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Ségolène Royal au Québec |
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Ségolène Royal |
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Texte |
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Alors de part et d’autre de l’Atlantique, le nom d’une ville et d’un homme témoignent de notre histoire commune, puisque c’est dans la Région que je préside, à Brouage, que naquit Samuel de Champlain et la promesse d’une Amérique française ou d’une nouvelle France. Comme on voudra. C’est du Poitou, des Charentes, puis de Normandie et d’Île-de-France que par centaines, des femmes et des hommes vinrent au-devant des peuples amérindiens pour inventer le Nouveau-Monde. Et aujourd’hui encore, nous devons, face à la mondialisation qui menace, savoir si nous pouvons faire la pire ou la meilleure des choses et donc à nouveau inventer un nouveau monde.
Ainsi, sommes nous, toutes et tous, unis dans le temps, avec nos différences et nos richesses propres. C’est cette habitude du vivre-ensemble solidaire qui est pour notre avenir la plus formidable des ressources. Ce patrimoine commun est un gage de paix. Ensemble, nous en avons la charge et nous pouvons en donner l’exemple pour d’autres parties du monde.
Ensemble, l’année prochaine, nous le célébrerons le 400e, et c’est encore ensemble que nous aurons la responsabilité de l’accroître et de le transmettre. Grâce à cette ténacité, les quelques arpents de neige dont parlait Voltaire ont vu émerger une société moderne dont le dynamisme et l’ouverture sont souvent cités en exemple. Et c’est mérité. Au cours des dernières décennies, la société québécoise a opéré une transformation à la hauteur du pari audacieux qu’avaient tenu les artisans de la Révolution tranquille. C’est cela aussi qu’ensemble nous célébrerons.
[...]
Or je sais aussi que pour certaines élites, en France, promptes à épouser les conformismes dominants, la francophonie serait dépassée, hors de la modernité. Quel contresens ! Je crois, moi, à la modernité de cet espace affinitaire dessiné par le partage d’une langue et la volonté de la défendre, de la promouvoir, dans le concert du monde. Je crois même que notre commune défense de la francophonie préfigure les combats de demain pour une « mondialité » (comme le dit si bien Édouard Glissant) riche de sa diversité linguistique et culturelle, respectueuse de toutes les identités. Le français est, avec l’anglais, la seule langue parlée sur tous les continents : que de fenêtres ouvertes sur le monde ! La langue n’est pas qu’un vernis ou une marchandise, elle est ce qui porte et structure la pensée. Et au risque de vous surprendre, je vous dirais que la monoculture appauvrit la pensée comme elle appauvrit les sols. Et c’est pourquoi je crois qu’il y a un lien d’ailleurs très direct entre le combat culturel et le combat environnemental, c’est-à-dire entre la diversité culturelle et la biodiversité, toutes les deux étant en quelque sorte des sciences du vivant. Antonine Maillet raconte que, jusqu’à Rabelais, la langue française avait un lexique de 100 000 mots. Brutalement, avec Racine, on est tombé à 5 000 mots, où sont passés les autres ? Elle répond au Québec et aux Antilles. Et j’ajoute d’ailleurs en Afrique. Et Antonine Maillet a dit ceci merveilleusement, au fond ces mots qui sont partis ils sont aussi souvent revenus et ils ont enluminé la langue française
[...]
Il nous faut créer, et je souhaite, je le redis ici solennellement, que le sommet francophone d’octobre 2008 à Québec débouche sur des actions concrètes. Par exemple :
- une université francophone avec des antennes dans les grandes capitales de la francophonie, du nord au sud et d’est en ouest ;
- un Érasme francophone qui faciliterait entre nos pays la circulation des étudiants ;
- que les grandes entreprises francophones mondialisées soient sensibilisées non seulement aux enjeux, mais aux atouts compétitifs d’une francophonie assumée ;
- et enfin la définition d’un contrat politique commun, du nord au sud et d’est en ouest, pour protéger l’environnement et les cultures, c’est-à-dire l’avenir tout simplement du vivant.
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Source |
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Genre de texte |
Conférence |
Secteur |
Politique |
Discipline |
Politologie |
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