Essentiel
Pourra-t-on, sans les dénaturer, continuer à transformer les systèmes vivants par des moyens techniques? De nombreuses interventions humaines deviennent contreproductives à partir d'un certain point. C'est le cas du transport par automobile dans les grandes villes. L'intervention sur les systèmes vivants n'est-elle pas soumise à la même loi? D'où vient qu'il nous est impossible d'imposer une
limite à ces interventions? À défaut de pouvoir faire reposer le sens de la limite sur une religion, sur un mythe fondateur, quel fondement pourra-t-on lui donner?
Enjeux
«L'avenir de l'espèce ne serait plus politique ni historique, mais bio-génétique.» (
Entretien avec Jean Baudrillard)
Récoltera-t-on bientôt des céréales stérilisées, du coton précoloré et du plastique fabriqué par des plantes dans les champs? Ou les groupes et les pays qui réclament
l'interdiction des OGM (organismes modifiés génétiquement) auront-ils gain de cause? La convergence des intérêts et des opinions entre les
savants, les entreprises multinationales (Monsanto, Novartis, Aventis etc.), les gouvernements complaisants et les grands organismes internationaux, tel l'OMC, semblent devoir assurer le triomphe de la thèse selon laquelle toute innovation profitable doit être autorisée, à moins qu'on ne prouve sa nocivité hors de tout doute, suivant le principe du «si on peut, on doit». On n'échappera toutefois pas à un
débat mondial déchirant, dont le tollé relatif à l'usage que la compagnie Monsanto veut faire du gène
Terminator n'est peut-être que le premier acte. [...] Dans une
lettre ouverte au président de la Fondation Rockefeller, Gordon Conway, lettre datée du 4 octobre 1999, le président de la compagnie Monsanto, Robert B. Shapiro, annonçait que son entreprise allait mettre fin à sa production de technologies transgéniques, du genre Terminator, qui rendent les graines stériles.