Art roman

Première version 2002

En histoire de l'art, période qui s'étend de l'an mil à l'an 1200 environ.

Ces premiers temps du Bas Moyen Âge correspondent à une époque de paix et d'abondance relatives en occident. Le système féodal s'impose et les monastères sont au sommet de leur influence politique et culturelle.

Nikolaus Pevser1 distingue le premier roman,de l'an mil à la première Croisade vers 1100, et le roman classique,de 1100 au triomphe du gothique vers 1200.

1. NIKOLAUS PEVSNER, The out line of european Architecture, Penguin Books, Middlesex, England, 1943
 

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Image: Tournus


Architecture romane

«L'église romane, avec ses murs percés d'étroites fenêtres cintrées, flanquée de contreforts de peu de saillie, avec sa porte abritée habituellement sous trois arcs, et surmontée de l'ouverture circulaire, l'oculus, point de départ de la rose des cathédrales gothiques, avec son clocher qui dresse sa masse trapue, soit sur la façade, soit au centre, soit sur un des côtés, ce type d'église, en un mot, dont le principe est clairement inscrit dans la vieille basilique romaine, traduit exactement l'esprit chrétien du moyen-âge. Il est marqué d'une empreinte d'austérité un peu sombre, de foi robuste, d'idéal sobrement mais fortement exprimé.» (suite)

Sculpture romane

«Dans l'art roman, la sculpture n'est pas un accessoire superflu plus ou moins décoratif; elle fait partie intégrante de l'édifice et se trouve étroitement liée à la conception architecturale. On n'en met qu'à la place où il en faut et où elle prend la signification qu'il convient. C'est d'abord au seuil du temple, dans le tympan de la porte, comme pour préparer les fidèles au recueillement. Là elle représente la figure colossale et grave du Christ entouré des évangélistes. Puis, dans l'intérieur de l'édifice, elle anime les chapiteaux des colonnes, et, dans quelques rares bas-reliefs, placés avec une parfaite intelligence de la décoration, elle appelle la ferveur religieuse sur quelque épisode chrétien.
(...) La sculpture monumentale n'a jamais eu plus de caractère que dans cette période de l'art roman.» (suite)

Peinture romane

« les documents que l'on possède autorisent à penser que la peinture romane fut, comme la sculpture, avant tout en harmonie avec le monument qu'elle décorait. (...) Les figures sont ordinairement sans lien entre elles ; le geste est sobre, mais net; point de détails inutiles dans les draperies; absence totale de plans ; les tons sont mats, sans parti pris de lumière et d'effet, réduits à un très petit nombre.» (suite)

Source: voir le document «L'art roman en France» ci-dessous.

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Essentiel

« [L'essence de l'inspiration occitanienne] resplendit dans l'art roman. L'architecture, quoique ayant emprunté une forme à Rome, n'a aucun souci de la puissance ni de la force, mais uniquement de l'équilibre; au lieu qu'il y a quelque souillure de force et d'orgueil dans l'élan des flèches gothiques et la hauteur des voûtes ogivales. L'église romane est suspendue comme une balance autour de son point d'équilibre, un point d'équilibre qui ne repose que sur le vide et qui est sensible sans que rien en marque l'emplacement. C'est ce qu'il faut pour enclore cette croix qui fut une balance où le corps du Christ fut le contrepoids de l'univers. Les êtres sculptés ne sont jamais des personnages; ils ne semblent jamais représenter; ils ne savent pas qu'on les voit. Ils se tiennent d'une manière dictée seulement par le sentiment et par la proportion architecturale. Leur gaucherie est une nudité. Le chant grégorien monte lentement, et au moment qu'on croit qu'il va prendre de l'assurance, le mouvement montant est brisé et abaissé; le mouvement montant est continuellement soumis au mouvement descendant. La grâce est la source de tout cet art.» (texte intégral)

SIMONE WEIL, Le génie d'Oc
 

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«Femme je suis pauvrette et ancienne,
Rien ne sait; oncques lettre n'ai lue;
À l'église vois dont suis paroissienne
Paradis Saint, où sont harpes et luths,
Et un enfer où damnés sont bouillis
L'un me fait peur, l'autre joie et liesse.
La joie avoir fais-moi, haute Déesse,
À qui pécheurs doivent tous recourir,
Comblez de foi, sans feinte ni paresse.
En cette foi je veux vivre et mourir.»

(Ballade, François Villon)

 

Enjeux

Naissance et déclin de l'architecture romane

«Le mouvement extraordinaire de construction qui suivit l’an 1000 amena dans l’architecture chrétienne le plus grave changement qu’elle ait jamais subi. On n’ajouta rien d’essentiel à la vieille basilique; mais on en développa tous les éléments. A la charpente on substitua la voûte; des contre-forts sont acculés aux murs pour soutenir les poussées; les rapports de l’élévation et de l’écartement sont changés. En même temps tout prend du style, et bientôt ce style devient de l’élégance. La colonne s’applique comme décoration au lourd pilier; le chapiteau vise à copier le corinthien ou le composite, même quand il est historié. La forme de l’église est nettement déterminée: c’est une croix latine, dessinée par une nef élevée, flanquée de bas côtés. Deux tours, d’ordinaire carrées, percées de plusieurs étages de petites fenêtres en plein cintre, ornent l’entrée. Une rosace, au moins rudimentaire, complète la façade. Le chœur s’allonge un peu et parfois s’entoure de bas côtés. Les fenêtres sont étroites, et souvent divisées par le milieu. Une coupole centrale s’élève à la jonction de la nef et du transept. Un progrès non moins sensible se fait sentir dans l’exécution. On se préoccupe de la durée. A l’intérieur, on vise surtout à une grande richesse; les murs et les pavés sont revêtus d’incrustations colorées, les colonnes présentent une éclatante polychromie. Il semble qu’on veuille modeler l’église sur la Jérusalem céleste, resplendissante d’or et de pierreries.

Ainsi naquit le style dit roman, qui, au XIe siècle et dans la première moitié du XIIe, couvrit la France d’édifices pleins d’harmonie et de majesté, Saint-Étienne de Caen, Saint-Sernin de Toulouse, Notre-Dame de Poitiers, etc. Quand on étudie bien ces églises, on voit que c’est au moment de leur apparition qu’il faut placer l’acte vraiment créateur de l’architecture du moyen âge. Ce sont déjà des églises gothiques pour la forme générale, l’aménagement intérieur, le jeu des nefs et des galeries. Le principe est posé, il n’y a plus qu’à le développer. Le Midi, le Poitou, l’Auvergne, procédèrent timidement dans ce développement. La Provence et le Languedoc continuèrent à bâtir en roman jusqu’au XIVe siècle. Le nord, au contraire, ne s’arrêta pas. Soit que les églises romanes y fussent moins bien construites et qu’un grand nombre d’entre elles se fussent écroulées dans le commencement du XIIe siècle, soit que cette partie de la France obéit à des besoins d’imagination plus élevés, le mouvement architectural s’y continua sans relâche, et, cent cinquante ans après sa naissance, le style roman y subissait une profonde modification.»

ERNEST RENAN, "L'art du moyen âge" in Mélanges d'histoire et de voyage, Paris, Calmann-Levy, 1878

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