1_3843

Jérôme Samson, «Mon musée virtuel: totems, rites funéraires, médecine et mouvements syncrétiques»
http://cours.fss.ulaval.ca/webct/blog/ant17259z1_a/index.php?q=node/607
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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