il y avait en Espagne au XV siécle un poète très connu qui parlait de la mort, celle qui fait égales à tous. Nous nous permettons de vous laisser un de ses poèmes: DON JORGE MANRIQUE (1440-1478). Son œuvre est succincte, à peine une quarantaine de compositions dont la plus remarquable est «Stances sur la mort de son père » (Coplas sobre la muerte de su padre). Lope de Vega a dit de ce poème « qu'il mériterait d'être écrit en lettres d'or ».
Poème qui nous été transmis par les bons soins de Rosario Gonzales
Ce monde-ci n’est qu’un voyage,
Et le but du pèlerinage .
Est tout là-bas.
Qui veut bien atteindre le terme,
Doit rester de sens droit et ferme
Jusqu’au trépas.
Notre départ, c’est la naissance,
Notre chemin, c’est l’existence,
Et nous courons
Jusqu’aux confins de Ia vieillesse,
Où tout tracas enfin nous laisse
Quand nous mourons l...
Hélas ! bientôt s’en vont flétries
Toutes les choses si chéries.
De nos désirs !
Le monde trahit notre envie,
Et nous perdons avant la vie
Tous nos plaisirs...
Le roi don Juan, à cette heure,
Les infants que l’Aragon pleure,
Où donc sont-ils?
Gentils hommes de mines fières
De douces et hautes manières,
Et si subtils?
Joûtes, tournois, galanteries,
Habits smés de broderies,
Cimiers dorés.
Tout se consume et tout s’effrite ;
Et sur le sol fane moins vite ;
L’herbe des prés....
Où sont les Dames bien parées,
Aux nobles robes saturées
De douce odeur;
Leurs voix et leurs grâces si belles;
Les amants qui brûlaient pour elles .
De tant d’ardeur...
Et cet orgueilleux connétable
Qu’une faveur incomparable .
Mettait si haut,
Quoi qu’on puisse en penser ou dire,
Nous venons de le voir conduire
A l'échafaud (1)
Tous ces héros si pleins d’audace,
La mort d’un seul coup les terrasse...
(1)Alvaro de Luna décapité en 1453.
Source: gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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Statue du poète à Paredes
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