République

Plutôt que de se définir par des procédures, comme la démocratie, la république suppose les idées du bien commun et d'espace public. La république est une communauté politique formée d'un groupe de personnes résolues à vivre en commun suivant des relations fondées sur la solidarité mutuelle. La république distingue la res publica, la chose publique, qui lui appartient et concerne tous les citoyens, des affaires privées, ou res privatae, de ces derniers, dans lesquelles en principe la puissance publique ne s'immisce pas.

Marc Chevrier, De la monarchie en Amérique, L'Action nationale, vol. LXXXVIII, no 5, mai 1998

Essentiel

Dans l'histoire, la notion de peuple dans les républiques a varié. Plusieurs d'entre elles, comme la république de Venise ou la république romaine en ses débuts, réservaient le pouvoir aux pères des grandes familles patriciennes ou aristocratiques. Les États-Unis se sont affirmés comme la première république moderne, consacrant tout à la fois la souveraineté du peuple, le suffrage universel (réservé au début il est vrai aux mâles blancs) et la primauté des libertés dans un grand État fédéral. Aujourd'hui, beaucoup d'États sont des républiques, comme la France, l'Allemagne, la Suisse, le Mexique, l'Italie et l'Irlande. Par contre, le Canada, la Grande-Bretagne et l'Australie sont des monarchies constitutionnelles, c'est-à-dire des monarchies qui ont progressivement adopté des procédures démocratiques pour désigner plusieurs gouvernants.

Dans les républiques modernes, le peuple est officiellement souverain; il gouverne, par lui-même ou par ses représentants. Ce qu'il décide par référendum a valeur de loi. Aux États-Unis, la souveraineté du peuple s'exprime aussi par l'élection populaire des juges et officiers de justice, par l'institution du jury populaire dans les procès civils et criminels et par la grande fréquence des élections (tous les deux ans à la Chambre des représentants). Les républiques modernes font leur unité autour de valeurs communes - les droits du citoyen, l'accès à certains biens publics de base - et célèbrent la mémoire de ceux et celles qui ont servi la collectivité. Les monarchies constitutionnelles font la leur autour d'une famille royale qui incarne les valeurs traditionnelles de la nation et, bien qu'elles reconnaissent au peuple le dernier mot sur plusieurs affaires publiques, ces monarchies ne font pas de la souveraineté du peuple un principe cardinal de gouvernement.

La république est-elle synonyme de souveraineté, au sens où nous l'entendons au Québec? Pas nécessairement. Quand nous parlons de la souveraineté du Québec, il s'agit de la souveraineté de l'État québécois qui, affranchi du lien fédéral, posséderait tous les pouvoirs reconnus à un État souverain. La république, elle, envisage la souveraineté du peuple. Si un jour le Québec devenait souverain, on peut supposer qu'il adopterait un régime républicain. Par ailleurs, il est aussi concevable en théorie que le Québec devienne une république au sein d'une fédération canadienne renouvelée (comme l'avait demandé le gouvernement Johnson en 1968). Plusieurs États fédérés, comme des länder allemands et des cantons suisses, sont des républiques. La constitution américaine garantit aux États un régime républicain de gouvernement.

Marc Chevrier, "Petit glossaire républicain", L'Agora, novembre-décembre 1997

Articles


L'idée de république au Québec: une bibliographie... embryonnaire

Marc Chevrier
Une recherche engagée qui attend de la réalité qu'elle l'aide à se poursuivre. À paraître dans Cahiers d'histoire du Québec au XXe siècle.

Marc Chevrier

Trois témoignages

Abolir la monarchie ne fait pas une république

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Par l'auteur de La République québécoise (Boréal 2012)



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