Essentiel
«Mais la traduction, dont nous voulons faire un exercice fondamental de la formation de l'esprit, n'est pas seulement celle qui transpose d'une langue dans une autre une information aussi exacte que possible; ce n'est pas non plus celle qui, semblable à tant de gloses, est un pâle décalque des chefs-d'oeuvre. C'est celle dont Walter Benjamin écrit: "
Si loin d'être la stérile équation de deux langues mortes, elle seule, dans tous les genres littéraires, a pour mission de veiller sur le procès de maturation du langage originel et sur ses douleurs d'enfantement." Et (...)
George Steiner:"
Correctement interprétée, la traduction est une portion de la courbe de communication que tout acte de parole mené à bien décrit à l'intérieur d'une langue." La traduction, en effet, est cet élément essentiel de la communication qu'omettent les théories tapageuses pour lesquelles communiquer signifie accorder deux interlocuteurs dans une prétendue transparence. C'est par l'opération de traduire qu'on s'introduit dans le mécanisme de la création. Avant de transmettre le message, il faut d'abord le comprendre, et la traduction est le test de cette compréhension puisqu'elle nous replace dans la genèse de l'expression, et ainsi nous apprend à communiquer de l'intérieur même de la langue.»
Jean-Marie Domenach,
Ce qu'il faut enseigner: pour un nouvel enseignement général dans le secondaire, Paris, Éditions du Seuil, 1989, p. 108-109.
Enjeux
Traduire sans trahir, tel est l'enjeu de la traduction. Faut-il faire prévaloir la lettre sur le sens ou l'inverse? L'idéal est bien sûr de disposer des deux sortes de traduction, l'une fidèle à la lettre, l'autre plus créative. Chez Philippe Jaccottet, par exemple, «la traduction relève du mouvement même de la composition poétique puisqu'elle correspond à une forme de souplesse du poème au monde». (Louis-Philippe Ruffy, émission
Entre les lignes du 1er juillet 2003.)