Nénuphar

Genre de fleur sauvage du Québec. Indigène. Présent dans tout l'hémisphère boréal.

Plante aquatique vivace, TIGE submergée, FEUILLES flottantes, ovales et cordées (long. 20 à 30 cm). D'autres feuilles demeurent sous l'eau; elle ont la même forme mais gardent une couleur brunâtre et une texture membraneuse. FLEURS flottantes (5 à 10 cm de diamètre), à pétales jaunes, en forme d'écailles, plus courts que les étamines. Stigmate (le sommet de l'ovaire qui se trouve au centre de la fleur) jaune ou légèrement rougâtre.

Pousse en colonie dans les eaux tranquilles. Fleurit en été.

Son rhizome, qui atteint jusqu'à 15 cm de diamètre, est apprécié par l'orignal, le castor, le porc-épic et les larves de coléoptères. Il est d'ailleurs comestible pour les humains, bien que d'un goût désagréable.

Le groupe Fleurbec1 rapporte que les amérindiens de l'est en mangeaient les graines en farine ou roties comme du maïs soufflé.

En Irlande, on s'est servi du nénuphar jaune européen (voir synthèse) pour obtenir une teinture brune.

Usage médicinal:

Les feuilles en poudre mélangées à de la graisse d'ours ont servi à soigner des infections et des morsures chez des amérindiens. On a aussi utilisé le rhizome contre les ulcères, l'hémorragie pulmonaire et comme contraceptif.

1 . Guide d'identification Fleurbec: Plantes sauvages des lacs, rivières et tourbières, Fleurbec auteur et éditeur, Saint-Augustin (porneuf), 1987, p.140

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Essentiel

Les plus beaux vers français sur le nénuphar sont de Verlaine:

«Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars, entre les roseaux,
Tristement luisaient sur les calmes eaux. (...)»

Paul Verlaine, Promenade sentimentale
poème entier

 

* * *


Impressions de voyage du frère Marie-Victorin


«Cette eau est d'une limpidité absolue. La roche qui la contient ne se désagrège pas, pour former de la boue, comme il arrive dans la plupart des lacs laurentiens, où le satin de la surface dissimule presque toujours des fanges. Ici, c'est la pureté jusque dans les profondeurs et c'est pourquoi aucun nénuphar ne vient étoiler, ces eaux cristallines et s'enrouler à la rame du passant comme pour lui dire: "Arrête-toi, nous sommes si beaux!"
(...) Pourquoi ne pas avouer tout bonnement que cette nappe limpide et nue, en me rappelant les lacs fangeux et fleuris où j'ai rêvé ailleurs, me fait songer aux bourbes morales et aux maux physiques qui, dans le monde, engendrent la divine fleur du dévouement!... Ce sont les misères et les vices qui font éclore les cornettes liliales des sœurs de charité, et, dans un autre ordre d'idées, nous aimerions moins le Christ si notre coeur, parfois, ne s'était égaré de Lui!»

frère Marie-Victorin, Croquis Laurentiens, (dans l'Encyclopédie de l'Agora)

La bourbe qui engendre la fleur, thème cher aux poètes! On le retrouve chez Rilke, avec plus subtilité, peut-être, mais toujour le nénuphar pour exemple:

(...) Par ce mouvement j'exerce mon empire
Rendant réels les rêves du soir
Car à mon corps du fond de l'eau j'attire
Les au-delà des miroirs...

R.M. Rilke, Corolle du nénuphar
poème entier

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Corolle du nénuphar

Rainer Maria Rilke

Promenade sentimentale

Paul Verlaine

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