Enjeux
« Si parmi toutes les formes de relations interpersonnelles volontaires entre des citoyens, l'État est amené à encourager et à valoriser le couple homme/femme, c'est uniquement parce qu'il est potentiellement créateur d'enfants, responsable d'offrir un premier milieu éducatif à des enfants, lequel est décisif pour le bon équilibre de l'humanité à venir. Toute préoccupation nataliste mise à part, le mariage est la manière dont l'État exprime son intérêt pour les enfants à naître. Sans enfants, la société se déséquilibre jusqu'à en mourir et la civilisation organise son absence d'avenir. Je ne vois aucune autre raison au fait que l'État facilite l'existence et la cohabitation du couple homme/femme que cette responsabilité d'assurer la durabilité de la société, d'agir pour que s'y maintienne autant que possible, et dans le respect des libertés fondamentales, l'équilibre des générations.
Cette reconnaissance symbolique et ces avantages accordés en principe au mariage ne découlent pas uniquement du fait qu'il y ait là un couple et la relation de deux personnes. Certains avantages ou droits accordés au concubinage le sont par prise en compte du même principe qui valorise le mariage. Ce n'est pas comme relation de deux personnes que le concubinage intéresse l'État au nom de la société, c'est en tant que relation entre un homme et une femme qui ont des enfants ou qui peuvent en avoir. (...) Les avantages accordés au mariage sont là pour reconnaître la charge que représentent les enfants, l'utilité d'encourager la stabilité du foyer dont les enfants ont besoin. Je ne dis pas que, du coup, le mariage crée l'obligation d'enfants; il ne contraint pas, car la liberté du citoyen demeure essentielle.
Le fait étrange est qu'au moment où, de manière parfois démagogique et discutable, cette société prétend s'occuper du droit des enfants, parallèlement, l'État travaille à abattre le fondement du droit essentiel des enfants, comme êtres dépendants, incapables de subsister et de se construire sans relations fortes à la fois masculine et féminine. Cela serait sans rapport avec le droit des enfants que de naître dans un couple stabilisé, avec une femme et un homme assumant moralement l'irréversibilité de leur parentalité maternelle et paternelle ? Je ne dis pas que cela soit toujours possible, mais que c'est la plupart du temps meilleur pour l'enfant. Je ne dis pas non plus que l'enfant privé dès le départ, à un certain moment, de ce foyer soit fatalement voué aux problèmes sans solution. J'affirme que l'État doit marquer sa préférence et qu'il ne peut pas être neutre ici. Demeurer neutre serait irresponsable. Au nom de la société, l'État se doit de dire clairement que le foyer stable d'une femme et d'un homme est meilleur pour l'enfant que tout autre situation. Bien entendu, il ne s'agit ni de contraindre quiconque, ni de condamner, quand les choses se passent autrement.
Cette compréhension de l'intérêt des enfants entraîne une grave obligation pour l'État: celle de reconnaître l'éminente valeur du mariage, du couple hétérosexuel stable et durable. Remettre en cause cette légitimité supérieure, mettre le mariage sur le même plan que n'importe quelle relation de couple, si digne soit-elle, c'est pour l'État, pour le droit, une grave défaillance; c'est organiser la décomposition du corps social. » (Guy Coq,
« Un P.A.C.S. antisocial »,
Le banquet, no 12, 1998)