Loup

"Le loup a été jusqu'ici diffamé et discrédité. En Occident, la peur et la haine du loup se sont longtemps reflété dans des contes tels que «Le Petit Chaperon rouge» et «Le garçon qui criait: Au loup!» Dans ces récits populaires, le loup a la réputation d'être non seulement un maraudeur, mais aussi un tueur de bêtes et d'humains."

Le loup (La faune de l'arrière-pays, Service canadien de la faune, Environnement Canada)

Essentiel

Voici l'un des plus beaux hommages rendus à la bête dans le cadre d'une vision tragique du monde. Alfred de Vigny raconte l'histoire d'une chasse qui tourne court. Un groupe de chasseurs surprennent une famille de loups. Se sentant traqué, le mâle étrangle l'un des chiens de chasse et attend sa propre mort.

La mort du loup

[...] Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné de son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
- Il nous regarde encore, ensuite il se recouche
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux meurt sans jeter un cri.

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux Louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux!
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
- Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur!
Il disait: «Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche,
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler.
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler».

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