Il faut réhabiliter le jugement dans la recherche sur Internet, pour des raisons philosophiques d’abord, mais également par souci d’une véritable efficacité. Distinguons les recherches portant sur des données objectives de celles qui comportent une dimension qualitative. Pour les premières, il n’y aurait aucun inconvénient à continuer de s’en remettre aux machines. Dans le cas des secondes, les machines ont atteint leur limite. Il faut mettre leur puissance au service du jugement. De nombreux auteurs en étaient déjà convaincus au début des années 2000.
Nous avons à l’Encyclopédie de l’Agora une longue expérience en la matière et nous sommes de plus en plus convaincus, sans pouvoir le démontrer autrement que par des exemples, qu’il serait préférable de s’en remettre à l’exercice du jugement. Si les bibliothécaires sont plus que jamais nécessaires pour servir de guides aux chercheurs dans les bibliothèques, à plus forte raison le jugement de personnes éclairées est-il nécessaire pour le choix des documents sur Internet.
À l’Encyclopédie de l’Agora, la modestie de nos moyens ne nous a pas empêchés de tirer profit de notre expérience pour mettre au point une excellente méthode destinée à rendre facilement accessibles les résultats de l’exercice du jugement. Nous invitons ceux que ces questions intéressent à étudier attentivement notre dernière réalisation, l’Encyclopédie de la Francophonie.
Si vous faites une recherche Google sur Léopold Sedar Senghor, vous constaterez que c’est l’article de Wikipedia sur ce sujet qui apparaît comme premier résultat. Si vous poursuivez votre recherche, vous découvrirez bientôt, sur le site de l’Assemblée nationale française, un dossier Senghor plus riche à tous égards que celui de Wikipedia. Ce dossier n’apparaît pourtant que beaucoup plus loin sur la liste des résultats et d’une manière telle qu’il ne retient pas l’attention. Et ce n’est pas tout. Une étude comparée des deux dossiers incite à penser que l’article de Wikipedia n’est qu’un résumé, écrit mécaniquement, de celui de l’Assemblée nationale!
Voici comment nous présentons les sites biographiques que nous avons choisis :
Assemblée nationale
«Léopold Sédar Senghor: le poème d'une vie. Voici, à notre connaissance, la biographie Internet la plus complète du poète-président. Les deux carrières politiques de Senghor, en France et au Sénégal y sont particulièrement bien résumées. Le site a un air vieillot qui cadre bien avec les nombreuses illustrations en noir et blanc.»
Le site de Vernon
«Vernon est ce village de Normandie où Senghor s'est retiré. Ses concitoyens ont érigé un remarquable monument virtuel en son honneur. Les pages sur Senghor contiennent une chronologie commentée et une page remarquable sur la négritude.»
Le site de Joalfadiouth
«Le plus beau site sur Senghor est celui de son village natal, Joal-Fadiouth, situé près de la mer, à 114 km au sud de Dakar. On y entend la voix de Senghor lisant ses poèmes et des chants traditionnels dans la langue locale en plus de tout ce qu'on s'attend à trouver sur un site biographique. Faveur inestimable accordée à ceux qui veulent vraiment connaître Senghor, on a pris la liberté de reproduire sur ce site plusieurs des textes, dont un poème de Tahar Benjelloun sur l'amour, regroupés par les soins de l'Unesco dans un ouvrage intitulé Présence Senghor.»
Certes nos jugements ne sont pas toujours aussi explicites. Il nous arrive souvent de ne citer qu’un passage d’un site que nous recommandons, mais ce site, nous l’avons comparé à d’autres et le passage que nous avons choisi donne une bonne idée de la qualité du site. À noter également qu’on peut accéder aux sites en question par quatre voies différentes : le dossier Senghor, dans la catégorie Acteurs/fondateurs, la liste des sites accessibles depuis l’onglet Réseaugraphie, l’item Senghor de l’index et le moteur de recherche interne.
Nous ne pouvons pas exposer ici les autres aspects de notre méthode. Ceux que la question intéresse les découvriront par eux-mêmes avec plaisir en explorant notre Encyclopédie de la Francophonie. Et peut-être seront-ils en mesure de nous aider à améliorer l’ensemble de nos procédés. Peut-être souhaiteront-ils devenir collaborateurs de notre encyclopédie.
En choisissant la Francophonie comme sujet d’une œuvre qui, dans notre esprit, devait devenir ce que dans le jargon des médias on appelle un démo, notre intention était claire. Nous voulons convaincre tous les pays francophones du monde de s’unir pour créer une œuvre de portée universelle qui soit à la fois une source reconnue de connaissances et un outil de recherche fiable même quand la qualité et les valeurs sont en cause.
Étant donné son importance à l’intérieur de la Francophonie, la France pourrait être tentée de faire cavalier seul. Elle aurait certes de bonnes raisons d’agir ainsi, mais les raisons de s’engager dans une telle aventure avec l’ensemble de la Francophonie pèsent lourd. Par exemple, dans le classement des 500 meilleures universités de l’Université Jiao Tong de Shanghai, les institutions de langue française, au nombre de 32, représentent environ 6% du total. Elles se répartissent comme suit: France 21, Belgique 3, Suisse 4, Québec 4; la recherche francophone hors de France n’est donc plus négligeable. Pour réduire la fracture Nord-Sud à l’intérieur de la Francophonie, réduction qu’il faut réussir si l’on veut que l’ensemble de la Francophonie conserve au moins ses positions, une solidarité de plus en plus étroite entre les pays francophones n’est-elle pas souhaitable?
Notes
1- Lanoix, Jean, Internet 2025, Transcontinental, Montréal, 2003. |